Prologue

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Gwenaël.

Mon Dieu, ce genre de célébrations me stresse au plus haut point. Qu'y-a-t'il de si jouissif à organiser une telle fête pour la simple raison que j'ai pris un an de plus ? Anne, ma sœur aînée, dit que c'est une façon comme une autre de célébrer la vie ; et étant donné que nous n'avons pas énormément de temps libre dans notre famille, « nous devions profiter de chaque occasion pour nous détendre ».

Je peux bien lui accorder cela, mais pourquoi s'est-elle sentie obligée d'inviter les Rosen ? Je ne dis pas que je ne les aime pas, ou que je ne m'entends pas avec cette famille. Ça serait ridicule que ça soit le cas après toutes ces années à se côtoyer et à travailler ensemble. Mais disons que je ne suis pas la personne la mieux placée pour interagir avec d'autres personnes, même avec mes parents et ma sœur, j'ai du mal, alors avec des gens étrangers à ma famille proche, c'est encore plus dur.

- Gwen ! Viens, tout le monde est enfin là ! Arrête de te cacher bon sang ! T'es plus un gamin !

Je ne préfère pas répondre car partir sur un débat pareil avec ma sœur aussi tard dans la soirée serait inconscient de ma part ; elle ne va pas me laisser tranquille, ça, je l'ai bien compris. Encore moins maintenant que la totalité de nos invités sont là. Heureusement qu'elle ne s'est pas sentie obligée d'inviter absolument tout le monde, j'imagine très bien le fiasco que ça aurait été si je n'avais pas supporté autant de monde d'un coup, chez-moi.

J'avais surtout très peur qu'Anne invite les Hoffmann, la famille de mon ex. Mais je crois qu'elle a fait preuve de bon sens en les oubliant. Je lui en suis reconnaissant pour cela, je n'aurai pas pu me détendre ne serait-ce qu'un minimum en présence de Luis. Et je n'ai pas non plus envie de passer la soirée à penser à lui, et comme on dit, quand faut y aller ; faut y aller hein. Alors j'y vais, et à peine ai-je mis un pied dans le salon que :

- Joyeux anniversaire !

Les voix qui se démarquent le plus dans ce cri du cœur sont celle de Vilem, l'aîné de la fratrie Rosen et bien sûr, celle de mon père qui a hurlé comme un malade. C'est lui le gamin de la famille, pas moi. Les autres ont été raisonnables, pour une fois que les triplés n'ont pas fait n'importe quoi. Enfin, la soirée ne fait que commencer, ils ont largement le temps de me faire des blagues. C'est l'un des moments que j'appréhende le plus parce que je ne sais jamais comment réagir devant eux, vraiment ; mis à part leur physique, on ne dirait pas qu'ils sont les frères et la sœur de Vilem.

- Gwen ! Allez, approche mon grand ! m'apostrophe mon père alors que j'essayais de me dérober aux câlins de tout le monde.

On ne dirait pas que je fais partie de cette famille, tout le monde parle d'un ton joyeux, si ce n'est d'un ton euphorique parfois - comme ce soir - mais pas moi, on dirait qu'on m'a foutu tous les soucis du monde sur les épaules. J'ai toujours été comme ça, et malgré les quelques blagues de ma sœur qui me fait savoir que je dois me montrer un peu plus joyeux de temps en temps, ma famille n'a jamais explicitement dit que mon comportement les dérangeait ou autre ; alors je ne me force pas à changer même si cela me dérange moi-même plus qu'eux.

Par contre, ce soir, je me dois de faire des efforts ; car tout le monde a participé à la préparation de ma « superbe soirée d'anniversaire » ; d'après Pierre, l'un des triplés. Alors, affichant un sourire de circonstance, je me mêle à la petite foule qui s'est rassemblée au milieu de notre salon et accepte tous les cadeaux qu'on m'offre. C'est tout de même extrêmement gênant d'être au centre de l'attention ainsi, et j'ai du mal à tenir jusqu'au gâteau. Et oui, Anne a tenu à ce que l'on commence par les cadeaux, et tout le monde a été d'accord là-dessus ; je me demande ce qu'ils ont manigancé derrière mon dos, j'ai hâte d'ouvrir tous les paquets d'un coup ! Mais je ne peux pas brûler les étapes, d'abord le gâteau, puis l'ouverture des cadeaux. Sinon ma sœur va me brûler vif ; et je n'exagère pas !

Rosadie ; plus qu'une histoire de famillesWhere stories live. Discover now