Chapitre 5

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Pauline avait chaud. L'atmosphère à l'intérieur de la boîte de nuit lui paraissait suffocante. La jeune femme étouffait. Elle transpirait. Juchée sur un tabouret au bar, elle n'arrêtait pas de s'éventer. Pour se rafraîchir, elle se désaltérait. À elle seule, elle avait déjà vidé deux verres de mojitos.
Mais rien n'y faisait. Pauline crevait toujours autant de chaleur. Et elle ne comprenait pas. C'était vraiment étrange ! D'abord parce qu'il y avait la climatisation qui donnait à fond. Ensuite parce qu'elle semblait être la seule dans cette situation. Les autres clients avaient l'air de se porter à merveille. On aurait dit qu'ils n'étaient pas dans le même endroit.
Occupés à consommer leur boisson, ils remplissaient allégrement l'espace. La boîte de nuit était pleine à craquer. Il y avait du monde partout. À peine pouvait-on se déplacer. Les noceurs étaient déchaînés. L'ambiance était survoltée.
Sur la piste de danse, ils n'arrêtaient pas de s'agiter. Coralie était elle aussi de la partie. Elle dansait. Au son de la musique, la jeune fille qui l'avait traîné jusqu'à dans cette boîte réputée de zone 4 n'avait pas cessé de bouger. Le rythme dans la peau, elle se trémoussait encore et encore. Dès leur arrivée un peu plus tôt, elle avait directement foncé sur la piste de danse. Comme un poisson dans l'eau, elle s'était fondue dans la masse. Scotchée au comptoir du bar, Pauline l'avait regardé faire. Les bras croisés, elle n'avait pas bougé. Malgré les nombreuses incitations de la jeune fille, elle ne s'était pas décidée à la rejoindre. Elle ne pouvait pas suivre le mouvement. Elle se sentait trop en décalage avec toute cette agitation. Les virées en boîte de nuit, ce n'était plus de son âge.
Qu'est-ce qui lui avait pris de venir ici ? C'est sur, après le restaurant, elle aurait dû rentrer se coucher. Cela aurait mieux valu. Mais elle s'était laissée tenter. Elle n'avait pas voulu jeter l'éponge aussi facilement.
La sortie au restaurant n'avait rien donné. Pauline n'avait pas encore réussi à prendre un homme dans ses filets. Assise avec la petite Coralie devant un bon plat chaud, personne n'avait d'abord parut faire attention à elle. Rapidement, Pauline avait commencé à désespérer. Fidèle à elle-même, elle s'était mise à ronchonner. Et puis, elle avait été agréablement surprise. À Deux ou trois reprises, elle s'était faite aborder.
C'était vraiment bon signe. Coralie et elle avait été du même avis sur ce point là. Pauline surtout avait été satisfaite. Enfin, elle tenait la preuve qu'elle attendait. Toutes ces contraintes, les sacrifices et le bain de nuit en mer, ça n'avaient pas servi à rien. Le philtre de la voyante marchait.
Sceptique, Pauline en avait vraiment douté. Elle n'y croyait tellement plus qu'elle avait fait une grosse bêtise. Sans hésiter, elle avait dérogé à l'interdiction formelle de la voyante. Avant de sortir ce soir, Pauline s'en était aspergée. Cette gaffe, elle l'avait faite sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir.
Juste après avoir fini de s'habiller, son regard qui errait sur sa commode s'était posé sur la petite fiole. Haussant les épaules, Pauline avait vite fait son choix. Devant son miroir, elle s'en était mise non seulement sous les oreilles, mais également dans le coup et sous les aisselles. Elle s'en était tellement mise abondamment que dès qu'elle l'avait approché, Coralie en avait perçu l'odeur.

— Toi, on dirait bien que tu as mis du philtre ce soir ! avait-elle deviné en reniflant l'air.

Quelque peu confuse, Pauline avait nié.

— Bien-sûr que non.

— Tant mieux, avait répondu la jeune fille soulagée. Parce que dans le cas contraire tu aurais fait une énorme connerie.

— Ha bon ? avait fait Pauline légèrement inquiète. Ne me dis pas que tu n'en as jamais mis le soir toi !

— Jamais, avait tranché Coralie très sincère.

— Pas même une seule fois ?

— Pas même une seule fois, avait-elle confirmé.

De plus en plus alarmée, Pauline avait cherché à se rassurer.

— Mais il n'y a aucun mal à le faire n'est-ce pas ?

Incertaine, Coralie avait haussé les épaules.

— Peut-être, répondit-elle évasive. Qu'est-ce que j'en sais ? Il est préférable de ne pas prendre de risque inutile. Et je te recommande d'en faire pareil.

Ces conseils comme tout le reste, Pauline les avait pris à la légère. Pour s'ôter toutes inquiétudes, elle avait préféré faire l'autruche. En ce qui concernait les pouvoirs de la voyante, elle avait demeuré toujours aussi incrédule. Mais après s'être sentie autant sollicité, elle avait sérieusement commencé à changer d'avis. La tournure des évènements l'avait enchantée. Mais ensuite, elle s'était montrée moins emballée.
Ses soupirants, Pauline ne les avait pas trouvé digne de ce nom. Alors purement et simplement, elle les avait tous envoyé chier.

— À quoi est-ce que tu joues comme ça Pauline dis-moi ? avait demandé Coralie. C'est quoi ton problème ? Quelle est cette manie de repousser tous ces gars ?

— Tu as vu leurs têtes ? lui avait répondu Pauline.

Perplexe, Coralie avait paru ne pas comprendre.

— Quoi ? s'était-elle étonnée. Qu'est-ce qu'elles ont leurs têtes ?

— Elles ne me plaisent pas, avait lâché Pauline. Voilà ce qu'elles ont leurs têtes. Ils sont tous aussi moches les uns plus que les autres. Ce sont tous des gaous. Aucun d'eux n'a de style.

— Affaire de style ! n'avait pas pu s'empêcher d'ironiser Coralie. Tu es vraiment compliquée hein Pauline. Le type en chemise blanche qui t'a demandé ton numéro tout à l'heure, il n'était pas mal lui.

— Peut-être, avait reconnu Pauline. Mais il avait l'air trop vieux. Je ne veux pas me retrouver veuve aussitôt mariée.

— Tu n'es pas sérieuse ! Il n'était quand même pas si vieux.

— Quand bien même ? Moi je ne veux pas de n'importe qui dans ma vie. Sur ce point seulement, je reste catégorique. Je préfère être seule que d'être mal accompagnée.

Le regard qui en disait long, la petite Coralie l'avait scruté. Se gardant de lui dire le fond de sa pensée, elle l'avait toutefois prévenu :

— Seule ou pas, en tout cas sache que c'est la dernière fois qu'on se fait une sortie toutes les deux. Après ce soir, tu vas devoir te débrouiller sans moi.

En silence, Pauline avait accusé le coup. Elle avait été très embêté. Même si elle n'avait rien voulu laisser paraître, la trentenaire célibataire avait été refroidi par cette nouvelle. La chasse à l'homme en solo, ça ne lui disait rien de bon. Se rongeant les sangs à cette seule perspective, la proposition de Coralie de terminer la soirée en boîte de nuit lui avait paru salutaire. Cela avait été sa chance ultime. Qui sait si elle n'allait pas y faire de belles rencontres ? Optimiste, Pauline l'avait suivi. Sans perdre son objectif de vu, elle n'avait pas arrêté de détailler les hommes présents dans le night club. Malgré la chaleur qui l'accablait, elle ne se gênait pas. Effrontément, elle scrutait chacun d'eux de la tête aux pieds. Elle passait toujours la salle au peigne fin quand elle l'aperçut soudain.
John Dumelo ! L'homme de ses fantasmes !
Dans sa poitrine, le cœur de Pauline manqua un battement. Les deux mains sur la bouche, elle retint à grande peine un cri de surprise. Pauline n'en revenait pas. C'était trop beau pour être vrai. Ça ne pouvait pas être lui. C'était tout simplement impossible !
Plusieurs fois, la jeune femme cligna des yeux. Pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, elle se pinça. Mais tout était bien réel.
L'acteur ghanéen était bel et bien là, juste en face d'elle. Et il la dévorait des yeux. D'ailleurs, c'est son regard insistant qui avait inconsciemment attiré son attention. Depuis combien de temps l'observait-il ? Pauline n'en savait rien. Elle était en état de choc. Troublé, elle finit par détourner les yeux pour les reporter à nouveau sur lui. Cette fois, leurs regards se croisèrent et s'accrochèrent pour ne plus se quitter. Un moment, ils restèrent là à s'observer et puis subitement, Pauline le vit s'approcher.

Mari de nuit : un incube dans la villeWhere stories live. Discover now