L'embrasement des volontés part. 1 /non-canon/

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Il y a trois ans. 

Une petite île sur Grand Line. Plongée dans un hiver éternel et une tranquillité facilement discutable. Elle aurait pu paraître normale aux yeux de tous, avec ses différents villages et sa faune et sa flore hivernale, si l'écusson de la Marine n'était pas frappé sur la cuirasse épaisse du plus gros bâtiment de la ville portuaire. 

C'était sur cette base que Sengoku, l'amiral-en-chef, m'avait assignée. En tant que capitaine de la Marine, il m'avait envoyé seconder le vice-amiral en charge des lieux, un gradé du nom de Fickle. C'était un homme d'âge moyen, brun et borgne d'un œil après un coup d'épée donné par un pirate. Il était froid, distant avec les autres et un peu trop collant avec moi, qui était plus intéressé par sa petite personne que par l'île et les habitants sous sa juridiction, les laissant à l'abandon. Plusieurs fois, en effectuant un tour de garde dans la ville portuaire, j'avais dû empêcher des bagarres, des vols, voire des meurtres, ainsi que d'autres troubles de l'ordre. La population était désordonnée, pauvre, au bord de la crise, et la raison en était aussi simple que révoltante : les soldats sur place ne faisaient pas leur travail. Ils se contentaient de boire au pub en riant grassement, ou payant des femmes qui, pour survivre, n'avaient pas d'autre choix que de se vendre. Cela ne semblait pas avoir éveillé la curiosité du vice-amiral, malgré mes nombreuses remarques, et j'en avais vite conclu que cette présence de la Marine n'était qu'une façade pour cacher leurs activités honteuses et débauchées. Volontairement ou involontairement, cette base de la Marine, si on pouvait encore l'appeler ainsi, m'avait totalement coupé du monde, et je me retrouvais seule sur une île au bord de l'explosion, avec des marines qui n'agiraient pour rien au monde. 

Trois mois étaient passés depuis ma venue, et rien n'avait changé. Je venais de sortir du bureau du vice-amiral Fickle, qui, comme à son habitude, manifestait plus d'intérêt à me regarder qu'à m'écouter m'époumoner sur la misère de la population. Un sentiment de colère dans l'âme, j'avais traversé le couloir sans saluer en retour les subordonnés qui se mettaient au garde à vous à mon passage, sans ne serait-ce que les regarder. 

Je les haïssais du plus profond de mon âme. Je détestais être ici et être assimilée à ces porcs se vantant de leur statut de soldat. Ça, des soldats? Intérieurement, j'eus un ricanement. Comme s'ils arrivaient ne serait-ce qu'à la cheville de leur grade. 

Après une rapide marche, je passai la porte de la base, me retrouvant à l'extérieur. Je m'adossai à la façade du bâtiment et laissai un soupir, rendu visible par le froid environnant, m'échapper. C'est dans ces moments que j'aimais être insensible au froid, ne pas avoir les doigts qui gonflaient, le bout du nez rouge, les frissons me parcourant le corps ou encore les diverses maladies d'hiver. Je pouvais ainsi rester des heures dehors, à accomplir mon devoir de soldat, contrairement aux autres.

Je finis par me redresser du mur et je passai le portail de la base, en marchant en direction de la ville. Alors que j’avançais, un détail attira mon attention et me fis froncer les sourcils de surprise. Il ne neigeait pas. Rien. Pas un seul flocon ni même un seul nuage présageant une pluie de froid. Depuis mon arrivée, cela n'était jamais arrivé. Il avait toujours neigé. 
Lorsque je fus revenue de ma surprise, je continuai tranquillement ma marche. Il était inutile de s'inquiéter, quelques jours sans neige devaient bien arriver de temps en temps dans l'année, et puis j'avais plus important à faire. J'étais la seule à pouvoir défendre les habitants, et ils savaient que je n'étais pas comme les autres. Ils comptaient sur moi. Un pincement au cœur me tiraillait soudainement. J'aurais tellement aimé faire plus pour eux que de veiller à l'ordre. J'aurai voulu redresser les soldats. Contacter Marineford. Mais aucune de ces deux choses ne m'étaient accessibles, car il me fallait passer directement par le vice-amiral. Autant dire que c'était infaisable… 

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 06, 2021 ⏰

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Une Question de Justice : Journal de bordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant