Chapitre 5

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Vilem.

Je me suis réveillé à peine une heure plus tard, et j'ai été content de constater que Gwenaël était toujours dans mes bras. Je suis resté un moment avec lui, profitant encore un peu de sa chaleur avant de le laisser se reposer ; non sans un dernier regard depuis le seuil de ma porte. En ce moment, je suis dans la cuisine avec un mug rempli de café à ras-bord et la tête explosée à force de trop réfléchir. J'ai passé une nuit des plus particulières et je ne sais vraiment pas quoi en penser.

D'accord, j'ai pu réconforter Gwenaël et être proche de lui comme j'ai toujours voulu l'être, mais j'ai aussi découvert qu'il portait un fardeau sur ses épaules depuis une dizaine d'années. Tout seul. J'ai du mal à croire qu'il n'en a parlé à personne alors qu'il semble proche de ses parents, mais il m'a expliqué pourquoi il n'avait rien dit et je crois que je comprends.

- J'y vais, tu me tiens au courant d'accord ? Et ne t'inquiète pas pour le centre, Yo et Théo vont me rejoindre dans peu de temps, repose-toi aujourd'hui, toi aussi t'as l'air épuisé.

- Je le suis.

Je souris et réponds à l'étreinte de ma mère qui se plante devant moi avec un grand sourire sur le visage, et je sais qu'elle ne va pas me lâcher.

- Tu me racontes ?

- Plus tard, tu vas être en retard pour –

- Alors déjà, je vais être en avance même si je reste encore un peu, et puis tu es plus important que le boulot, alors si tu as envie de m'en parler maintenant, je resterai, mais si tu refuses juste pour que j'aille travailler, Vilem...

- J'ai juste envie de... garder tout ça pour moi encore un moment, avoué-je en prenant une gorgée de mon café alors que ma mère hoche la tête.

- D'accord ! Quand tu voudras en parler, saches que je serai là.

- Merci Mama, soufflé-je en l'embrassant sur la joue.

Certains diront que je suis trop vieux pour encore embrasser ma mère ou la prendre dans mes bras, mais je m'en fiche. J'aime ma mère, et si on dit que je suis un « fils à maman », je m'en fiche aussi parce qu'il ne me reste plus qu'elle comme figure parentale et je ne compte pas perdre mon temps en suivant des codes dictées par une société moyenne-âgeuse. J'ai déjà perdu du temps lorsque mon père était vivant et je le regrette amèrement aujourd'hui, je me suis alors promis de ne jamais faire la même erreur avec ma mère.

- Il n'y a pas grand-chose à manger, alors si tu as le temps de faire quelque chose, fais-en assez pour tout le monde, sinon laisse, on verra au moment venu.

- Pas de problème, j'ai pas grand-chose à faire aujourd'hui à part dormir...

- Et ramener Gwen chez-lui, ajoute ma mère en quittant la cuisine. Bonne journée !

Je ne réponds pas vu qu'elle sort de la maison et ne m'aurait pas entendu. Je finis donc par engloutir mon café d'une traite et mets le mug dans l'évier, me promettant de le laver plus tard.

Je sors par la porte de derrière et rejoins la petite écurie que nous avons à l'arrière du jardin, j'entends Black qui trépigne déjà avant même que je n'ouvre la porte et j'ai à peine le temps de mettre un pieds devant l'autre qu'il s'élance dehors, hennissant si fort que j'ai peur pendant une seconde qu'il réveille Gwenaël.

- Black ! Hey ! Du calme mon grand, viens là. Voilà...

Je pose une main sur sa crinière tandis que l'autre caresse tendrement le devant de sa tête pour le calmer, et ça se fait petit à petit.

Rosadie ; plus qu'une histoire de famillesWhere stories live. Discover now