✾ Chapitre 13 ✾

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À la première heure le lendemain matin, Changbin et Félix durent faire leurs adieux à Jisung. La princesse ne put retenir quelques larmes et le fermier la serra de longues minutes dans ses bras en lui promettant qu’elle serait toujours la bienvenue chez lui si jamais l’envie lui prenait de lui rendre visite. Bien sûr, il n’avait aucune idée du fait qu’elle était une princesse, ni qu’elle avait été enlevée. Il ne pouvait donc pas savoir qu’elle n’aurait probablement plus jamais l’occasion de sortir de son château après toutes ces péripéties, mais le simple fait de savoir qu’elle serait accueillie à bras ouverts lui faisait énormément plaisir.

Même Changbin accorda une accolade à Jisung. Après tout, le brun était ce qui s'apparentait le plus à l'idée qu'il pouvait se faire d’un ami et, même si ça l’étouffait de l’admettre, il allait lui manquer.

Après avoir consulté la carte, Félix indiqua au mercenaire la direction à prendre. C'était presque à l’opposé de celle que prenait Jisung. Il n’y avait pas de route pour se rendre au royaume des Lee, du moins pas de route entretenue ni récente. Qui avait donc l’utilité de voyager d’un royaume à l’autre ? Surtout en partant de la capitale. Ce fut donc en se fiant à une carte approximative et à un paysage changeant que le couple de voyageurs reprit la route. 

Kobalt était chargé de porter les deux cavaliers tandis que Velours servait à transporter toutes leurs affaires. La princesse se tenait contre le dos du noiraud, les bras autour de sa taille et la tête posée sur son épaule, Changbin s’amusait presque de voir à quel point son attitude était différente de quand elle montait son propre cheval. 

Ils avaient pris la route depuis plusieurs heures quand Félix releva enfin la tête.

— Changbin ? appela-t-elle après avoir déposé un baiser sur la tempe du noiraud.

— Hum ?

— Tu… une fois que je serai de retour au château... hésita-t-elle. Toi… tu vas partir ?

Le mercenaire réfléchit quelques instants en soupirant, cherchant ses mots. Il y avait déjà pensé, il ne voulait pas rester au service d’un roi, il ne voulait pas rester attaché à un royaume, il voulait être libre et être seul décisionnaire de sa vie. Il appréciait beaucoup Félix, mais il n’était peut-être pas prêt à sacrifier cette liberté pour elle. Et même s’il restait au château, jamais ils ne pourraient s’unir, il n’avait pas de nom, il n’était personne, il n’était rien.

— Est-ce que tu penses encore à ce rêve dont tu m’as parlé ? continua la jeune femme en resserrant son étreinte sur lui.

— Quel rêve ?

— Quand on s’est rencontrés, tu as parlé de récupérer un royaume et d’y vivre, sans souverain, tu y penses encore ?

— Toujours… 

— Tu peux m’en dire plus ? demanda Félix en fermant les yeux.

Changbin sourit en la sentant déposer de nouveau sa joue contre son épaule, et il prit une profonde inspiration. Il ne parlait jamais de ses rêves à personne. Sauf peut-être à Kobalt de temps à autre, mais ça ne comptait pas vraiment. 

— J’aimerais bien que… commença-t-il en cherchant toujours un peu ses mots. Qu’il existe un royaume ou plutôt un pays dans lequel on pourrait accueillir tous ceux qui en ont assez de vivre sous le joug des rois et où ils pourraient s’installer.

— Mais qui est-ce qui dirigerait ? demanda Félix les yeux toujours fermés. Il faudrait bien quelqu’un pour prendre des décisions et faire régner l’ordre non ?

Ambivalent ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant