Mari de nuit : un incube dans la ville

Chapitre 7

Entre les mains de ce prince charmant des temps modernes sorti de nulle part, Pauline se sentait transportée de bonheur. Le tube de la chanteuse ivoirienne Teeyah « en secret », résonnait. Dans les bras de Sidoine, Pauline se laissait guider sur l'air de zouk endiablé.
Une main posée au bas de son dos, l'autre jointe à la sienne, Sidoine l'enlaçait. Au rythme de la musique suave, il se déhanchait. Il se serrait tout contre elle. Suggestivement, il frottait son bassin au sien.
Tchiaaa ! Pauline fondait.
Elle se sentait défaillir. Elle perdait la tête. C'en était trop pour elle ! La pauvre célibataire n'avait plus été aussi proche d'un homme depuis belle lurette.
Si ce Sidoine continuait à la chauffer comme il le faisait, elle avait bien peur de finir par jouir sur place.
De plus en plus troublée, Pauline se força à reprendre ses esprits. Il lui fallait agir, faire ou dire quelque chose, n'importe quoi qui puisse la ramener sur terre.

— Quel bon danseur vous êtes ! s'exclama t-elle sans réfléchir.

Charmeur, Sidoine lui décocha un de ses fameux sourires à faire fondre la banquise.

— On me le dit souvent, lui répondit-il en continuant à se trémousser. Danser fait parti de l'une de mes passions.

— Ha bon ? Et qu'aimez-vous faire d'autre à part danser ?

— Des tas de choses, lui répondit-il avec un sourire mi-figue mi-raisin. Par exemple, j'aime conduire les belles dames comme vous à la luxure.

Pauline se raidit.

— Je vous demande pardon ? fit-elle outrée.

À la tête qu'elle faisait, Sidoine rit.

— Détendez vous. Je plaisantais.

Ouf ! Pauline soupira. Elle était soulagée. C'en était moins une. Elle avait bien cru avoir affaire à un vulgaire gigolo. Après tous ses sacrifices, cela aurait été le comble ! Pour se rassurer, elle s'enquit sans détour :

— Dites-moi Sidoine, que faites-vous dans la vie ?

Sans arrêter de bouger au son de la musique, l'homme répondit l'air vague :

— Rien de particulier.

Impatiente, Pauline le pressa.

— Comment ça rien de particulier ? demanda t-elle d'une voix où perçait la nervosité.

Avant de lui répondre, Sidoine prit son temps. Il faisait durer le suspense. Continuant à se déhancher collé-serré tout contre elle, il s'écarta. La tenant par la main, il la fit tournoyer avant de la ramener à lui.

— Je fais parti du monde de la nuit, lâcha t-il enfin.

— Mais encore ?

— J'erre d'un lieu de perdition à un autre, précisa Sidoine. Selon le contrat qui me lie à mes clients, j'agis en conséquence. Tiens, par exemple c'est grâce à moi si ce lieu est autant réputé.

Cette réponse plus qu'explicite n'alerta pas Pauline. Elle n'avait pas peur. Même un peu. Même un tout petit peu. Trop obnubilée par la volonté de lever le mystère sur son potentiel mari, elle se dépêcha de déduire :

— En résumé vous êtes une sorte de manager de nightclub ? C'est bien ce que vous voulez insinuer ?

La tête penchée sur le côté, Sidoine réfléchit à la question avant d'acquiescer.

— On peut dire ça comme ça.

La douche froide ! Brutalement, Pauline redescendait de son petit nuage. La chute était rude. La jeune femme qui ne put réprimer une moue de dépit acquiesça sobrement :