Chapitre 13.2

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Je lui tendis la mienne pour qu'il l'attrape et nous nous dirigeâmes vers la piste. Malgré nos gants, ce contact me fit le même effet que la première fois où il avait refermé ses doigts sur les miens. Laura et Sam s'étaient de nouveau élancés sur la piste, s'amusant à se poursuivre en se chamaillant. Je descendis sur la glace, ne lâchant pas la main d'Éric qui fît de même, hésitant. Je sentais qu'il n'était pas rassuré et entrepris de l'encourager :

– Essaye de ne pas regarder tes pieds, fixe au loin et cherche ton équilibre. Quand tu te sentiras stable pousse avec un de tes pieds et laisse l'autre glisser, continue ainsi en alternant à chaque fois. Tu verras, ce n'est pas bien compliqué.

Il n'eut même pas le temps d'essayer de se stabiliser qu'il s'écroula sur la piste ne me laissant aucune occasion pour tenter de le retenir.

– Je crois que j'ai ma réponse, dit-il en riant, je ne suis pas doué.

– Ça va venir, il faut parfois un peu de temps avant de trouver son équilibre, le rassurai-je en l'aidant à se redresser. Plus on apprend petit, plus c'est facile, mais tu te débrouilles bien je trouve, ajoutai-je pleine d'entrain pour l'enhardir.

Il se releva avec mon soutien et fit de nouveau une tentative qui se solda par un échec.

– Tu sais que tu ne sais pas mentir Julie ? Tu as le droit de te moquer, je ne t'en voudrai pas !

Il avait dû remarquer le sourire que je réprimais. Pourtant, ce n'était pas ses chutes qui me le donnait, mais la situation. Ce garçon m'avait troublée dès notre première rencontre, il m'envoûtait totalement par son regard triste, et à cet instant, je n'y percevais que de la joie. Il semblait vraiment heureux et de le voir ainsi enjoué me confortait dans l'idée que Laura avait eu raison d'insister pour qu'il nous accompagne. Il se remit debout et arriva à tenir quelques secondes en glissant, plus ou moins facilement, jusqu'à ce que je sente son corps chanceler, sauf que cette fois, je parvins à lui éviter la chute.

– Tu vois, tu te débrouilles très bien. Il suffit de s'accrocher, comme pour la danse !

– J'ai déjà entendu ça quelque part, répondit-il d'un air entendu.

Lorsqu'ils arrivèrent à notre niveau, Laura et Sam ralentirent volontairement leurs rythmes afin de ne pas décourager Éric, dont la persévérance commençait tout juste à payer. Dès l'instant où je sentais son corps vaciller, je tentais de le retenir, y parvenant une fois sur deux. Lorsqu'il s'écroulait sur la glace, je ne pouvais m'empêcher de rire, tout comme mes amis, mais en l'encourageant à persister. Sa détermination me fascinait tout comme son autodérision. Il n'avait aucun mal à se mélanger à notre groupe, comme s'il en avait toujours fait partie. Au fil des tours, ses chutes se firent plus espacées, jusqu'à disparaître totalement. Sam et Laura accélérèrent de nouveau leurs cadences pour nous laisser seuls.

– Tu t'en sors vraiment bien ! lançai-je sincère.

– Je suis encore loin d'être à ton niveau !

– Ça viendra, le rassurai-je.

Il était parvenu à se familiariser avec la glace assez facilement, prenant de l'assurance jusqu'à se hasarder à accélérer son allure. Malheureusement, cette audace lui fit perdre l'équilibre et, dans la précipitation, je n'eus ni le temps de le retenir, ni la possibilité de rester droite et nous nous écroulâmes ensemble sur le sol gelé.

– Excuse-moi, dit-il en peinant à retrouver sa respiration tant il riait, je suis vraiment désolé, je pensais vraiment pouvoir me permettre d'accélérer !

Nous étions hilares, tellement, que nous restâmes quelques instants sur la glace, le temps de retrouver un peu de sérieux. Malgré le froid qui traversait mon jean, j'étais ravie de le voir si joyeux. Je me relevai la première, époussetant le givre collé à mes vêtements et lui tendis la main pour l'aider à faire de même. Il me fit chanceler en la saisissant afin de se redresser péniblement tout en s'excusant encore une fois.

Danse pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant