Êtres et histoires légendaires du Monde-Rêve

Chapitre 1 : La fille du vent

Une puissante mais soudaine brise plia l'herbe sur son passage l'espace d'un instant. Le grand espace de la plaine laissait bien souvent passer ces caresses, fortes mais bienveillantes. C'est un point commun parmi toutes ces régions semblables, bien que celle-ci présentait une petite différence. Un intérêt, qui la différencie de toutes les autres.

C'était pour ça, qu'elle était venue ici.

La silhouette de cette femme traversait la plaine contre le vent, comme si elle cherchait à l'affronter, le défier ouvertement. Elle posait ses pas avec douceur, bien qu'une fois au sol elle se tient fermement sur ses appuis.

Cette douceur s'accompagne d'un silence qui ne laisse place qu'au chahut du vent. Le souffle de ce dernier soulevait les quelques bandes de tissus qui pendaient sur les vêtements de la femme.

Elle portait une tenue d'ailleurs bien sobre, mais caractéristique. Les couleurs et les éléments composant l'habit de cette femme ne trompaient pas. Un long pantalon aussi gris et résistant que le fer froid, une chemise verte, bien plus foncé que l'herbe qui l'entourait, couvert au niveau de la poitrine par une petite pièce de cuir sur lequel se trouvait quelques attaches pour diverses fioles de couleurs des plus éclatantes, et surtout, une épée en or à la ceinture, couvert par un sac de cuir des plus sobre.

Quiconque l'observait savait qu'il pouvait voir une Guetteuse, ces personnes aussi nébuleuses que mystérieuses. Ils apparaissaient toujours aux endroits au destin incertain. Cette plaine n'y faisait pas exception.

Au loin, là d'où provenait ce vent qui continuait de souffler comme pour freiner la Guetteuse, se dressait un immense mont, dans lequel s'était verticalement planté un immense cristal orange, comme s'il était tombé du ciel. Il dépassait de loin le sommet le plus haut, situé dans un cratère qui devait faire le quart de la partie visible de cette chaîne montagneuse. Un paysage impressionnant, frissonnant. Effrayant.

Malgré l'atmosphère qui s'alourdissait, l'air qui se faisait de plus en plus dur, chaud, elle avançait. Elle ne semblait pas démordre, obstinée. Hypnotisée peut-être ? Son regard ne lâchait pas le cristal, les sourcils froncés. Personne ne saurait affirmer si c'est une colère envers ce qu'elle voit, ou parce que le vent lui frappe les pupilles. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle avance, penchée en avant, luttant pour rester le plus droit possible, et avancer.

Elle devait le faire. C'était son objectif, une étape de plus qui lui permettrait de remplir sa mission, sa fonction, d'atteindre son ultime but. La puissance du cristal ne la faisait qu'à peine frissonner. Mais elle ne s'arrêtait toujours pas. Alors que même les oiseaux les plus braves semblaient vouloir contourner ces sommets, ce cristal.

Se rendait-elle seulement compte de ce qu'elle s'apprêtait à faire ? Se rendait-elle vraiment compte de ce qu'elle allait devoir affronter ?

Elle s'éloigne, désormais, il n'est plus possible de la voir. Elle était partie. Elle avait probablement atteint cette chose, désormais. C'était certain.

Le vent ne soufflait plus.