Jour 4 - II

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Le soleil aveuglant brillait pâlement entre le feuillage et éclairait de doux rayons le chemin devant nous.

Le bois était un rassemblement de grands arbres ornés de lierre, de mousse qui poussait sur l'écorce et de lianes qui atteignaient le sol. De grandes plantes vert foncé rendaient le chemin infranchissable, et Pablo qui marchait à côté de moi agitait agressivement – autant que sa plaie le lui permettait – son épée en rond pour les hacher.

Le cortège suivait doucement. Armano et Diego transportaient les sacs et le garçon de seize ans se plaignait que son dos commençait à lui causer des douleurs.

Le bois était si dense et étroit qu'il n'y avait pas de véritable trace d'un chemin qui passait entre les arbres. Occasionnellement, je pouvais observer quelques plantes piétinées par le passage de Sheila, Ferdi et Benji qui étaient passés ici récemment, mais quand on ne savait pas ce à quoi il fallait prêter attention, c'était comme invisible.

Nous franchîmes de petits ruisseaux, enjambâmes de larges troncs d'arbres vides et avec les gros bruits que nous créions, nous chassions des lapins, des oiseaux et même une fois quelques chevreuils.

Lorsque la scierie du père de Benji apparût enfin, Diego poussa un soupir de soulagement.

– On y est.

J'acquiesçai et Armano vint marcher devant afin de nous dégager le passage.

Quand nous parvînmes à la porte en bois, un tremblement me parcourut la colonne vertébrale. À l'intérieur, je percevais les cris de Benji, Ferdi et Sheila qui étaient visiblement en train de s'entraîner. Les planches amassées n'étaient pas insonorisées, mais ce n'avait jamais été nécessaire parce que la scierie était isolée.

Un soupir tremblant glissa sur mes lèvres. Pablo posa sa main sur mon épaule et y donna un pincette.

– Ça va ?

Je hochai la tête.

– Rentrons à l'intérieur.

Ma main était sur la poignée de la porte lorsque la voix de Fernandez retentit et m'arrêta.

– On ne va pas tous ensemble à l'intérieur. Je veux que deux personnes fassent les sentinelles.

– Tenir la garde ? Personne, littéralement, ne vient ici ? remarquai-je, moqueuse.

Fernandez jeta un regard à Diego et Armano qui se tenaient l'un à côté de l'autre et fit un signe de la tête pour leur signifier qu'ils étaient nommés à ce poste-là. Armano se posta devant la porte comme un soldat loyal et entraîné, son couteau serré dans la main. Diego, lui, s'avança en grommelant à côté de nous, puis s'appuya contre le bois, l'air ennuyé.

– Simplement par précaution, acquiesça Fernandez pendant que je haussais les épaules et que je faisais une deuxième tentative d'entrer à l'intérieur.

La poignée de fer pivota avec peine vers le bas et la porte en bois en ruine tourna sur ses gonds.

Benji, Ferdi et Sheila se tenaient au milieu de la pièce. La scierie était spacieuse car les machines prenaient auparavant beaucoup de place. Maintenant, l'espace était vide et dégarni, le sol de béton couvert de gros matelas verts et des étagères avec des armes et des habits étaient suspendues sur les murs de bois nus. Il y avait un deuxième étage comme un genre de balcon afin que le bois fût incliné sur la moitié de la surface. Benji dormait et vivait là, donc les étages supérieurs nous étaient également interdits. Je n'avais, après toutes ces années, aucune idée de ce à quoi le haut ressemblait.

À côté de la porte, il y avait un porte-manteaux. Pourtant, comme d'habitude, les manteaux de mes amis n'étaient pas accrochés aux crochets en bois pliés, mais étaient immobiles au sol puisque ces trois-là s'avéraient trop flemmards pour bien pendre leurs manteaux.

Rubis de SangDonde viven las historias. Descúbrelo ahora