Chapter 11

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"J'arrive pas à croire que je suis vraiment là" me dis-je, serrant la bandoulière de mon sac encore plus fort.

En effet, cette place est sûrement la dernière auquel j'aurais aimé me retrouver. J'aurais volontiers fait n'importe quoi pour ne pas rester une seconde de plus ici. Tout le monde se retourne vers moi et j'accorde un faux sourire au vieillard qu'ils considéraient comme coach. Ce dernier s'approche de moi et alors que nous sommes à une dizaine de centimètres l'un de l'autre, je remarque que je devais bien mesurer deux décimètres de plus que lui.

"Tu dois être Yuki?" me demande-t-il et sa voix rauque m'apporte des frissons. Les autres avaient arrêté le match- je crois -qu'ils avaient entamé et c'est avec des yeux ronds qu'ils me regardaient. Tous devaient penser que je venais assister à leur pratique, comme certaines faisaient de temps en temps, pour garder un œil sur le grand Oikawa en action, mais ce n'était pas mon intention. Si j'étais ici, c'était parce que j'y étais obligée et non le contraire.

Je ne savais pas où était Oikawa et je n'osa pas lever la tête pour tenter de croiser son regard donc je garde mes yeux penchés vers le bas, zieutant avec respect le coach de l'équipe de volley d'Aoba Johsai. J'hoche la tête.

   "Le directeur m'a décrit ta tâche d'aujourd'hui. Merci à l'avance de nous aider pour arranger le gymnase" me dit-il avec un sourire. Je tente de trouver une faille dans son sourire mais je n'y arrive pas. Ces lèvres s'étaient étirées de façon parfaitement sincère. Il croyait sérieusement que je venais aider à nettoyer ce gymnase pour mon intérêt? À moins que le directeur avait omis de lui dire que c'était pour ma retenue? L'un ou l'autre, je m'en foutais un peu.

Je n'étais en aucun cas motivée à nettoyer un gymnase, surtout que ce dernier était immense et je n'avais pas plus d'énergie à perdre en bavardage. Surtout avec cette personne qui mesurait 20 centimètres de moins que moi. Je n'ai jamais su pourquoi mais j'ai toujours porté un certain mépris envers les personnes qui étaient petites. Était-ce parce que j'étais grande? Sûrement. La sensation douloureuse dans ma nuque alors que je baisse la tête pour regarder quelqu'un de plus petit que moi ne devait pas m'encourager à aimer les personnes plus courtes que moi.

Mes pieds produisaient un étrange bruit alors que je marche sur cette surface glissante qu'était le sol du gymnase. Le bois jaunie semblait étinceler avec une telle intensité que j'en arrive à me demander quel genre de produit ils ont utilisé pour que le sol brille de cette façon.
   "Ce n'est rien" répondis-je en me retournant.
"L'équipement est là-bas?" demandais-je en pointant du doigt une pièce où des ballons et autres choses liées au sport y étaient entretenue. Le coach hoche la tête et c'est en traînant des pieds que je me dirige du côté opposé, la mort dans l'âme. Je n'aimais pas le regard soutenue de nombreuses personnes sur ma silhouette. Quelques secondes plus tard, le bruit des ballons frappant le sol recommence, provoquant un écho dans ma tête alors que je réalise que je détestais aussi ce bruit.

Le bois jaunie semblait étinceler avec une telle intensité que j'en arrive à me demander quel genre de produit ils ont utilisé pour que le sol brille de cette façon. Je me munis d'une serpillère que j'avais pioché dans cette pièce malodorante, remplie de choses que je trouvais plus inutiles l'une que l'autre. Attendant la fin de la pratique pour m'activer, je m'appuie sur le mur, respirant de grandes goulées d'air. À chaque fois que le regard d'un joueur de l'équipe avait tendance à se poser sur moi, je les attaquais de mes yeux si froids qu'ils détournaient immédiatement la tête, intimidée par l'asociale que j'étais.

J'ignorais pourquoi j'attirais les garçons en telle quantité. Je n'ai jamais su. Était-ce une nouvelle mode de s'enticher de quelqu'un qui ne désire rien de vous, à part que vous lui foutiez la paix? J'ignorais que ce genre de personnalité impressionnait les gens ou les rendait ivres. Je me trouvais plutôt ennuyante. Je ne communiquais que rarement avec les gens et je ne répondais qu'au besoin, là où je ne finissais pas dans la barre de l'impolitesse. J'ignorais si j'étais comme ça avant la mort de mes parents, mais j'imagine que je devais être un peu plus enjouée que maintenant, moment où personne n'a la chance de se tenir à mes côtes pour me parler librement.

𝖳𝖴 𝖤𝖲 𝖬𝖠 𝖯𝖴𝖳𝖤 [ 𝖮𝗂𝗄𝖺𝗐𝖺 𝗑 𝖮𝖼 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant