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La chambre de Caleb était immense, à l'image du reste de sa demeure. Des murs gris anthracite, des meubles faits de bois, des photos encadrées représentant des bois ainsi que d'autres paysages naturels. Je remarquai une planche de surf vintage accrochée horizontalement sur le mur qui faisait face au lit king-size. Comme la chambre d'ami où j'avais dormi quelques jours plus tôt, la chambre était ouverte sur d'immenses vitres qui laissaient voir le paysage. Encore une fois, la nuit étant tombée, nous ne pouvions que voir un écran noir géant.

Caleb s'avança vers la planche de surf accrochée au mur et la décrocha pour ensuite la poser verticalement dans un coin de la chambre. Il s'absenta quelques secondes et revint avec une petite table de bois qu'il plaça devant le lit. Il sortit ensuite un petit vidéoprojecteur d'un tiroir de sa commode et l'installa sur la table basse. Il brancha son ordinateur portable au vidéoprojecteur.

« Alors, qu'est-ce que tu veux regarder, Lila ?

- Je ne sais pas trop... Qu'est-ce que tu as de disponible ?

- Tout ! vive le streaming n'est-ce pas ? ria-t-il joyeusement.

Je souris vaguement.

- Je peux ? demandai-je en désignant son ordinateur. »

Il me fit signe d'avancer. Je saisis l'appareil et fit défiler la page proposant de nombreux films de tout genres. De Ghostbusters à The Matrix, en passant par American Psycho ou encore Romeo + Juliet... Tout le monde pouvait y trouver ce qu'il souhaitait !

« Tu aimes le film Her ? demandai-je en me tournant vers mon hôte.

Ce dernier était désormais allongé sur son lit, les bras croisés derrière sa tête, affichant une mine satisfaite.

- Je ne connais pas, avoua-t-il en se redressant vers moi.

- Vraiment ?! comment ne peux-tu pas connaître ce chef d'œuvre ? m'offusquai-je.

- Qu'est-ce que ça raconte ?

- C'est l'histoire d'un gars qui achète une espèce d'oreillette équipée d'une intelligence artificielle...

On aurait dit que Caleb buvait mes paroles. Je remarquai son regard s'attardant sur mes lèvres tandis que je parlais.

- Et au fur-et-à-mesure qu'il parle avec l'intelligence artificielle, il en tombe amoureux, même si elle n'existe pas physiquement.

Caleb hocha la tête, pensif.

- La réalisation du film est superbement faite, je pense que tu aimerais ! argumentai-je.

- Va pour ce film alors ! »

*

C'était comme si nous étions dans un petit cocon. Comme si rien ne pouvait nous atteindre, nous perturber. Nous étions à la moitié du film, Caleb semblait réellement intéressé par l'histoire. Tous deux installés dans le lit, assis et le dos contre des oreillers collés au mur, nos épaules se touchaient. Enfin, pour être plus précise, ma tête était posée sur son épaule, et nos bras se touchaient. Rien de bien important d'un point de vue extérieur, mais ce contact entre nos peaux me brûlait presque. Il y avait toujours bel et bien cette tension, comme un courant électrique dès que nos peaux entraient en contact. Et pourtant, aucun de nous ne réagissait. Nous ne bougions pas, nous regardions seulement la projection du film sur le mur. Et pour une fois, mon rythme cardiaque semblait un peu plus régulier.

Quelques instants plus tard, les doigts de Caleb s'entremêlèrent aux miens, et son étreinte se resserra sur ces derniers. Je pouvais entendre sa respiration, et elle était calme. Une légère odeur de jasmin mêlée à de la menthe emplissait l'air ambiant. L'odeur de Caleb.

Dear Mister SpringOù les histoires vivent. Découvrez maintenant