Croire en l'amour / Jeon Woong tome 2 Saga AB6IX

20. Un second rôle troublant

Le jeune frère du roi de Koguryo, Yeon Gaemin :

D'une manière générale, je déteste les généraux. Mais, ce gamin qui a été battu, semble différent des autres. Je n'ai pas lu la rage de conquérir dans son regard, comme celui de mon frère par exemple. Ce dernier a profité de la place de premier ministre de notre père, et de notre grand-mère auparavant, pour se hisser très haut dans la hiérarchie du royaume. Il était un véritable despote, imbu de sa personne, un combattant coriace et sans cœur. La seule personne apte à solliciter le plus doux de sa personnalité, était son adorable fille, Yon Soo.

La reine mère du royaume voisin, m'avait informé du complot vis-à-vis de mon frère. J'ai fermé les yeux, voyant ainsi un moyen sans m'impliquer de me débarrasser de lui et de son arrogance. Pour notre père, il n'y avait que lui qui comptait. J'ai négocié ma survie et celle de ma famille également. Cependant, j'étais loin de m'attendre au carnage auquel j'ai été témoin. Les chinois de la dynastie Tang ont exterminé tout le clan royal, sans aucune pitié, femmes et enfants. Quand je me suis rendu compte de mon erreur, il était trop tard. Je me suis plaint des agissements des chinois à la reine qui m'a donné l'impression de ne pas avoir maîtrisé la situation, elle avait été dupée par les chinois. Le général m'a épargné comme ordonné par la reine Jaui, mais il m'a fait emprisonné et torturé parce qu'il hait les traitres. J'ai sombré de le désespoir et la déprime quand j'ai compris que mon épouse, ma fille, ma nièce et mes autres frères avaient également été tués, quand j'ai cru être l'unique survivant de notre clan. Je ne voulais pas en arriver à ce point de non retour.

Je n'ai plus du tout aucune dignité, le poids de la trahison pèse sur mes épaules depuis cet incident. Les chinois avait une profonde rancœur contre mon frère parce qu'il avait repoussé leurs attaques à maintes reprises. Il était une brute inconsidérée, mais il avait beaucoup de talent quand il s'agissait de tactiques de guerre. Il a remporté une multitude de bataille contre eux. Se débarrasser de lui, leur ouvrait les portes de Koguryo. Dans ce sens, ils n'ont pas hésité à trahir le reine de Silla.

Ce Jeon Woong, n'est pas du tout ainsi. Il ne m'a pas dévoilé la totalité de son plan, or j'ai une idée précise de ce qu'il complote. Et, je le soutiens tout à fait dans cet objectif. Il se sacrifie pour satisfaire la demande de ma nièce. Je lui en suis reconnaissant et notamment de l'importance qu'il porte à notre royaume et notre famille. Il vaut bien mieux que moi. Rien pour que cela et dans le but de me racheter, je suis prêt à perdre la vie. Pour l'instant, il est parvenu à s'échapper, mais s'il veut s'attaquer au général, il n'y parviendra pas sans aide. Il connait ma nièce, ma fille. Pour faire amende honorable à ma trahison, je me dois de tenter n'importe quoi pour aider ce général de Silla. Je pense à ma fille que je ne reverrais jamais plus. Au moins, elle vit encore, et j'espère qu'elle aura un avenir heureux. De toute manière, je ne peux plus vivre avec cette culpabilité en fond de mon âme, je souhaite mourir pour rejoindre les miens. C'est tout ce que je mérite.

Je m'approche des barreaux en bois de ma cellule, et j'interpelle les gardes. Je les informe que je souhaite m'entretenir avec le général, parce que j'ai discuté avec mon voisin de cellule qui m'a avoué ses plans d'attaques. Un des gardes fronce les sourcils, mais dans la situation actuelle, ils n'ont apparemment pas retrouvé le fugitif, donc, mon offre prend tout son sens. Le chef des gardes m'informe qu'il va faire part de ma requête au général.

Il revient plusieurs minutes plus tard en m'indiquant que je pouvais le suivre. La porte de ma prison s'ouvre pour la première fois depuis mon emprisonnement. Au point que j'hésite d'en franchir le seuil. Je marche derrière ces hommes et je profite un peu de la liberté. Les habitants me regardent avec méfiance, et peur. En effet, ils m'ont reconnu, et pour eux, je suis le dernier survivant de la famille royale de notre royaume et je les ai tous trahi. Je baisse la tête, je suis honteux.

Les gardes s'arrêtent devant les quartiers du général. L'un d'entre eux m'indique de monter l'escalier et de me faire annoncer auprès de l'eunuque qui surveille l'entrée. Lorsque je pénètre à l'intérieur, j'ai une étrange sensation. En premier lieu, l'eunuque qui devait m'annoncer n'est pas là. Je suis surpris par le silence environnant. Puis, j'entends un bruit de métal, puis un autre, je réalise qu'il s'agit d'épées qui s'entrechoquent. Je me hâte d'entrer, et je découvre le combat entre les deux généraux. Le plus âgé, et je dirais même, le plus sadique semble plus puissant que le second.

Je les observe, ils ne m'ont pas encore aperçu. Le général de Silla semble blessé, et en difficulté. L'épée du général entre dans son flanc droit. Désormais, il est dépendant de la volonté de son adversaire de l'achever ou pas. Je ne réfléchis pas, mais je ne peux pas rester passif à observer cela. Je me précipite vers le général chinois, j'attrape une des épées qu'il porte toujours sur lui, et sans qu'il ne puisse réagir, je l'enfonce dans son cœur. Il me contemple avec étonnement. Du sang jailli de sa blessure, et il s'écroule au sol. Le jeune général, affaibli par ses blessures, et la torture qu'il a subi hier, me contemple sans réaction.

"- Je sais que je n'ai pas toujours été loyal envers ma famille, je l'ai même trahie. Mais, pour la mémoire de celle-ci et pour l'honneur de ma fille, je ne peux pas accepter que le général continue à tuer des personnes pour assouvir ses propres désirs de pouvoir. Vous devriez vous enfuir, pendant qu'il en est encore temps. Les gardes vont bientôt intervenir, je vais les retenir pour vous permettre de vous fuir !" Je lui révèle.

Il ne réagit toujours pas. Je le bouscule.

"- Partez ! Et prenez le comme un service que je vous demande, ne dites pas à ma fille que j'étais en vie et que vous m'avez vu ! Ne lui dites pas également que j'ai trahi mon clan. Je préfère qu'elle garde une bonne image de moi !" Je le supplie.

Il hoche affirmativement la tête. Les pas des gardes qui arrivent nous alertent de leur venue. Je le pousse à nouveau pour qu'il parte. Ce qu'il fait en me regardant une dernière fois avant de disparaître de ma vue. Je sais que je ne survivrais pas, ils sont nombreux. Et ils vont devenir furieux quand ils verront leur général mort. Ce n'est rien, ce jeune  homme courageux et valeureux devrait pouvoir s'en sortir. Le plus longtemps je résisterais, le plus de chance il aura de quitter le royaume. Après tout, il n'est pas la personne qui a tué le grand et célèbre général. Il n'est plus qu'un évadé de prison. Il a moins d'importance désormais à leurs yeux. Je suis devenu l'homme à abattre.

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JEON WOONG :

Le but a été atteint, mais pas par moi. Ce général ne nuira plus à personne. Je ne serais pas parvenu à le vaincre, seul l'effet de surprise pouvait en venir à bout. Cet acte chevaleresque du frère du roi de Koguryo prouve qu'il avait des mauvaises actions à se faire pardonner, et surtout beaucoup de culpabilité au fond de lui. Je cours pour regagner la forêt. Il y a beaucoup moins de gardes dans les rues. Tout le monde est préoccupé par l'assassinat du général. Je zigzague péniblement entre les arbres, je suis encore une fois blessé. Est-ce qu'Ae-hwa prendra soin de moi à mon retour ? Je souris devant mon espoir. Pour l'instant, je ne suis pas encore parvenu à la frontière de Silla.

J'ai soif, je suis faible, je n'ai pratiquement plus de forces dans les jambes. Je fixe l'horizon devant moi. Si je m'en sors, je ne passerais plus à côté de l'amour. Tant pis si je souffre, je vais lui avouer mes sentiments. Je suis déterminé, et la possibilité de connaître le bonheur dans ses bras me donne du courage pour endurer ma faiblesse et mes blessures. Je n'ai aucune idée du temps qui a passé depuis ma fuite de Wandu, mais j'aperçois la frontière en face de moi. Je marche encore quelques pas, je titube, mes jambes tremblent.

Je vois, je ne distingue pas très bien. J'entends des voix qui me menace et une autre qui les en empêche. Je m'écroule au sol, mon coeur bat très vite dans ma poitrine et mes tempes. Ma gorge est sèche et irritée, la douleur dans mon dos devient insupportable. Je cligne des yeux, le soleil m'éblouit. "Il fait jour !" je pense. Je suis incapable de parler, je distingue des silhouettes tout autour de moi. Puis, plus rien, le noir absolu........................