Chapitre 10

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Gwenaël.

Après m'être calmé grâce au chocolat chaud de ma sœur, je sens à nouveau mon genou recommencer à trembler et je soupire en levant les yeux au plafond, essayant de retenir mes larmes, en vain. Je me sens impuissant, et j'ai du mal à respirer correctement.

- Gwenaël ?

Ah oui, et Vilem ne m'a pas quitté d'une semelle depuis qu'on est arrivé. Ce pourquoi je lui suis reconnaissant, car tous les autres se sont engagés dans toutes sortes de conversations pour se changer les idées et passer le temps.

- Mmh ?

- Tu veux prendre l'air ? Tu es pâle.

Cela fait maintenant plus d'une heure qu'on est à l'hôpital et qu'on attend des nouvelles de Luis, mais rien. Alors j'hoche la tête à la proposition de Vilem et le suis à l'extérieur, vers le parking, où on s'adosse au mur, en silence. Je garde ma tête levée vers le ciel pour ne pas éclater en sanglots à nouveau et j'essaye de prendre de grandes inspirations ; ça ne marche qu'à moitié. En plus, je ne sais pas quoi dire à Vilem, on ne peut pas dire que je sais où on en est lui et moi.

- Comment tu te sens ? finit-il par demander.

- T'es sérieux ? Le fait que je chiale comme une merde depuis plus d'une heure ne répond pas déjà à cette question ?

- Je –

- Oublie.

Je me décolle du mur et m'avance dans le parking, jusqu'à la voiture de mes parents, laissant Vilem derrière moi. Je dois résister pour ne pas regarder en arrière. Okay, j'ai été rude en le coupant de la sorte alors qu'il voulait juste s'assurer que j'allais bien – mais je ne vais pas bien, et c'est évident, alors le fait qu'il m'ait posé cette question m'a dérangé, et je ne suis définitivement pas dans un état pour être compréhensible.

Je m'accoude à la fenêtre qu'on a laissée ouverte et soupire longuement, tentant de reprendre mon calme. Ça ne me fera aucun bien de m'emporter contre Vilem, et il ne mérite pas que je déverse ma colère et ma tristesse sur lui alors qu'il est encore tellement adorable avec moi. Mais comme je n'ai pas de chance, il commence à pleuvoir au moment où je me sens un peu plus calme et comme si l'univers voulait me prouver que je n'étais qu'un pauvre con et ingrat, j'entends Vilem me crier de revenir m'abriter pour ne pas tomber malade.

C'est vraiment un putain d'ange.

Je retourne quand même près de lui, assez près pour m'abriter mais assez loin pour ne pas faire de conneries. Au rythme auquel mon cœur bat actuellement, je risque de faire n'importe quoi si je m'approche de trop près.

- Désolé, c'était stupide de demander comment tu allais, dit-il après quelques secondes à se pincer les lèvres. Je vois bien que ça t'affecte et j'aurai pas dû poser une question aussi bête.

- C'est pas – écoute, je sais que tu voulais bien faire, mais c'est aussi un peu d'ma faute, j'aurai pas dû m'emporter ainsi contre toi, tu mérites pas que je déverse ma colère sur toi.

Je dis tout ça d'une traite pour ne pas bégayer ou hésiter, ensuite j'inspire discrètement pour ne pas trop montrer à quel point je suis hors-contrôle, mais Vilem le remarque vu qu'il arque un sourcil et secoue légèrement sa tête.

- Tu sais que tu n'as pas besoin de faire semblant devant moi, Gwenaël.

- Aaah, pourquoi tu m'appelles toujours Gwenaël ?

Je me plains mais au fond, j'aime ça. J'aime qu'il ne m'appelle pas Gwen, comme tout le monde. J'aime qu'il soit le seul qui m'appelle par mon prénom complet, et qui a même refusé de mettre « Gwen » sur son téléphone apparemment, choisissant à la place un surnom totalement original et dont seul lui et moi connaissons l'existence. Et Félice. Mais elle ne sait pas que c'est moi alors tout va bien.

Rosadie ; plus qu'une histoire de famillesWhere stories live. Discover now