𝓉𝑒𝓃.

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There goes my heart beating
Cause you are the reason
I'm losing my sleep
Please come back now

26 Décembre 2022, Los Angeles, USA.

Les larmes s'écrasent durement sur mes joues, une nouvelle fois. Les tremblements de mon corps sont contenus par les bras d'Owen qui me serre contre lui aussi fort qu'il le peut depuis quelques minutes. Ma gorge me brule et j'ai du mal à respirer. J'ai mal.

Je ne veux pas revivre l'enfer d'il y a un an, et je sais qu'Owen non plus. Je l'aime et il m'aime, je ne comprends pas pourquoi ça ne pourrait pas fonctionner même s'il décide de rester ici. Après tout ce n'est que pour quelques mois, on savait très bien qu'un jour ou l'autre chacun allait poursuivre sa carrière de son côté. Seulement on ne pensait pas que ça allait arriver si vite.

Je nous croyais plus fort que ça.

J'ai du mal à contenir les sanglots qui s'échappent de ma gorge. Owen essaye tant bien que mal de me calmer, en vain. Ça fait trop mal... Pourquoi il me fait ça ? Pourquoi il NOUS fait ça ? Il place délicatement son pouce sous mon menton, essayant d'accrocher mon regard de ses yeux tristes mais je refuse. Je refuse tout simplement de croiser ses magnifiques orbes vertes et de risquer de m'y perdre encore une fois.

- Margaux... murmure-t-il dans un soupir.

Mais je secoue la tête. Non, je ne veux pas de sa pitié.

- Je pensais que ça marcherait cette fois, réussis-je à articuler.
- Mais ça marche ! s'écrie-t-il. Et pour que ça continue de marcher il faut qu'on reste ensemble !
- Alors viens avec moi ! Je hurle cette fois.

Je me dégage de son emprise, affrontant enfin la réalité en face. Il est lui aussi dans un état pitoyable. Ses yeux sont remplis de larmes qu'il peine à contenir et son dos est vouté. Tous ces efforts pour en arriver au même stade qu'il y a un an : il ne me fait pas confiance.

- Où tu vas ? ose-t-il à peine demander.
- Tu as besoin de temps pour réfléchir, et moi j'ai besoin de sortir d'ici, dis-je en enfilant mon manteau.

Alors que je claque la porte derrière moi je l'entends murmurer « je t'aime, ne me laisse pas », mais c'est trop dur, je n'ai pas la force de continuer à me battre seule.

J'appelle un taxi pour me rendre chez la seule personne qui saura me comprendre pour avoir vécu une situation similaire. Je suis arrivée en moins de vingt minutes et monte les escaliers de l'allée pour entrer. Alors que j'allais frapper à la porte mon téléphone sonne frénétiquement. Je le sors de ma poche, m'attendant à voir le nom d'Owen apparaitre mais suis surprise de découvrir celui de Charlie. Qu'est-ce qu'il me veut ?

- Allo ? je dis en décrochant.
- Tu peux m'expliquer pourquoi j'ai un Owen dans tous ses états sur le pas de ma porte ? me demande-t-il, inquiet.
- Passe-le-moi, je soupire.
- Margaux, reviens s'il te plait, me murmure le blond dans une énième sanglot.
- Owen, je t'aime, mais tu vois bien que ça ne fonctionne pas comme ça, dis-je, à nouveau au bord des larmes.

C'est le moment que choisit Israël pour ouvrir la porte sur laquelle je m'étais appuyée. Je tombe à moitié à la renverse, lâchant mon téléphone qui dévale les marches de l'entrée une à une. Mon meilleur ami m'aide à me relever en s'excusant mais ce n'est pas de sa faute, comment aurait-il pu savoir que j'étais là ? Il vérifie que je n'ai rien de cassé avant d'aller chercher mon téléphone qui, lui, est dans un piteux état. Alors même qu'Izzy ouvre la bouche pour s'excuser encore une fois il semble voir ma mine dépitée et décide qu'il est plus important de me faire entrer que de se préoccuper de mon téléphone cassé pour le moment.

Je le remercie d'un sourire triste lorsqu'il me tend un verre d'eau. Je lui ai expliqué la situation dans les grandes lignes et comme j'aurais pu m'en douter, il m'a dit que j'avais pris la bonne décision. Je n'en suis pas aussi sûre que lui à cet instant précis mais je me souviens que lui avait fait un choix différent du mien en mettant sa carrière de côté pour son ex petite-amie et qu'il s'en était mordu les doigts par la suite.

Même si j'aime Owen de tout mon cœur je me suis toujours promis que si un jour j'arrivais à réaliser mon rêve, rien ni personne ne viendrait se mettre au travers de ma route, peu importe les conséquences. Le brun a bouclettes me laisse quelques minutes seule dans la cuisine pour appeler Charlie qui doit sans doute s'inquiéter d'avoir été si soudainement coupé, et je ne parle même pas d'Owen...

Je plisse les paupières aussi fort que je le peux pour chasser les larmes qui viennent s'y loger. Il m'a demandé de faire un choix, j'ai choisi. Je sais qu'il ne le pensait pas aussi catégoriquement, mais rien que le fait qu'il ait pu émettre l'hypothèse de devoir choisir entre ma carrière et lui a fait se briser quelque chose entre lui et moi. J'entends Israël revenir dans la cuisine. Je relève la tête vers lui, l'interrogeant du regard.

- J'ai eu Charlie...
- Et ?
- T'es sûre que tu veux qu'on parle de ça ? me demande-t-il.
- Dis-moi Izzy.
- Apparemment Owen est dans un état pitoyable, Charlie m'a dit qu'il ne l'avait jamais vu comme ça, pas même lorsque vous vous êtes séparés la première fois, et... il s'arrête.
- Et quoi Iz' ? Crache le morceau bon sang !
- Il a parlé d'en finir, hésite-t-il.
- Finir quoi ? je m'interroge.

Il me faut quelques secondes pour remettre la phrase dans son contexte. Bordel de merde Owen qu'est-ce que tu racontes bon sang ? Je me lève précipitamment et le brun me tend ma veste en attrapant les clés de sa voiture. Nous fonçons en direction de la villa de Charlie, mais cette dernière étant située à l'autre bout de la ville nous tombons dans les bouchons assez rapidement.

Puisque mon téléphone est mort Israël me prête le sien pour que je puisse communiquer avec Charlie par message le temps qu'on arrive. Ce sont les quarante-cinq minutes les plus longues de ma vie et Izzy n'a pas le temps de tirer le frein à main que j'ouvre la portière de la voiture et me précipite à l'intérieur de la maison.

Comme d'habitude je manque foncer dans Charlie qui m'ouvre grand les bras. Qu'est-ce qu'il fout il voit pas que je suis en panique là ? Je le regarde en fronçant les sourcils et il soupire, m'indiquant d'un geste la pièce où se trouve Owen. J'entre sans frapper et le trouve allonger sur le sol de la chambre qu'on a partagée à Noël, serrant un coussin contre lui. Je m'allonge près de lui et il ouvre les yeux pour me regarder. Je pourrais m'y perdre.

- Tu es venue, dit-il.
- Bien sûr que je suis venue imbécile, je m'inquiète encore pour toi tu sais, dis-je durement.
- Il sent encore ton odeur.

Je mets quelques secondes à comprendre qu'il parle du coussin. Je ne comprends pas pourquoi il s'y accroche comme ça alors que je suis juste devant lui.

- Quand tu seras partie il faudra bien que je retrouve ton odeur dans des petits objets du quotidien, reprend-il.
- Owen...
- Je viendrai te voir un weekend sur deux si tu es d'accord, peut-être plus si tu me manques trop.
- Owen.
- On ira visiter Toronto en amoureux, et si ça nous plait on pourrait même s'installer là-bas tous les deux.
- OWEN ! Cette fois je hurle.

Il semble sortir de son espèce de transe et me regarde tristement. Il sait aussi bien que moi que c'est trop tard. Cette conversation aurait dû avoir lieu il y a plusieurs jours, avant que tout parte en vrille, mais non monsieur a décidé qu'il valait mieux se disputer d'abord.

- Alors c'est vraiment fini ? m'interroge-t-il.
- Tu connais déjà la réponse, dis-je la gorge nouée.

Et nous restons là, allongés sur le sol de la chambre en silence, car nous savons aussi bien l'un que l'autre que lorsque nous franchirons le seuil de la pièce tout sera fini. Pour de bon.

𝐄𝐃𝐆𝐄 𝐎𝐅 𝐆𝐑𝐄𝐀𝐓.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon