Jour 2 - I

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Lorsque je me réveillai le lendemain matin, le soleil brillait à l'intérieur de la chambre. Les couvertures, les coussins et le matelas n'avaient pas séché, à l'instar de mes vêtements. J'écartai les oreillers en grommelant, fatiguée, et sortis du lit.

Je scrutai dehors. Il pleuvait toujours, néanmoins la partie la plus violente de l'averse semblait passée.

Les nuages gris clair se muaient doucement, dissimulant le soleil à la vue, tandis que des gouttes coulaient lentement vers le bas.

Entremonts ne semblait pas en bon état...

Les rues tapissées de boue étaient arpentées par quelques personnes dont plusieurs étaient des marchands. Les sabots des montures disparaissaient sous la boue et remontaient à la surface avec un bruit de bourbier.

La tempête n'avait pas ménagé, aussi bien de ce côté-ci du ravin que de l'autre. Des maisons étaient détruites ou en mauvais état. Tout était triste...

Marchant vers la porte afin de l'ouvrir, je ne parvins pas à la faire céder. J'abaissai la poignée quelques fois en poussant une flopée de jurons, pourtant il n'y eut aucun mouvement.

Je retirai une tenue constituée de nouveaux habits de l'armoire : une robe en cuir dotée d'une ceinture où attacher des armes au dessus d'une chemise blanche. Le point gênant était que je n'avais aucune arme à mettre dans la ceinture...

Après un long bain – plein de différentes huiles à la lavande –, j'enfilai les habits. Une fois rentrée dans la chambre, je vis un plateau posé sur le lit.

Jus d'orange pressé, deux tranches de pain tartinées de fromage et une pomme.

Était-ce ainsi que Fernandez se faisait pardonner ? En me gâtant avec de la bonne nourriture ? Ou bien nourrissait-il tous ses prisonniers avec ce qui, selon lui, s'avérait « peu » et « mauvais » ?

J'observai le plat, obstinée. Mon option préférée était de barbouiller son mur couleur crème des tartines et du jus d'orange uniquement pour être ennuyeuse. Pourtant, je supposais que si je gâchais la nourriture ainsi, je n'en reverrais pas de sitôt.

Mon ventre gargouillait déjà en voyant le repas qui m'attendait, donc j'acceptai de répondre à mes besoins animaux à la place d'écouter mes sentiments. J'engloutis le petit déjeuner et retournai à la porte, m'attendant à ce qu'elle fût ouverte entre temps. Mais non, j'étais encore enfermée.

Abattue, je me laissai tomber sur le lit et regardai le plafond durant le reste de la matinée et de l'après-midi, lus un livre et me couvris de toutes sortes d'huiles et d'odeurs jusqu'à m'évanouir à cause du nombre gigantesque de vapeurs qui m'envahissaient le nez.

Au début de la soirée, ma porte s'ouvrit enfin. Je perçus le bruit familier de la clef qui tournait dans le serrure et du mécanisme qui se mettait en marche, et me relevai.

Shae entra.

Elle portait une robe mauve foncé qui atteignait le sol. Le rebord était plus long derrière et frottait sur le sol de grès.

Ses beaux et longs cheveux noirs étaient tressés et agrémentés de perles. Elle était, tout comme hier, resplendissante.

Dans ses mains, elle tenait une assiette qu'elle posa dans les miennes, hésitante. Sur le plat, une cuisse de poulet était posée et mon ventre se manifesta à sa vue, produisant un bruit gênant.

Sur le bord de l'assiette, il y avait des fraises et du melon.

Je déglutis.

Ceci témoignait-il d'une démonstration de pouvoir de la part de Fernandez ? Une manière pour lui de me remémorer la journée d'hier ?

Rubis de SangTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang