| CHAPITRE 20 |

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• Fan de toi mais pas de moi •

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...LEO...


Je dévale les marches en tirant sur les manches de ma petite veste en jean et arrange mon foulard qui semble vouloir foutre le camp depuis que je l'ai enfilé ce matin. Il doit certainement se dire que c'est complètement stupide d'être autour de mon cou avec un temps pareil... et je ne peux qu'être d'accord. Nous sommes mi-mars et le soleil est au rendez-vous. La température a monté si agréablement que les gens ont oublié que nous n'étions pas encore en été ; certaines filles portent déjà des jupes et certains ne sont vêtus que de simples t-shirts manches courtes parce qu'aujourd'hui, en cette fin d'après-midi, on atteint les 23°C au soleil. Ce qui est plutôt pas mal. En revanche, je ne fais pas partie de ces catégories de personne qui prennent déjà la liberté euphorique de s'habiller légèrement.

Mon jean, ma veste et mon foulard m'accompagnent encore.

Et j'avoue que je meurs un peu de chaud. Je devrais les enlever, c'est certainement ce que va me dire Yoko lorsque je l'aurai rejointe mais... c'est au dessus de mes forces. Même après cinq ans, je ne suis pas capable de montrer mon corps aux autres. Il est bien trop hideux et je ne veux pas infliger cette vue... perturbante aux autres. Ne vous méprenez pas, j'aime le printemps parce que je peux mettre des vêtements plus légers, tout en restant dans la limite du raisonnable et que c'est moins déprimant.

En revanche, je redoute à chaque fois l'été.

Heureusement, il me reste encore trois mois avant que cette période de l'année ne débute.

Je sors de la salle de TD en me faufilant entre les étudiants qui attendent près de l'entrée pour poser des questions au professeur et passe entre un groupe en plein débat dans le couloir. Je regarde mon téléphone pour me rappeler du lieu de rendez-vous que nous nous sommes donnés, Yoko et moi puis le range dans mon sac cette fois-ci.

Je veux bien me le faire voler une fois, pas deux.

Je descends au rez-de-chaussée, secouée par les vagues d'étudiants qui sortent et qui finissent en même temps que moi et évite les duos ou les trios d'amis qui ne se soucient pas le moins du monde d'être une gêne dans les escaliers ou au milieu des couloirs. J'atteins ensuite la cour intérieure de notre université, constituée par la présence des bâtiments de diverses facultés dont la nôtre, celle de Droit. Yoko et moi sommes dans la même étant donné qu'elle s'est tournée vers une filière pour le moins surprenante pour une fille comme ma meilleure amie ; à savoir, une licence professionnelle comptabilité et gestion des associations. Je ne la vois pas faire de la comptabilité toute la journée mais soit... elle semble bien aimer, contrairement à moi qui me cantonne à rester dans ma licence par... habitude, disons ?

Je la cherche un instant avant de l'apercevoir aux côtés de sa colocataire, Mysie mais alors que je vais pour les rejoindre, je croise le regard d'une fille de ma promo, plus précisément la Fille Parfaite qui depuis notre... très courte discussion m'évite comme la peste. Je ne lui ai jamais vraiment parlée, alors ça ne devrait pas trop me déranger qu'elle m'ignore ou parte limite en courant en me voyant mais j'avoue que je ne suis pas insensible aux effluves de méfiance et de peur qu'elle laisse échapper à chaque fois que l'on se croise. Je ne comprends pas du tout son comportement, ni celui de ses amis ; j'ai voulu aller leur demander ce qui n'allait pas une fois mais quand ils ont vu que je venais dans leur direction, ils ont fui comme le ferait une horde de lapins face à un renard affamé.

Et pour ne pas changer, elle détourne la tête et attrape ses amis par les bras pour quitter la cour. Je fronce les sourcils en les observant partir, comme si rester au même endroit que moi pendant une minute allait entraîner leur mort subite. J'ai un pincement au coeur en comprenant aisément que je leur fais peur sans raison et secoue la tête, dépitée tout en me dirigeant vers Yoko.

Cruelle VirtuositéOnde histórias criam vida. Descubra agora