Sa façon d'aimer les maths

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 Quelques minutes avant la sonnerie, la même journée, le cours de maths touchait à sa fin.

Julie ne lui avait pas accordé un seul regard de toute la séance. De temps en temps, Leila la regardait du coin de l'oeil, lorsqu'elle était occupée avec d'autres élèves. Son ventre grondait à la vue de l'attention qu'elle donnait aux autres alors qu'elle était si impitoyablement ignorée. Pas un seul moment Julie ne vint à leur table.

Leila savait qu'elle aurait dû n'y accorder aucune importance ; après tout, elle n'avait jamais eu besoin de son assistance pour réussir un exercice, et avec elle comme voisine, Raphaëlle n'avait pas franchement besoin de prof non plus. Mais à chaque fois qu'elle passait près d'elle sans s'arrêter, elle avait l'impression que des effluves de son parfum parvenaient à ses narines et elle n'arrivait pas à déterminer si c'était sa tête qui lui jouait des tours.

Cela faisait maintenant deux semaines depuis la lettre, deux semaines qu'elles ne s'étaient pas adressées la parole. Leila allait bientôt y remédier. Dès la fin de l'heure, elle avait fermement l'intention d'aller droit chez elle et de l'attendre sur son palier. Il fallait qu'elle lui parle du plan mis en place par Amira et sa pote qu'elle ne connaissait pas. Il était hors de question qu'elle débarque au lycée avec une inconnue sans que Julie ne soit au courant. Et si sa prof était contre ? Au moins ça nous aura donné l'occasion d'en discuter... Peut-être qu'avec un peu de chance, elle repartirait avec un baiser.

Et si elle était d'accord, elle n'aurait qu'à jouer la comédie une ou deux fois et tout repartirait comme avant.

Leila regarda l'heure à son téléphone dissimulé dans sa trousse. Les minutes ne défilaient pas. Elle referma sa trousse et se prit la tête dans ses mains, pressant le bout de ses doigts sur ses tempes. Elle avait vraiment, vraiment besoin de dormir. Elle ne travaillerait pas, ce soir.

Un coup donné sur son épaule la tira de sa prostration. Elle se retourna vers Amira, qui était penchée par-dessus sa table.

- Elle sera là à la fin de l'heure, murmura-t-elle dans l'oreille de Leila.

Qui, « elle » ? Oh... Oh. OH MON DIEU.

Son pouls s'accéléra brusquement. Qui allait-elle être, à quoi allait-elle ressembler, qu'allait-elle faire, qu'allait-elle dire ? Et Julie ! Elle allait tout voir alors qu'elle n'avait pas encore eu le temps de la mettre au courant !

- Putain Amira, tu fais chier, pas après le cours de maths !

Leila s'efforçait de parler à voix basse alors qu'elle aurait voulu hurler. Son amie eut une moue interrogatrice, puis elle se plaqua les mains sur la bouche.

- Tu pouvais pas y penser ? Dis-lui de revenir un autre jour !

- Impossible, elle est déjà là !

Voila, c'était trop tard pour reculer, à moins de renoncer définitivement à ce plan. Et elle n'avait toujours pas prévenu Julie !

Elle leva la main, faisant sursauter Raphaëlle qui somnolait sur son classeur.

- Madame ! Vous pouvez venir vérifier mes résultats, s'il vous plaît ?

Il y eut deux ou trois regards surpris, puis Julie se dirigea vers elle sans aucune réticence, l'air toujours aussi professionnelle qu'avant l'épisode de la rumeur. Leila prit un crayon de papier et se mit à griffonner frénétiquement sur sa feuille.

- Oui Leila ? demanda l'enseignante, une fois à sa hauteur.

Sans rien dire, Leila pointa les mots écrits en grandes lettres capitales.