Jour 2 - IV

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Les yeux de Fernandez se tournèrent à nouveau vers moi et m'examinèrent pendant un petit temps.

– Pourquoi penses-tu cela ?

– Parce qu'ils l'auraient depuis longtemps donnée à l'empereur Shivan sinon ! grognai-je. Peut-être Benji ne m'appréciait-il pas, néanmoins Ferdi et surtout Sheila étaient mes amis. Ils ne m'abandonneraient ou ne me trahiraient pas.

Au contraire de ce que faisais avec eux.

Fernandez fronça les sourcils à l'entente de ces noms.

– C'étaient mes amis, expliquai-je. Je les connais depuis neuf ans. Quand j'avais dix ans, j'ai rejoint leur club et j'y ai appris à me battre et à piller à partir de ce moment. D'eux.

Il serra ses lèvres l'une contre l'autre.

– Donc tu crois qu'ils souhaitent te récupérer.

Je déglutis. Était-ce dangereux de lui confier cela ? En abuserait-il ? Je n'avais qu'à espérer que non.

– Oui. Oui, je le pense. Et sinon, c'est parce que Benji exige plus d'argent. C'est probable.

Lorsque Fernandez se frotta le visage, ses doigts grattèrent sa barbe naissante, ce qui provoqua un son désagréable dans la chambre.

– Où sont-ils ?

Je fermai les yeux. Je m'étais attendue à cette question.

– Dans notre cachette.

– Et où se trouve cette prétendue cachette ?

Lui dirais-je vraiment ça ? Confesserais-je à ce connard – qui enfermait des pauvres petites filles sans défense dans des cellules – où il trouverait mes amis ?

– Dans la grange d'une vieille scierie. Dans le bois le long de la ville dans laquelle je vis, Indra.

Je ne parvenais pas à le croire. Je ne pouvais pas croire que je lui avais confié cela.

Le groupe et moi avions conclu un pacte selon lequel nous ne raconterions rien à personne, personne, concernant notre planque. C'était le lieu où nous nous retirions après un combat violent, où nous nous soignions lorsqu'il y avait des blessés, où nous conservions nos butins et où nous nous entraînions.

L'empereur Shivan avait commis un crime durant les sept années pendant lesquelles il nous pourchassait afin d'obtenir cette information et je la donnais désormais gratuitement à cet... cet étranger ? L'homme qui torturait ma sœur ? Qui nous tenait prisonnières ?

– Dans la grange d'une scierie ? répéta Fernandez, n'y croyant pas un mot. C'est votre cachette ? Comment êtes-vous arrivés là, par l'amour du ciel ?

– Le père de Benji travaillait le bois. Il possédait une scierie, d'abord au centre de la ville, cependant tout le monde se plaignait du boucan que les machines produisaient et en plus il fallait une éternité pour traîner le bois abattu de la forêt vers la scierie. C'est pour ces raisons-là qu'il a décidé de déménager plus près du bois. Le bâtiment est très isolé afin que personne n'ait de dérangement à cause du vacarme. C'était parfait.

– Le père de Benji a tout simplement autorisé ça ?

– Le père de Benji est mort, répondis-je d'un air bourru.

Sa mère était décédée quelques années auparavant lors d'un accident dans leur magasin, où elle vendait les statuettes de bois du père de Benji. Lorsque le père de celui-ci était décédé, Benji n'avait plus personne. Il avait à son tour décidé de vivre dans la scierie ; le seul endroit où il se sentait en sécurité.

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