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Je sortis presque en trombe du cabanon, me dirigeant vers le pickup. J'étais rentrée en vitesse suite à ma discussion avec Caleb. Après une longue et réconfortante douche chaude, je me dirigeai vers mon dressing. Après bien vingt minutes d'hésitation et à bout de patience, je me décidai sur un pantalon en lin beige et ample et un bustier blanc. J'enfilai une paire de baskets blanches et simples après avoir mis une paire de chaussettes. Quelques secondes plus tard, je contemplai mon reflet dans le miroir de ma minuscule salle de bain. Mes cheveux châtains avaient désormais quelques reflets blonds, avec l'effet du soleil. Quelques taches de rousseur étaient apparues sur mes joues et sur mon nez. Mes yeux noisette brillaient d'une intensité que je n'avais pas vue depuis bien longtemps, trop longtemps. J'appliquai une légère couche de correcteur sur mon front et mes cernes, afin de cacher les quelques imperfections que mon visage possédait. Je saisis ensuite mon eyeliner, traçai un fin trait à ras de mes cils et appliquai ensuite un peu de mascara sur ces derniers. J'attachai mes cheveux en un chignon bas et attachai une paire de boucles d'oreilles dorées en guise d'accessoire. J'attrapai au vol une veste en jean bleue.

Je retins mon souffle lorsque j'arrivai dans la cour de Caleb.  L'immense demeure de bois et de métal se tenait devant moi. Je me sentais quelque peu nerveuse, étant donné que je n'avais aucune idée de ce que Caleb avait préparé. J'avais même trouvé cela étrange, que de me faire une « surprise ». De plus, j'étais au courant de cette surprise, ce qui ne faisait qu'augmenter mon rythme cardiaque à chacun de mes pas en direction du seuil de la maison. Je toquai trois fois. Aucune réponse. Je me souvins alors que Caleb avait cette fâcheuse tendance à ne pas fermer la porte à clé. J'actionnai alors la poignée. La grande porte s'ouvrit, pour dévoiler le couloir immaculé de l'entrée. J'avançai un peu, à pas hésitants, et me retrouvai dans le vaste salon. Il n'y avait personne.

« Caleb ?

Aucune réponse. J'attendis encore quelques instants, les bras ballants et les yeux toujours ébahis face à ce séjour magnifique.

-          Je suis là ! désolé, je ne t'ai pas entendue, j'étais dehors !

Caleb portait une chemise bleu clair, ce qui ne faisait que faire ressortir la couleur de ses yeux. Il avait également un pantalon en jean bleu marine. Il était étrangement pieds nus. Je ne pus m'empêcher de lui faire remarquer. Il rétorqua qu'il trouvait cela plus agréable que d'être en chaussures, ce qui me fit sourire. Il s'arrêta alors, me regardant. Une lueur apparut dans ces yeux et je cru distinguer ses pupilles se dilater. Mais je n'étais pas sûre.

-          Tu es... splendide, Lila.

Je replaçai une mèche rebelle qui s'était échappé de mon chignon derrière mon oreille.

-          Merci.

Il sortit de son « admiration » et s'exclama :

-          Suis-moi, tout est installé dehors ! »

Je le suivis et nous avançâmes dans l'obscurité, jusqu'à ce que nous arrivions au bout du jardin. Mes yeux sortirent de leurs orbites. J'avais devant moi un immense chêne, décoré de guirlandes illuminées. Au sol se trouvait une table basse, recouverte d'une nappe blanche. La table était dressée. Quelques assiettes, couverts, une bouteille de rosé... tout y était ! même un vase contenant un bouquet de pivoines ! De chaque côté de la table se trouvaient un pouf sur lequel s'assoir. La lumière chaude s'échappant des guirlandes au-dessus de nos têtes ajoutait une ambiance que j'adorais. Ces petites boules de lumière semblaient veiller sur nous.

« Qu'est-ce que tu en dis ? me demanda Caleb, un sourire aux lèvres.

Mes yeux devaient parler pour moi, mais je répondis tout de même.

-          C'est magnifique.

-          Assieds-toi, je t'en prie, m'intima-t-il d'un geste, me montrant les poufs sur l'herbe.

Je m'exécutai.

-          Un peu de rosé, Madame ? dit-il comme si nous étions dans un restaurant haut de gamme.

-          Volontiers ! ris-je. »

*

Je pris une nouvelle gorgée de rosé.

« Alors, pourquoi as-tu eu cette idée ? demandai-je.

-          De quelle idée parles-tu ?

-          Cette surprise.

-          Disons que... nous ne nous sommes vus qu'en faisant des excursions, ou bien avec les autres, Gaby, Sam et Ellie. Je voulais quelque-chose de plus discret, cette fois.

-          Discret ?

-          Un moment juste pour parler, apprendre à se connaître, tu vois.

J'hochai la tête. Il passa rapidement sa main dans ses cheveux détachés.

-          Bon, je suppose que ton estomac est vide ?

-          C'est le cas. Qu'est-ce qu'il y a au menu, chef ?

-          Poulet au curry et riz, tu aimes ? dis-moi si tu n'aimes pas ! je peux faire autre chose !

Je ris doucement.

-          Non, du poulet au curry et du riz me vont très bien, pas de panique.

Une vague de soulagement sembla envahir son visage. Il sortit alors, un plat d'en-dessous de la table, et souleva la cloche. Il avait déjà tout préparé en avance.

-          Wow, tu as tout prévu ! »

Il me sourit en guise de réponse.

Nous mangeâmes tout en discutant. Pas le genre de discussion vive, ni le genre de discussion platonienne. J'eu le temps de remarquer quelques doubles sens tels que : « ne me regarde pas comme ça, je vais rougir », juste pour donner un exemple parmi d'autres. Je ne savais expliquer si ces taquineries me plaisaient ou m'effrayaient, mais toujours était-il que j'aimais cette tension, cette sensation d'aller en terre inconnue avec Caleb. J'étais confuse, entre savourer ce moment comme je savourais le fond de mon verre de rosé, ou bien m'inquiéter de la suite. Caleb et moi savions très bien où nous allions. Nous étions évidemment tous les deux conscients de cette tension naissante entre nous, de cette distance physique se réduisant petit à petit. Nous n'étions pas dupes. La seule différence était que pour lui, tout allait bien. Pour moi, c'était différent. Mon passé était et serait toujours un frein. Je le savais.

« Bon, maintenant que nous avons rempli nos estomacs, il va falloir entamer un sujet sérieux.

Je fixai l'expression de Caleb et cette dernière était indéchiffrable. Une boule se forma dans mon ventre, je n'étais absolument pas rassurée.

-          Q-Quoi ? murmurai-je presque.

-          Pas de panique, Lila ! il va juste falloir que nous abordions le sujet des films et de ta culture cinématographique ! Soirée film ce soir si ça te va, bien sûr. »

Je soufflai desoulagement. Mon cœur n'en avait pas fini avec ces montagnes russes.

Dear Mister SpringOù les histoires vivent. Découvrez maintenant