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Vacances de Printemps

Leila dormait encore quand Julie se réveilla. Elle s'éclipsa discrètement pour aller dans la salle de bain. Il faisait déjà jour dehors, et la porte ouverte de la chambre de Florian lui indiqua que son ami n'était pas rentré à la maison. Évidemment. J'espère qu'il a passé une aussi bonne soirée que moi.

Elle s'appuya contre le lavabo et ferma les yeux. Des images vivaces de sa petite amie envahirent son esprit. Leila endormie dans sa voiture, Leila en train de la toucher, Leila nue, Leila criant son nom lorsque la vague de plaisir l'avait engloutie.

Le sourire qui avait étiré ses lèvres quand Leila s'était allongée sur elle pour lui faire l'amour.

La lycéenne n'était pas sa première petite amie, loin de là, par conséquent ce n'était pas la première fois qu'elle couchait avec une femme. Mais cette première fois avec Leila avait eu quelque chose de vraiment spécial. Etait-ce à cause de cette interminable attente, qu'elle avait fait durer à la limite du supportable ? Etait-ce parce que Leila avait cette sorte d'insouciance - oserait-elle dire innocence - lorsqu'elle la touchait et la regardait ? Etait-ce parce qu'elle l'aimait plus qu'elle n'avait jamais aimé quiconque auparavant ?

Julie n'avait pas eu besoin de se forcer pour prendre son temps. À l'exception peut-être du soir où elle avaient regardé Princess Bride, elles ne s'étaient jamais intimement touchées, jamais caressées. Même lorsqu'elles avaient dormi ensemble, elle avait su maintenir de chastes contacts. Alors quand enfin elle avait eu Leila nue devant elle, quand enfin elle avait laissé tomber ses propres barrières, elle avait voulu prendre le temps de découvrir tout son corps.

Elle avait examiné, touché de ses mains et de ses lèvres chaque centimètre de peau, découvrant et écoutant son corps, mémorisant chacune de ses réactions lorsque la zone qu'elle embrassait ou mordillait se trouvait être sensible, écoutant les mots qui s'échappaient de sa bouche, les battements incontrôlés de son cœur. À aucun moment Leila avait semblé avoir peur, ou avait manifesté le désir de s'arrêter, de reporter à, peut-être, une autre fois. Au contraire, elle l'avait encouragée, avait soupiré, ondulé, gémi, tressailli, crié sous chacune de ses caresses.

Les yeux toujours clos, elle repensa à l'éclat dans ses yeux lorsque Leila s'était assise sur elle pour la regarder. Son corps avait frémi par anticipation, avait brûlé d'impatience. Leila semblait faire totalement confiance à son instinct, et les sensations qu'avaient apportées son exploration de son corps avaient été étourdissantes. Leila n'était pas juste contre ses lèvres lorsqu'elle l'embrassait, elle était dans sa peau, dans sa chair, dans son sang, entraînant une résonance dans chacune des cellules de son cerveau en totale perte de contrôle.

Prenant une grande inspiration, l'enseignante ouvrit le robinet et plongea son visage dans l'eau froide.

***

Une brosse à dents l'attendait dans la salle de bains.

Elle était verte - sa couleur préférée. Julie avait-elle un tiroir plein de brosses à dents neuves de toutes les couleurs, ou cet achat avait-il été prémédité ? La mathématicienne en elle calculait déjà les probabilités que ce ne soit pas le fruit du hasard.

Leila regarda brièvement son reflet dans le miroir puis ferma les yeux. Ses paupières baissées étaient comme un écran de cinéma sur lesquels étaient projetés tous ses souvenirs de cette nuit incroyable . Sa première fois avec Julie avait été plus belle et plus intense que tout ce qu'elle avait essayé d'imaginer - mais comment aurait-elle pu imaginer pareil saisissement ? Et ce plaisir ! Elle n'avait jamais ressenti de telles sensations auparavant. Son corps, malgré le sommeil, en était encore tout bouleversé.

Sa façon d'aimer les mathsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant