cinquante-six

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    Mes pieds avançaient tout seul, foulant le sol parisien, m'amenant je ne savais où. Les larmes avaient recommencé à couler dès que Neymar avait disparu de mon champ de vision. Elles brouillaient ma vision mais je ne prenais pas la peine de les écarter. A quoi bon ? Elles revenaient de toute manière, donc les enlever ne serait qu'une perte de temps.

Cela devait bien faire une heure que je courrais, sans aucun but, la tête vide, le corps lourd. Je n'étais pas épuisée, enfin si, mais j'étais juste fatiguée mentalement parlant. Ma respiration se faisait saccadée et mon cœur tambourinait dans ma poitrine à une vitesse folle, mais je voulais continuer de courir, m'éloigner le plus possible de la maison dans laquelle se trouvait l'homme que j'aimais.

Mon corps tourna à droite, et mes jambes s'arrêtèrent devant un immense portail en fer. Je levai mon regard mouillé et fut prise d'une nouvelle crise de sanglot en réalisant l'endroit devant lequel je me trouvais.

« Cimetière du Calvaire »

Je me trouvais devant la grille du cimetière où étaient enterrés Nels, mais aussi Clémence. Mon corps avait décidé de m'emmener ici sans que je me rende compte de quoi que ce soit. Tremblante, je poussai la porte grinçante, et pénétrai dans le cimetière.

Je haïssais les cimetières. Déjà petite, pour moi, ils n'étaient que synonymes de morts et de tristesse. Les tombes sombres, les croix en pierre et les fleurs qui mourraient me donnaient la chair de poule. En grandissant, ce sentiment s'était renforcé, surtout lors de la mort de Nels puis de celle de sa petite amie, Clémence. Je détestais ses lieux, à cause de tous les souvenirs qu'ils me rappelaient mais aussi car ils me faisaient comprendre que tous les bons moments, que j'avais passé avec mon jumeau, étaient terminés pour toujours.

Mes jambes me portèrent à travers les allées où il n'y avait pas un chat. Aller dans un cimetière en fin-février était encore plus flippant que dans d'autres périodes de l'année. Les tombes fleuries étaient extrêmement rare, et un vent glacé ainsi que la nuit qui tombait vite renforçaient l'air lugubre du lieu.

Je m'arrêtai soudainement devant deux tombes, en mauvais état, sans fleurs. Ses deux tombes prouvaient que les défunts de devaient pas avoir beaucoup de familles, puisqu'elles n'étaient absolument pas entretenu. Même les noms des morts sur les stèles étaient cachés par de la mousse.

J'attrapai un bout de bois qui trainait à côté, et grattai la mousse de la première tombe. Petit à petit, un nom apparut.

« Ci-gît Nels Flinch »

Mes doigts glissèrent sur le nom gravé en doré, qui commençait à s'effacer. Cela faisait au moins deux ans que je n'avais pas mis les pieds ici, deux ans que j'avais été d'une lâcheté et d'une faiblesse incroyables. Je me mis à pleurer en silence, laissant des gouttes d'eau salées tomber sur la pierre gelé. Mon cœur se mit à lâcher une seconde fois, et toute la fatigue accumulée durant la course, me tomba dessus d'un seul coup. J'étais quasiment allongée sur la pierre tombale de mon jumeau.

- Oh mon dieu Nels, tu me manques tellement. Je ne sais pas comment j'arrive à vivre sans toi. Même si tu es parti depuis 4 ans déjà, c'est toujours aussi dur. Chaque matin, je revois la scène lorsque les policiers sont arrivés chez nous, à 5 heures du matin, pour nous annoncer que tu étais parti retrouver les anges, sanglotai-je. Mais à partir du moment où Ney est rentré dans ma vie, c'était plus simple, tellement plus simple. J'avais l'impression que ta mort était moins dure d'un seul coup. Comme tu aurais été heureux de rencontrer Ney, toi qui étais son fan numéro un ! Et oui, ta petite sœur, enfin petite de 8min42, sortait avec Neymar da Silva Santos Jùnior. Sortait, car j'ai tout gâché, Nels. Je donnerais tout l'or du monde pour que tu sois à mes côtés, en train de me serrer dans tes bras et de me dire que tout ira bien. Sauf que ça n'arrivera jamais puisque tu es avec les anges, et que Ney me hait.

this night - neymarjrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant