Chapitre 5 : Cette femme

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Il existait une femme incroyable, éblouissante, envoûtante, inspirante, d'une grandeur admirable. Il existait un réel trésor dans la gente féminine, un être sacré, précieux, convoité, chéri de tous.

Aux yeux du reste du monde, elle n'était qu'un mythe, une légende, un ensemble de rumeurs, de on-dits, des échos lointains que se racontent parfois les hommes saouls, ou les vieilles femmes entre elles.

Aux yeux du reste du monde, elle n'était que rêves, espoirs, désirs. Une incarnation de tout ce qu'on peut souhaiter dans sa vision de la femme parfaite. Une incarnation de tous les canons de beauté, de toutes les qualités qu'on peut souhaiter, chez soi comme chez la femme qu'on souhaite épouser.

Aux yeux du reste du monde, elle ne pouvait pas être réelle. Pour moi, elle l'est. Elle est, elle existe, elle respire, danse, marche, courre, parle, pense, agit, pleure, crie, sourit. Elle vit. Elle est là.

J'ai encore du mal à le croire, encore maintenant. Je suis devant elle, dans cette bâtisse, loin des villages, des villages. Loin de toutes présences, de toutes en dehors de la mienne. Je ne sais plus comment elle est arrivée ici. Je ne sais à vrai dire plus ce qui nous a amené ici. Cela fait si longtemps. Cela s'est passé si vite.

J'ai encore du mal à croire qu'elle ne se lasse pas de ma présence, moi qui suis probablement des plus ordinaires, qui ne suis rien face à tout ce qu'elle peut représenter, qui ne suis à peine capable du quart de ce dont elle est capable, d'être ne serait-ce qu'un dixième de sa personne. Pourtant, elle m'aime, me nourrit, me câline, et accepte de dormir avec moi. Elle me parle, danse avec moi, rit en me contant ses blagues, me répond sans parfois même me comprendre. Elle m'a choisi, moi, pour vivre à ses côtés.

J'ai encore du mal à croire que le destin m'a amené ici. Je dois tout à cet homme, ce prince, qui était l'égal de cette femme. Je dois tout à lui, qui m'a fait connaître cette île, cette demeure. Je n'en connais toujours pas les raisons, je ne sais seulement qu'il faut prendre soin de moi.

Parfois, je ressens des choses étranges, des sensations, des événements corporels que je n'explique pas. Elle a toujours accouru vers moi, quand cela arrive. Elle a toujours su trouver quoi faire, pour finalement me faire dormir à ses côtés, la tête posée sur ses cuisses.

Parfois, elle semble inquiète, elle me fixe tristement. Je n'ai jamais su quoi faire, quoi lui dire. Je me contentais de la fixer tout aussi tristement, un temps. Je me contentais de me lever, et d'aller la voir, pour l'avoir contre moi, pour lui envoyer ma chaleur dans ces moments plus difficiles. Elle pleurait parfois. Je pleurais aussi.

Parfois, elle s'en va. Je me retrouve seul, interdit de sortir, interdit de voir le soleil, la lune, le ciel, les étoiles de mes propres yeux, si ce n'est à travers le verre des fenêtres, ou les barreaux de la cave. Elle s'en allait, longtemps, d'autres fois moins. Elle partait mais revenait toujours. Elle avait toujours de nouvelles affaires avec elle. Des objets, des armes, des livres, des petites décorations, des meubles même parfois. Elle ramenait cela seule en général, je n'ai jamais vu personne d'autre à la maison, en dehors de ce prince lointain, qui parfois venait l'aider, ou rentrait avec elle. Il ne restait jamais longtemps. Il s'en était toujours allé rapidement.

Il existait une femme, parfaite et magnifique. Une femme qui avait dédié sa vie à me garder, me cajoler, m'aimer. Une femme qui n'était pourtant pas mienne. Non, c'était impossible. Nous ne pouvions être unis, malgré notre proximité, malgré ces temps passés ensemble, cet isolement loin de tout. Je ne pouvais que miauler vers elle.

Elle, elle ne pouvait que tenter de me comprendre.

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⏰ Last updated: Jul 24, 2020 ⏰

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