| JOUR 3 | RELAX

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Si la luminosité n'avait pas d'un coup brusque baissé dans son bureau, Neji ne se serait jamais douté que la lune était déjà de sortie dans le ciel nocturne, ni que son passage derrière un nuage se trouvait source de la soudaine obscurité qui se j...

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Si la luminosité n'avait pas d'un coup brusque baissé dans son bureau, Neji ne se serait jamais douté que la lune était déjà de sortie dans le ciel nocturne, ni que son passage derrière un nuage se trouvait source de la soudaine obscurité qui se jetait dans la pièce. Il s'autorisa un bâillement, le temps de se caler contre le mur derrière lui, et il déplia une jambe qui, dans sa position agenouillée, commençait sérieusement à s'engourdir au point où il grimaça quand son pied nu toucha le sol en jonc de mer tressé. Ses yeux fatigués parcoururent sans trop les voir tous les parchemins étalés sur son bureau, et le jeune homme se passa une main dans les cheveux, presque découragé par la quantité de travail qui lui restait encore à accomplir.

Il se leva un instant, le temps de faire deux pas pour ouvrir en grand la fenêtre donnant sur la terrasse extérieure. Il apprécia l'aspect féérique de la lumière de la lune sur la végétation, les bambous qui se découpaient dans l'obscurité, et le bassin à carpes dont l'eau scintillait paisiblement. Les bruits nocturnes de Konoha réussirent à lui redonner un peu de motivation, alors qu'il se répétait encore et encore qu'il n'était pas le seul à ainsi veiller aussi tard, et que si d'autres pouvaient le faire, alors lui aussi.

Un nouveau bâillement le secoua, apportant des larmes à ses yeux rougis par la fatigue, et lui faisant ressentir le poids de ses cernes. Neji soupira cependant, ignora le manque de sommeil comme s'il avait été en mission, et alluma d'un geste sûr une lanterne, qu'il porta jusqu'à son bureau, avant de s'y rasseoir.

Il n'était officiellement à la tête de la branche secondaire du Clan Hyuuga que depuis quelques mois, quatre tout au plus, mais le compte du nombre de nuits passées ici, à cette même place, sur cette natte, dépassait déjà de très loin le raisonnable. Cela venait du fait que les doyens de la Soke prennent un plaisir mesquin à lui compliquer la vie, mais aussi et surtout qu'il ait pris sur lui de faire le plus gros du travail d'Hanabi tant qu'elle n'était encore qu'une enfant suivant des cours à l'Académie.

Une fois son examen Chûnin passé, alors il lui donnerait sûrement plus de responsabilités, mais il ne voulait pas la surcharger de travail ni lui faire vivre l'horrible expérience d'être forcé de grandir trop vite une fois son père disparu, comme il l'avait lui-même endurée. Pour épargner la santé de sa petite-cousine, il dégradait peu à peu la sienne et en était bien conscient, seulement quel autre moyen y'avait-il de se tirer des griffes des anciens de la branche principale tout en la protégeant ? Tout génie qu'il fut, Neji n'en trouvait pas d'autre, et il avait appris ces dernières années qu'il n'avait pas été le seul à souffrir d'une cage dans son adolescence.

Celles d'Hinata et Hanabi étaient différentes, certes, mais toujours des atteintes à leur liberté. Des barreaux qui les enchaînaient à un devoir qu'elles n'avaient pas choisi, qui leur tombait dessus à cause du sang dans leurs veines, de la maison dans laquelle elles avaient vu le jour.

Si en devenant ninja, renonçant à sa position d'héritière de la Soke et épousant Naruto, l'aînée avait trouvé un chemin vers l'indépendance, la cadette malgré son fort tempérament ignorait encore trop de choses à propos de la politique au sein de son clan. Ces manigances, ces idéaux, lui avaient été cachés parce qu'elle était douée, parce qu'elle était forte, là où Hinata avait vu tous les défauts de la Soke parce que la branche principale avait voulu l'exclure.

Neji soupira, se massant les tempes, en s'encourageant mentalement. La guerre était finie mais beaucoup de choses restaient encore à changer en Konoha, le clan Hyuuga faisait partie de ces institutions à réformer, et Hanabi en était le futur. Il devait la préserver jusqu'à ce qu'elle soit assez mûre pour faire ses propres choix, prendre sa place légitime dans le siège de son père, et voir dans toute sa laideur l'histoire de son clan.

Le village allait oublier l'horreur du sang versé et des enfants envoyés à la mort, se défaire des lois dangereuses autorisés par l'urgence de la situation de conflit passée, mais pour cela ceux qui aujourd'hui dirigeaient les importantes organisation de Konoha devaient donner leurs nuits et parfois leurs larmes.

Sakura représentait les Uchiwa depuis son mariage, Shikamaru avait pris sur ses épaules Konoha tout entier au regard du reste du continent par son rôle dans l'alliance, Sasuke s'assurait que les cendres de la Guerre restaient bien éteintes, et Kakashi coordonnait tout ce beau monde tel un chef d'orchestre. Son rôle à lui, Neji Hyuuga, dans cette fragile symphonie qu'ils tentaient de créer, était de bannir les anciennes coutumes de son clan.

Il y était dévoué, mais parfois, trop de nuits sans sommeil le poussaient à ainsi demeurer aux heures les plus matinales de la journée, immobile sur son bureau, le pinceau penché au-dessus de la feuille vierge, perdu dans ses pensées.

Un léger coup contre la porte le sorti de sa torpeur fatiguée, et le panneau de bambou coulissa avant même qu'il ne donne l'autorisation d'entrer. Le pas si léger contre les joncs trahi l'identité de Tenten bien plus que ne le faisait le cliquettement des kunaïs pendus à sa ceinture. Neji releva la tête, reposant le pinceau dans l'encrier, et sourit doucement à sa femme.

A la lueur des flammes, qui dansaient et jetaient des ombres mouvantes sur la peau de la kunoichi, elle avait un air presque éthéré. Le large pantalon qu'elle portait pour dormir laissait voir l'ombre de ses jambes, et elle ne s'était pas souciée de ses cheveux qui flottaient librement sur ses épaules. La jeune femme vint s'agenouiller près de lui sans un mot, et soupira en jetant un coup d'oeil aux parchemins qu'il s'était affairé à remplir toute la soirée et la nuit durant.

- Tu ne dors pas ? demanda Neji en tournant la tête vers elle tandis qu'elle promenait ses doigts sur les caractères d'un texte de loi.

- J'avais froid, fut sa seule réponse et, il le savait, un reproche subtil de son absence.

Un sentiment de culpabilité étouffant enserra le coeur du shinobi, et il posa la main sur la sienne en une demande silencieuse d'excuse. Le sourire qu'elle lui renvoya, doux mais un peu triste, lui signifia qu'elle ne lui reprochait rien, sachant qu'il n'avait pas vraiment le choix. Ils auraient tous deux aimé passer plus de temps ensemble, mais pour le moment rien ne semblait le permettre, et ils en souffraient silencieusement. Le temps seul pourrait leur donner, avec l'amélioration que leur travail acharné ne manquerait pas d'apporter, plus d'occasions de profiter de la liberté conférée par le mariage.

Tenten cessa d'examiner son travail, jeta un coup d'oeil au dehors et à l'aube qui pointait le bout de son nez, et pressa contre sa paume, tournant vers lui deux yeux sombres bordés de cernes emplis d'inquiétude ainsi que d'une tendresse qui faillit presque faire rougir le prodige de la Bunke.

- Il n'est plus temps de travailler, viens te reposer un peu Neji. Tu es épuisé, assena t-elle d'un ton qui ne souffrait aucune  contradiction.

Le shinobi rendit les armes facilement. Elle ne l'aurait pas laissé continuer de toute manière, et il sentait bien que le manque de sommeil leur pesait à tous les deux. Il était impossible de bien travailler quand on manquait à ce point d'énergie, peut-être même aurait-il à reprendre une partie des papiers dont il s'était occupé le soir même pour cette raison.

De plus, la seule présence de la kunoichi lui avait fait prendre conscience de son état inconfortable, les épaules tendues, le dos courbaturé, et les paupières prêtes à se fermer. Tenten avait sur lui un tel effet relaxant qu'à peine allongé sur leur futon, lui qui ne fermait d'ordinaire pas un oeil quand le jour était levé, glissa sans peine dans le sommeil, la tête de la jeune femme calée contre son bras.

Un « Bonne nuit » marmonné contre son torse fut la dernière chose qu'il entendit avant de glisser dans la douce inconscience, mais ce fut suffisant pour apporter un sourire apaisé à ses lèvres.

SEPT JOURS AVEC NEJI HYUUGAWhere stories live. Discover now