Chapitre 6

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Ils entrèrent dans l'appartement en silence. Le cœur des trois jeunes Perez battait à une vitesse phénoménale. Callie en tremblait. Ils s'avancèrent un peu plus et tombèrent sur leur père, devant Viviane, qui avait les bras croisés. Callie fronça les sourcils. Elle n'était pas violente en général. Cependant, elle voulait cogner la tête de cette femme partout que cela soit sur les murs, par terre ou avec ses propres mains. Elle avait une telle rage qu'elle serait capable de la frapper jusqu'à qu'elle soit déformée à vie ! Néanmoins, elle devait rester forte. Elle devait prendre sur elle et montrer qu'elle était plus forte que Viviane.

-Vous vous croyez dans un moulin ! Si on vous dit non, c'est non ! Quand Viviane vous interdit d'y aller, vous n'y allez pas !

-On ne nous a jamais dit non ! Hurla Callie.

-Tu ne m'as pas demandé la permission. Répondit Viviane.

-Ouais, exactement. Comment tu nous as dit non alors si on ne t'a pas demandé la permission ?

Viviane resta sans réponse. Elle devait rattraper son mensonge. Callie fit un petit sourire en voyant que tout allait lui revenir à la figure.

-Là n'est pas la question ! Tu m'as encore insulté quand je vous ai attrapé à partir ! Tu n'avais pas à me parler ainsi ! On ne t'a jamais appris à respecter les adultes !

Callie fronça les sourcils. C'était quoi cette histoire d'insulte ? Jamais elle ne l'avait insulté. Elle ne comprenait pas. Elle regarda Théo et lui fit comprendre qu'elle ne l'avait jamais insulté. Elle comprit soudain que Viviane essayait de la faire passer pour la méchante afin que Pedro les vire de la maison le plus vite possible. Futée l'ogresse.

-Je ne t'ai jamais insulté. Admit Callie, calmement.

-Pardon ! À chaque fois c'est pareil ! Tu m'insultes tout le temps ! Tu es jalouse de la relation que j'ai avec ton père ! Tu l'as toujours été ! Mais maintenant cela va changer, Callie ! Tu n'es qu'une petite fille qui a besoin d'attention !

-Je ne t'ai jamais insulté ! Tu te fais des films juste pour avoir le dessus dans cet appartement !

-Prouve le si tu ne m'as jamais insulté ! Sale Gamine !

Soudain, la main de Viviane se leva au-dessus du visage de Callie. Cette fois, Callie n'avait pas peur. Elle espérait que Viviane la frappe pour montrer à son père quel genre de femme elle était. Sa main se baissa et arriva vers sa joue. Cependant Lucas stoppa le mouvement en criant :

-Ce n'est pas vrai ! Callie n'a jamais insulté Viviane !

Tout le monde regarda Lucas, les yeux écarquillés. Ils étaient étonnés d'entendre le jeune garçon dire quelque chose sur les problèmes familiaux. D'habitude, c'était soit Théo, soit Callie qui le coupaient pour qu'il n'entre pas dans les disputes. Cette fois, c'était différent. Théo avait été paralysé depuis qu'il avait vu la main de Viviane se lever, tandis que Lucas était effrayé et voulait dire la vérité. Callie regarda Viviane qui avait un regard méchant envers Lucas. Elle savait que Pedro allait croire le petit étant donné qu'il parlait peu. Et quand il parlait, c'était pour dire la vérité.

-Qu...

-Non ! Cria Lucas qui coupa la parole à Viviane. Callie n'a jamais rien fait ! C'est Viviane qui a toujours cherché les ennuis !

-Je... Allez dans votre chambre !

Callie regarda son père, abasourdie. Encore une fois, il virait ses enfants de la salle à manger pour être seul avec cette femme. Le silence s'installa. Seul les talons des jeunes Perez retentirent aux oreilles de tout le monde. Callie se retourna et regarda son père. Il n'exprimait aucune émotion. Pourtant, il devait avoir une réaction ou n'importe quoi. Il devait croire Lucas et se ranger de leur côté. Cependant, elle savait qu'en rentrant dans sa chambre, rien n'allait changer. Son père allait croire mot pour mot les paroles de Viviane. Il avait une telle peur de finir seul qu'il s'accrochait à elle. C'était décevant puisqu'il ne voyait pas à quel point il aurait pu être entouré par ses propres enfants qui essayaient de le sauver de cette femme. Callie ferma la porte et soupira en fermant les yeux. Elle redoutait le jour où son père les mettrait dehors. Elle savait que ça allait arriver bientôt. Elle regarda son frère qui s'excusait encore et encore, alors qu'il n'y était pour rien. Théo était près de lui, à le réconforter. Elle eut soudain une idée. Elle savait qu'ils n'allaient pas manger ce soir. Ils seraient privés à cause de Viviane, elle en était sûre. Elle demanda à ses frères de se mettre en pyjama. Tout en faisant attention à ne pas être aperçue, elle sortit dans le couloir et se rua dans la salle de bain. Soudain, elle s'arrêta et écouta attentivement :

-Que s'est-il vraiment passé, Viviane ! Je ne sais plus qui croire ! Toute cette situation m'échappe !

-Mais Pedro ! Tu sais très bien que Lucas va prendre parti pour sa sœur et son frère ! Je t'avais dit que cela allait poser problème qu'ils restent !

-Ce sont mes enfants, Viviane ! Je pourrais très bien te demander la même chose par rapport à Clément !

-Mais Clément ne dérange pas ! Il est tout silencieux !

-C'est normal ! Il dort la journée et joue le soir ! À son âge, j'avais déjà un emploi pour subvenir aux besoins de ma famille !

-Tes enfants ne travaillent pas non plus !

-Ils vont à l'école ! Ils se lèvent tous les matins ! Et même s'ils ont été harcelés ou autres durant leur scolarité, ils n'ont jamais abandonné ! Julien fait le double entre la moto et les cours. Mes enfants sont complètement occupés comparais à Clément.

Callie fut étonnée du répondant de son père face à sa belle-mère. Peut-être qu'il y avait des chances que son père remarque enfin que Viviane était sous son toit juste pour avoir une vie idéale pour elle, c'est-à-dire rien faire, fumer, manger ou encore dormir. Soudain, elle entendit des pleurs. Viviane était en train de pleurer !

-Je suis désolé, ma puce. Je me suis emporté... Je ne voulais pas te parler ainsi. Je... Je vais faire le nécessaire. Laisse-moi du temps pour les mettre dehors et avoir une bonne stratégie. Je t'aime et il n'y a que toi qui compte.

Callie préféra rentrer dans la salle de bain qu'elle ferma à clé. De chaudes larmes vinrent couler sur ses joues. Comment avait-elle, une seule seconde, pensé que son père serait prêt à choisir ses enfants plutôt qu'une inconnue ? Comment avait-elle pu espérer que son père ait assez de plomb dans sa tête ? Elle se regarda dans le miroir. Ses yeux étaient tous rouges et ses joues étaient enflées. Elle devait se calmer. Mais comment faire ? Son père allait prochainement les mettre à la porte ! Elle ne devait rien montrer à Lucas. Elle se mit un coup d'eau sur le visage et enfila son pyjama : un legging gris ainsi qu'un tee-shirt ample rose pâle. Elle souffla un coup avant d'ouvrir la porte et s'engouffra dans le couloir. Soudain, elle s'arrêta net quand elle fut devant Pedro. Elle le regarda dans les yeux tout en ravalant sa salive. Que devait-elle dire ? Désolée ? Non, elle n'était pas désolée étant donné qu'elle n'avait rien fait. Ce n'était pas à elle de présenter des excuses. Devait-elle dire qu'elle avait tout entendu ? Non, elle voulait en savoir plus sur sa stratégie. Il entrouvrit la bouche. Elle ne voulait pas l'écouter. Elle n'avait plus de forte à consacrer à son père, qui était censé être l'homme de sa vie. Elle passa à côté de lui et rentra dans sa chambre. Elle se posa sur le lit entre ses deux frères et regarda l'écran de son ordinateur. Théo mangeait déjà les confiseries qu'ils planquaient sous leur lit. Les soirs où ils étaient privés de manger, ils sortaient leur stock de gâteaux et bonbons afin d'avoir quelques choses dans leur ventre. Certes, ce n'était pas bon pour la santé, mais c'était mieux que rien. Tout cela était la faute de leur père, qui les privait de manger. Ils s'installèrent et débutèrent le film. C'était un film de super-héros que Lucas aimait tant. Cela parlait de supers héros qui veillaient sur les citoyens face à la menace extraterrestre. Un truc irréaliste dans la vraie vie. Elle soupira. Quand elle était petite, elle redoutait la venue d'huissier. Leur père n'avait jamais réussi à gérer l'argent, le passant surtout dans l'alcool et les cigarettes. Maintenant, il arrivait à mieux le gérer, sauf que deux personnes derrières en profitaient grandement. Elle revint sur le film et décrocha quelques minutes plus tard en regardant son portable. Elle avait un message de Marissa :

JE SUIS LÀ. ETHAN M'A TOUS RACONTÉ.

Callie sourit. Heureusement qu'elle avait Marissa dans sa vie et dans celle de ses frères aussi. Depuis qu'elle connaissait Lucie ou encore Viviane, elle avait du mal avec les femmes et les filles. Entre elles, les filles étaient méchantes, égoïste, manipulatrice ou encore mesquines. C'était pour cela qu'elle préférait rester auprès des garçons. Marissa était l'exception. Elle était épanouie et aimait rendre service à sa meilleure amie. Elle savait qu'elles pouvaient se faire confiance. Elles étaient comme des sœurs.

T'INQUIETE. ILS VONT PARLER STRATÉGIE, J'AI TOUT ENTENDU. JE T'EN PARLE DEMAIN.

Elle mit son alarme pour le lendemain et jeta son portable sous son coussin. Elle fixa alors ses deux frères qui étaient tous les deux attentifs sur le film. Elle préférait largement ces soirées là. Même s'ils ne mangeaient pas à leur faim, elle était heureuse. Elle était heureuse d'être aussi soudée avec eux. Elle essaya de se concentrer sur le film où elle s'endormit quelques minutes plus tard.

ALTHOUGH  : La rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant