Chapitre quatorze

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La station de train était vide.

Il était tôt.

John la parcourut du regard, une valise dans la main. Derrière lui, Sherlock qui regardait ses chaussures, les mains dans les poches.

Son train arrivera dans exactement trente minutes.

-Hey. J'écrirai d'accord ?

Le génie secoua la tête.

-Une rupture propre et simple. C'était ce que l'on avait convenu.

Le blond le regarda tristement.

-Allons nous assoir.

Les chaises étaient vides. Ils s'assirent l'un en face de l'autre, silencieusement.

John attrapa la main du brun, la serrant dans la sienne, ne sachant pas quoi dire. Ou plutôt que trop de déclarations occupaient ses pensées et qu'il ne savait pas par laquelle commencer.

Sherlock lui gardait les yeux baissés, les traits de son beau visage tirés. Des cernes commençaient à apparaître sous ses yeux fatigués.

-Ça va aller d'accord ?

-Drôle de façon de dire « Je vais à la guerre, il y a plus de 50% de chance que je meurs Mais sinon tout va bien. »

-Tu sais très bien pourquoi j'y vais.

-Pour te faire tuer ? Il ricana avant de s'enfoncer dans son siège.

Le futur médecin décida de ne pas continuer cette conversation pour le moment.

-Écoute Sherlock..je sais que tu vas te moquer de moi à coup sûr mais s'il te plaît, prends soin de toi, d'accord ?

Le brun l'ignora, ses yeux glacés regardant tout sauf lui.

Les minutes passèrent ainsi, le panneau affichant le décompte des minutes avant l'arrivée du train qui l'emmènerait loin de Sherlock vers des terrains inconnus.

Il observa ce dernier, essayant de marquer chaque détail de son visage dans sa mémoire. Sa peau blanche, ses yeux gris, ses joues si fièrement dessinées..

Et dire qu'il le laissait derrière.

John voulait l'embrasser. L'enfermer dans un cocon où il sera protégé de tout.

Même si il savait que cela ne risquera jamais d'arriver.

Sherlock ne pouvait même pas rester deux jours enfermé chez-lui.

Et quand on y repensait, cela ressemblait à de la séquestration.

Pas son but dans une relation.

Une voix annonça soudainement l'arrivée de son train brisant sa rêverie.

Le génie se leva sans un mot, ses yeux distants, ses mains plongées dans les poches de son manteau.

Le blond fit de même, un poids lui pesant sur le cœur, les roues de sa valise roulant derrière lui tandis qu'ils s'avançaient en direction du quai.

Bientôt ils arrivèrent en face du wagon assigné.

À l'écart des autres passagers, les deux jeunes hommes fixèrent l'entrée du train, l'un ayant une expression plus visible que l'autre.

-Je pense que je dois..

La phrase s'enfonça dans la gorge du plus petit. Il regarda Sherlock une dernière fois, ce dernier le dépassant d'une bonne tête malgré qu'il soit de quelques années son cadet.

Il tendit sa main en sa direction, le fixant droit dans les yeux.

Le génie la prit soudainement, un air au visage que John n'arrivait pas -ne voulait pas- décrypter.

Sherlock voulait qu'il reste.

Il caressa du pouce les phalanges de ce dernier qui refusait de le laisser partir, savourant la sensation de sa peau contre la sienne. Avant d'éloigner sa main.

-Merci.

Quelque chose passa dans les yeux du brun. Qui attrapa le poignet du blond lorsqu'il s'apprêtait à s'éloigner.

-Ne meurs pas.

Ces mots hors de leur contexte semblaient constituer un ordre. Or maintenant, dans la bouche de Sherlock, ils ressemblaient à une supplication.

John se contenta de le regarder gentiment avant de monter à son tour dans le train.

Laissant Sherlock sur le quai.

Seul.

                                      ***

Oh il se haïssait.

Il n'aurait jamais dû partir.

Il avait besoin de se reposer.

Il devait dormir.

« Ne meurs pas ».

Hm.

Ces trois mots se répétèrent telle une litanie, envahissant son cerveau.

Concentre-toi John.

Tu dois respirer.

Ton cœur doit battre.

Parce que peut-être qu'il t'attend encore.

                                  ***

-Est-il vivant ? demanda un homme caché dans la pénombre face à un médecin qui semblait mal-à-l'aise.

-L'opération a été difficile. Son cœur a cessé de battre deux fois mais..

-Est-il vivant ?

Le médecin laissa passer une large respiration.

-Oui.

-Je le savais déjà. Sa blessure ne lui permettra pas de retourner à la guerre. Je compte sur vous pour le faire revenir à Londres sain et sauf. Est-ce clair ?

-Oui Monsieur.

Et avec cela, il se leva, son parapluie derrière lui avant de monter élégamment dans une berline noire qui l'attendait derrière lui.






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Past, Present &Future [JOHNLOCK] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant