CHAPITRE IV - SAINT

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          Ce qui est intéressant, c'est de voir qu'un policier visiblement expérimenté a besoin de l'avis d'un jeune journaliste afin de comprendre certaines choses. Pour se rendre compte qu'une enquête qui peut sembler quelconque finira par prendre plus de temps que prévu.

— Ton travail de fin d'études portait sur les tueurs en série des USA durant la vague hippie ? ricane-t-il. Merde, tu es en train de me faire flipper.

— Pourquoi ? Je voulais devenir journaliste dans la section criminelle d'un journal, je voulais montrer qu'il était possible de trouver des indices, même cinquante ans plus tard, avec un peu de logique, et à l'autre bout du monde des crimes commis. J'ai réussi haut la main.

Il acquiesce dans un petit sourire et pose de nouveau les yeux sur le dossier qu'il a, finalement, laissé traîner sur la table après être allé le chercher dans la voiture. Aucun indice, juste des photos de la victime qui ne présente pas, ou à peine, des signes de décomposition. Il semble simplement raide, aucune trace sur son visage, comme quelqu'un qui dort paisiblement.

— Nous avons affaire à quelqu'un d'intelligent, soupiré-je.

— Pourquoi tu dis ça ?

Je rapproche mes genoux contre mon torse, ma bouteille de bière entre les mains. Zee n'a pas l'air de comprendre, mais peut-être est-ce à cause de la fatigue, puisqu'il repose la tête dans la paume de sa main, appuyé contre le dos du canapé. Ses grands yeux noirs sont si profonds qu'ils pourraient même en devenir déstabilisants, c'est pourquoi je détourne le regard.

— Il savait qu'en laissant ce genre d'indices, la police n'aurait d'autre choix que d'attendre cruellement les meurtres suivants. C'est comme si tu achetais une boîte de puzzle incomplète, et que tu devais attendre le mois prochain pour avoir les pièces manquantes. Frustrant, murmuré-je.

La manière dont il scrute mon visage me prouve qu'il me prend pour un demeuré, mais je ne le suis pas. C'est comme ça que je vois les choses. J'en ai lu des articles sur les tarés, mais le cas d'Harit Sawanamas et la manière dont le Copycat recopie exactement le modus operandi de l'original, me prouvent que nous vivons dans un monde où les gens ne peuvent assouvir leurs besoins qu'avec le mal.

— Est-ce que... Est-ce que quelqu'un comme toi aurait pu tuer ?

— Comme moi ? demandé-je.

— En termes de connaissances.

— Je n'ai pas... je me souviens de cette histoire, mais je dois t'avouer que je n'ai plus tous les détails en tête. J'imagine que quelqu'un qui a étudié les meurtres d'Harit, ou qui a suivi l'affaire et gardé tous les journaux, les articles le concernant, oui. Oui, il aurait pu faire ça.

— Donc, ça pourrait être n'importe qui, soupire-t-il. Et ça ne m'avance pas.

— Tu n'es pas tout seul sur l'enquête, phi.

Il secoue la tête, les yeux perdus dans le vide. Je sais à quel point la frustration doit être immense lorsqu'on enquête sur quelque chose et qu'il n'y a aucune piste. Pas un seul indice, pas même un cheveu. Toute la scène a été passée au crible, et ils n'ont rien trouvé d'autre que l'ADN des victimes.

Mon regard se pose sur le portable de Zee, juste avant qu'il ne se mette à sonner, le faisant sursauter. Il l'attrape en faisant grincer le canapé et en voyant le nom de la personne qui l'appelle, lâche un juron.

— Ouais ? dit-il en décrochant. Ouais, je sais... Oui, il est tard ! Je vais rentrer, j'étais juste en train de... Oh, Diana ! Ne commence pas, s'il te plaît... Ouais, et alors ? C'est mon métier... Ok, c'est ça. Ouais.

COPYCAT || DISPO SUR AMAZONWhere stories live. Discover now