Chapitre 4

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- Continuez de piler. Ce doit être de la poudre très fine.

Harry s'appliqua pour la préparation de sa potion. Les écailles de serpent des sables étaient très rares ces temps ci, et elles devaient être réduites en une poudre douce et très fine pour que leur effet soit optimal dans une potion d'âme. Une potion très puissante, capable de retirer l'âme d'un corps, avec peu de possibilités de retour en arrière. Une potion très complexe, que tous ces précédents professeurs avaient refusés d'enseigner à Harry. 

Le liquide du petit chaudron était d'un vert pâle. Il laissa la préparation chauffer dix secondes de plus, comme indiqué, puis ajouta la moitié de la poudre d'écailles d'un doré hypnotisant. L'agitateur tourna vingt secondes dans le sens des aiguilles d'une montre, et la potion prit une teinte violette-grise. Il finit de verser l'ingrédient, jusqu'au dernier grain, et laissa agir. Le liquide passa par le gris total, pour finir en argenté, et migrer vers le doré. 

Une fois le feu éteint, Harry put voir pour la première fois une vraie potion d'âme, dorée luisante avec des paillettes plus argentées tournoyant. Une morbide fascination le prit. Ce breuvage pouvait faire des miracles pour accéder à certains endroits indisponibles pour une enveloppe charnelle. Mais si un sorcier extérieur n'exécutait pas le contre-sort à temps, l'âme restait perdue dans une dimension inconnue, ni vivante ni morte. Ce n'était pas un fantôme, ni un être vivant, juste une vie, sombrant petit à petit, sans faire attention au monde. 

Etrangement, Harry eut l'impression de connaître les effets de ce poison d'or. Il les vivait chaque jour. La seule différence, était que tout le monde voyait son être encore vivant. Son être d'il y a plus de cinq longues années. Enfin, presque tout le monde.

- Elle est parfaite. Vous avez atteint un bon niveau Potter. Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour. 

Un rire sarcastique sortit de la gorge du vivant.

- Je pourrais encore vous impressionner professeur.

- Je n'en doute pas.

Snape était soulagé d'avoir réussi à détourner ce regard fasciné de la fiole. Finalement, il sut que c'était une mauvaise idée de la faire fabriquer au jeune homme, mais c'était le seul moyen de voir à quel point il avait progressé. Soit il la loupait et Severus reverrait les bases, peu importe de l'irritation du brun à ça, soit il réussissait et le fantôme enfouirait la fiole au fond d'un placard, à l'abri des regards. La potion était bien trop puissante pour une âme torturée comme celle du sauveur du monde sorcier. Bien trop tentante à utiliser. Qui savait ce qu'il pourrait en faire ?

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Une étrange routine s'était installée dans les cachots de Poudlard, sous le nez de chaque résident, sans que personne ne le sache.

Le professeur Potter faisait ses cours, toujours le sourire aux lèvres, mangeait dans la grande salle le midi, mais profitait du calme de la soirée pour manger dans ses appartements. Snape lui laissait généralement ce moment de répit, puis ils avaient l'habitude de faire ou commencer une potion avant le tour de garde du professeur. Les journées s'enchaînaient, toutes plus semblables les unes que les autres.

Cependant, vers le début d'octobre, Severus eut un mauvais pressentiment. Plus les jours passaient dernièrement, plus Harry revenait fatigué, et lassé. Mais ce n'était pas de la fatigue que tout le monde connaissait après avoir donné des cours toute la journée à de cornichons qui se fichent de la matière. Non, c'était une fatigue plus profonde, et le fantôme avait peur que le sauveur ne retombe. Ou du moins, ne sombre encore plus.

Une journée, il se décida à quitter la sécurité de quatre années dans les cachots, et suivit le nouveau professeur à ses cours toute la journée. Rien n'arriva. En théorie. C'est durant les deux dernières heures, un cours avec les quatrième années de Serpentards et Serdaigles que ce qu'il craignait se produit.

Aucun des élèves ne faisait réellement attention à sa préparation. Un chaudron explosa, et Harry stoppa toutes les fumées potentiellement toxiques d'un coup de baguette. 

- Daritton, encore ? 

L'élève de Serpentard maugréa des excuses dans sa barbe. Les nerfs de Severus, déjà mis à rude épreuve à ce spectacle, semblèrent prendre feu. Le gamin ne faisait pas attention, et se permettait de répondre ! Et Potter qui laissait couler. Mais il se retint d'aller traumatiser l'impertinent, et observa la suite. Cela n'apporterait rien de bon à Harry que le fantôme intervienne, il devait se faire une réputation seul.

L'oreille de l'ectoplasme capta les discussions des élèves de sa maison, et resta pantois.

- Et il a fait la guerre ? Un prof qui sait pas se faire respecter a tué celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ? Il se dit sauveur et professeur, je suis sûr qu'il ne sait même pas faire un philtre de paix. Pourquoi vous croyez qu'il n'a pas prit le poste de défense ?

Harry avait entendu. Le gamin avait parlé juste assez fort pour que tout le monde l'entende. Son dos s'était crispé, ses doits, avaient blanchis sur sa baguette, comme si elle était la seule à pourvoir le retenir à l'instant. Ce qui était probablement le cas. Le Serpentard continua de parler, ignorant le professeur vicieux cloué dans son dos. Harry se pencha de quelques millimètres au dessus du chaudron de l'élève, au dessus de son épaule. Chaque être présent retenait son souffle. 

- Et que connais tu à la guerre dit moi ? Tu as déjà vu ta famille, tes amis mourir dans tes mains ? Tu as déjà senti la mort prendre possession de ton être ? Le sang chaud de ta meilleure amie imbiber tes vêtements alors que la vie s'échappe doucement de son corps ? Et pourquoi tu te pavanes alors que tu n'ose même pas prononcer son nom !

Harry s'était relevé au fur et à mesure de son discours. Ce qui était au début un chuchotement était à présent une voix forte et cassée. Il avait chaque attention sur lui, et s'en délectait. Il se délectait de la peur qu'il inspirait à présent, et en avait marre d'être sous estimé, et qu'on parle dans son dos. 

- Voldemort ! Il s'appelait Voldemort, et je l'ai abattu. Le jour où tu verras tout ce que j'ai vu, tu pourras te pavaner. Le jour où tu vivras ma vie sans être mort de l'intérieur, tu pourras rire en disant que je suis faible. 

Le professeur était perdu dans ses pensées et dans sa folie. Au fond, une part de lui était consciente de faire une connerie. Une grosse connerie. Mais l'autre part s'en fichait. Elle voulait juste que tout le monde le voie tel qu'il était. Un mort. Une âme brisée et destructrice. Il ne voulait plus reprendre le contrôle. Il ne voulait plus faire semblant. Il voulait juste la paix.

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Kikou!

Je vous retrouve en cette fin de week-end (T^T) avec un nouveau chapitre ^^

Je sais, vous allez me détester pour ce cliffhanger ^^'''

Enfin bref, vos avis ? Des idées de la suite ?

Bon dimanche !

Kiss ୧(^ 〰 ^)୨

Potion EctoplasmiqueWhere stories live. Discover now