Chapitre 13

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   J'aspirais, dans un bruit de succion étrange, tirant sauvagement sur ma paille, un liquide venant de la boisson que je m'étais achetée au distributeur un peu plus tôt.

Mon esprit, tout autant que ma capacité à réfléchir, semblait avoir été mis au ralenti, comme s'il n'arrivait pas à fonctionner normalement.

   De façon tellement intense que je n'étais même pas capable de discerner la boisson que j'avais pris du distributeur, que ce soit en me rappelant de quel bouton sur lequel j'avais pesé ou du goût du liquide qui entrait dans ma bouche.

   J'étais perturbée, d'une telle façon que j'arrivais à peine à penser clairement, de manière à me rendre folle. Ce n'était pas mon genre d'être aussi confuse et dans la lune, mais ça semblait être si facile pour Oikawa de me mettre dans cet état.

   Les paroles et les gestes qu'il avait lâchées hier étaient toujours bien ancrés dans mon cerveau, s'imprégnant dans ma mémoire à long terme, n'ayant pas l'intention de disparaître, tel un virus contaminant un individu.

   Et comme un virus, je n'avais pas de contrôle sur sa présence. À part si je prenais le vaccin, il ne disparaîtrait peut-être jamais. D'ailleurs, le vaccin ne semblait toujours pas être existant et ça m'étonnerait qu'il soit inventé, avant très longtemps même.

   Je grince des dents, mes pas prenant immédiatement un rythme plus rapide.

   Oikawa était réellement un virus et il ne voulait pas s'enlever de mon organisme, pas avant d'avoir pourri au maximum ce dernier, tâche qu'il n'avait toujours pas accomplie.

   Je fronce des sourcils, réalisant que ma boisson était en fait du lait et que je l'avais terminé, aucun liquide ne demeurait maintenant à l'intérieur de la petite boîte de carton.

   Pouvait-on vraiment dire qu'il me pourrissait la vie? Jamais quelqu'un ne m'a fait sentir comme Oikawa et il me faisait sentir bien. Quand quelqu'un te fait sentir bien, tu ne peux pas dire qu'il était en train de te pourrir l'existence, non? Je devais me l'admettre avant tout, Oikawa me faisait du bien. À chaque fois que ses lèvres avaient contact avec une quelconque partie de mon corps, je frissonnais, me noyant de désir à son égard.

   C'était indéniable.

   J'appréciais ce qu'il me faisait sentir.

   Pourquoi refusais-je donc alors de l'avouer à moi-même? Pourquoi fallait-il que je me cache sous l'illusion que je déteste Oikawa? Sûrement parce que j'avais mon orgueil, l'orgueil de n'avoir personne encore qui m'avait charmé ou attiré d'une quelconque façon. Mais on aurait dit que ce genre de personne existait.

   Je tourne la tête vers une poubelle voisine, puis vers la boîte en carton de lait.

   J'étais au milieu du couloir, en direction vers mon casier, sachant que nous avions un cours de science peu après et que la cloche allait bientôt sonner.

   Me mettant sur la pointe des pieds, je lance le carton de lait, qui touche le rebord de la poubelle, avant de tomber à terre, sous mon regard las et les lumières blanches du couloir.

   Je le regarde pendant un moment, puis me dis que quelqu'un d'autre que moi ferait l'effort de le mettre à sa place.

   Je soupire, me retournant, l'existence du carton de lait parti de mon esprit.

"Tu n'allais quand même pas le laisser à terre?"

Je me retourne, sachant déjà qui se trouvait en arrière de moi, à l'endroit exact où la course de mon carton de lait a terminé.

𝖳𝖴 𝖤𝖲 𝖬𝖠 𝖯𝖴𝖳𝖤 [ 𝖮𝗂𝗄𝖺𝗐𝖺 𝗑 𝖮𝖼 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant