Sa façon d'aimer les maths

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 Leila mit le point final à sa composition et se redressa. Mordillant l'extrémité de son stylo, elle s'adossa à sa chaise et allongea les jambes devant elle pour attaquer sa relecture dans une position plus confortable. Cette fois elle s'en sortirait avec une bonne note, elle en était persuadée.

Elle s'était forcée à travailler ces derniers jours suite au conseil de Trinity, elle avait bien révisé et elle était confiante, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un bon moment.

Mme Guérin passait dans les rangs avec des sourires encourageants pour chacun. À côté d'elle, Raphaëlle était encore plongée dans sa rédaction, mais Amira avait fini depuis plusieurs minutes déjà. Quelques instants avant la sonnerie, les élèves se levèrent pour déposer un par un leur copie sur le bureau avant de sortir, recevant au passage quelques mots d'encouragement ou de soutien de la part de l'enseignante, qui se comportait parfois - et surtout en période de DS - plus comme une coach que comme une prof.

Comme d'habitude, Leila avait attendu Raphaëlle, et les deux adolescentes furent parmi les dernières à se lever et à quitter la salle.

- Ça a été ? demanda Mme Guérin tandis que Leila lui donnait sa copie.

- Oh, oui, je pense m'être bien débrouillée.

- Ha, tant mieux ! J'ai corrigé ton devoir que tu as fait pendant les vacances, il est pertinent et bien construit. Je retrouve enfin la Leila que je connaissais.

- Heu, merci, balbutia l'adolescente, les joues rouges comme ses cheveux.

- Tu as l'air d'aller mieux, on dirait, dit l'enseignante d'un ton approbateur.

- Oui, répondit-elle avec assurance.

Elle se rendit compte au moment où elle le dit que c'était vrai, et non un mensonge.

- Bien ! Continue comme ça !

Leila répondit par un sourire reconnaissant, puis les deux lycéennes quittèrent la pièce et se dirigèrent vers le self pour y prendre leur déjeuner.

- J'dois en déduire que tu n'es plus complètement obnubilée par ton coup de foudre ? demanda Raphaëlle une fois qu'elles furent seules dans le couloir.

- C'est pas un coup de foudre, rétorqua Leila.

- Ok, ok, répondit l'archère avec un geste apaisant de la main. Mais elle ne t'empêche plus de bosser en tout cas. T'as fini par te résigner et te convaincre qu'elle était inaccessible ?

Les lèvres de Leila s'étirèrent en un immense sourire.

- Non. Je crois plutôt qu'elle aussi est amoureuse de moi.

Elle savoura l'expression de surprise sur le visage de Raphaëlle qui la fixait, les yeux écarquillés et la mâchoire à demi pendante. Elle lui referma la bouche d'un claquement sur le menton et éclata de rire. La tête de Raphie valait son pesant de cacahuètes.

Leila avait toujours été une optimiste. Elle voyait toujours le meilleur en chacun, partait positive à l'école et ne se plaignait pas à outrance quand une tuile lui tombait sur la tête. Pourquoi se focaliser sur la moitié vide du verre quand il y avait encore à boire dedans ? Depuis une semaine, son optimisme qui avait été mis à mal pendant un mois était revenu au grand galop.

La donne avait changé, complètement changé. Elle n'était plus une idiote de lycéenne désespérément et stupidement amoureuse d'une prof ignorante de ses émotions. Non, elles étaient deux personnes avec des sentiments l'une pour l'autre, sauf qu'elles n'étaient pas capables d'oser quoi que ce soit. Voila. Il ne leur restait plus qu'à trouver soit le courage de se lancer soit la patience d'attendre.