CHAPITRE V - ZEE

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Je pousse la porte de l'appartement et inspire profondément avant de souffler, c'est une manière de me donner du courage. Comme d'habitude, je sais que nous allons nous disputer. Et, comme d'habitude, Diana va me reprocher d'être beaucoup trop attaché à mon boulot. Mais lorsqu'une affaire comme ça vous tombe sur les bras, c'est impossible de faire autrement.

Une fois dans le salon, je remarque que Diana est assise sur le canapé, occupée à mettre du vernis sur ses ongles de pieds. Elle m'adresse un bref regard et se reconcentre sur la télévision. Elle est magnifique, mais ce soir je suis tellement en colère contre son comportement que ses jolis yeux ne me font aucun effet, pas même ses cheveux couleur d'or ou sa peau quelque peu basanée. Je voudrais simplement passer à ses côtés et rejoindre la salle de bain, mais je sais que ce n'est pas la meilleure des solutions, alors je prends mon courage à deux mains et lance la première réplique ;

- Je suis désolé de rentrer si tard. Nous essayons de résoudre l'affaire et...

- J'ai appelé le bureau et ton collègue m'a dit que tu étais parti depuis un moment, dit-elle sans me regarder. Je ne vais le demander qu'une seule fois, où étais-tu ?

Merde.

À tous les coups, c'est Peak qui a répondu. Il est bête comme ses pieds.

- Tu étais avec une femme, Zee ?

La manière froide avec laquelle elle me pose la question m'étonne. D'habitude, il y a longtemps qu'elle se serait levée pour me faire face et s'énerver jusqu'à avoir les joues prêtes à exploser. Pas cette fois. Elle me regarde, le visage stoïque et sans même une expression de tristesse ou de dégoût.

- Non, je n'étais pas avec une femme.

- Si tu n'étais pas au bureau, mais que ça a à voir avec ton boulot, dis-moi où tu étais.

Je n'ai pas le courage de tenir deux heures sur cette discussion qui commence déjà très mal, alors je me dis que ça ne sert à rien de mentir. Je soupire discrètement et enlève ma veste, prêt à aller prendre une douche. Et en espérant que la discussion ne dure pas des lustres.

- J'ai sympathisé avec un journaliste qui est assez calé dans le milieu criminel. Il est intelligent, alors il m'a aidé à y voir plus clair, expliqué-je.

- Un journaliste, ricane-t-elle nerveusement. Pour quelqu'un qui clame haut et fort qu'il déteste ces... comment, déjà ?

Elle fait mine de réfléchir, puis se lève enfin, rassemblant ses objets de manucure. Diana s'approche et se poste devant moi, ses yeux levés dans les miens, animés par une pointe de sarcasme. Exactement le genre de choses qui me donne envie de sortir de mes gonds.

- Ces petits connards qui pensent tout savoir, chuchote-t-elle. Mais si tu as changé d'avis, tant mieux. Tant mieux, Zee.

- Arrête, Diana. C'est mon métier de m'occuper des crimes et...

- Tu passes plus de temps à t'occuper des morts que des vivants, dit-elle en me coupant la parole. Tu sais quoi ? Parfois, j'aimerais bien être le tueur, au moins tu lui prêtes de l'attention.

Mon sang se glace, toute ma peau se décore d'un frisson d'effroi. Sans un mot de plus, Diana passe devant moi et rejoint notre chambre en claquant la porte derrière elle. Cette dernière phrase me fait prendre conscience que oui, je passe énormément de temps sur cette affaire, mais ai-je vraiment le choix ? Je ne veux pas quitter mon métier, et je ne veux pas perdre Diana.

J'ai à peine le temps de me lamenter sur cette situation familiale que mon téléphone vibre au fond de ma poche. Je sursaute et décroche sans même voir le nom.

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