Chapitre 2

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Vilem.

A ma dernière remarque, je vois le visage de Gwenaël pâlir. Je savais bien qu'il n'aimait pas parler, surtout de tout ce qui le concerne de près ou de loin, mais à ce point...

Soudain, je me sens mal d'avoir autant insisté. Même si j'estime avoir le droit à une vraie explication, je n'ai pas l'intention de le forcer à en parler. Je pourrai facilement dévier sur un autre sujet, ou partir. Oui, partir, c'est une bonne idée. Gwenaël pourra se détendre et moi... bah moi je vais me reposer, enfin, j'espère pouvoir me reposer.

- Je devrais probablement –

- Je suis désolé.

- Hein ?

- Je suis désolé de t'avoir inconsciemment blessé.

D'accord. Soit il a changé d'avis et a décidé de s'expliquer, soit il veut juste en finir le plus vite possible pour se débarrasser de moi. J'espère que c'est la première option.

- Je... Gwenaël, comme tu dis, tu l'as fait inconsciemment, donc pas la peine de t'excuser, tout ce que je veux, c'est que tu me dises pourquoi tu te sens obligé de me mettre de côté dès que t'es en froid avec mes frères et sœur.

Il baisse la tête de façon à ce que je ne puisse pas voir son visage, et ses cheveux qui retombent sur son front ne m'aident pas. Je ne comprends pas pourquoi il baisse la tête alors qu'il y a deux secondes, il avait l'air... normal, si on peut dire ça.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demandé-je en me penchant en avant, espérant mieux le voir.

- Je te l'ai dit ce matin, commence-t-il. Je sais que c'est pas une raison, de faire ça juste parce que je veux pas qu'on dise que je fais du « favoritisme », mais je ne peux pas m'en empêcher...

- Ça t'importe tant que ça, ce que les gens pensent ?

- Bah... parfois. Est-ce que c'est mal ?

En posant sa question, Gwenaël se redresse et je suis scotché par toute la détresse que je perçois dans ses yeux. Ce mec va me finir un jour. Je le sens.

- C'est pas « mal » on va dire, mais ce que les gens pensent ou disent ne devrait jamais affecter la façon dont tu vis ta vie.

- C'est plus –

- Facile à dire qu'à faire, je sais, le coupé-je en me redressant à mon tour. Mais si c'est ça qui te tracasse, saches que si tu ne parles pas aux triplés mais que tu me parles à moi, personne n'en pensera rien de mal, tout le monde connaît leur goût prononcé pour les conneries alors c'est normal que tout le monde se fâche avec de temps en temps.

Gwenaël ne dit rien, se contentant d'hausser les épaules et de se coller au dossier de sa chaise, les bras croisés sur son torse. Soit il ne veut plus parler, soit il se remet juste de ses émotions. Je n'arrive pas à le cerner dans cet état, et moi aussi je suis épuisé alors je n'ai pas l'énergie nécessaire pour entamer un autre sujet plus sérieux encore, et plus personnel.

- Tu sais, en réalité –

- On est rentré !

Bon sang. Au moment où Gwenaël se décide à reprendre la parole, tout le monde rentre. Je ne cache pas ma déception quand je croise à nouveau son regard, et je comprends qu'il ne dira rien de plus avec sa famille juste à côté.

- Gwen, qu'est-ce que t'as – oh salut Vilem ! Je savais pas que tu venais !

- Salut Anne, réponds-je en me levant rapidement. C'était pas prévu, j'allais partir de toute façon.

Rosadie ; plus qu'une histoire de famillesМесто, где живут истории. Откройте их для себя