| CHAPITRE 15 |

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• Tous les hommes sont imprévisibles, il suffit juste de se préparer à toutes les éventualités •

~ ♦︎ ~

...SERGUEÏ...


— C'est vraiment n'importe quoi, grogne Rayle.

Comme s'il boudait, il est assis dans le canapé, clope fumante au coin de la lèvre, les sourcils froncés, et ce, depuis ce matin. Depuis que Bogdan est venu nous annoncer sa résolution du moment, il n'arrête pas de ruminer à voix haute en répétant que c'est une mission suicide. Je ne suis pas tout à fait en désaccord avec lui, à vrai dire. Je me demande depuis hier, pourquoi Bogdan est si déterminé à aider une fille comme Léora. Quelque chose m'échappe et ça a tendance à m'agacer. Je pensais qu'on allait pouvoir tout de suite quitter le pays et fuir mon père et la mafia mais il a changé tous les plans en une seconde.

Quel idiot... avait-il vraiment besoin de poser cette question ? Comme si j'allais partir et le laisser se débrouiller tout seul. Il n'a jamais été capable de se sortir des ennuis qu'il crée par volonté sans mon aide, bien qu'il croie sans doute le contraire. Nous avons tous les trois accepté de rester pour l'aider à protéger Léora et sa soeur sans même connaître tous les détails du plan de Bogdan. Il ne nous a même pas expliqué ce que Rose fuyait vraiment. Une fois que nous lui avons donné notre réponse, il s'est levé avec le sourire, abandonnant son air sérieux inhabituel, nous a dit à demain puis il est parti comme il était venu.

Depuis, Lucas est encore plus insupportable, trop nerveux et Rayle grogne et boude comme un enfant, pire que pessimiste.

— On va mourir, dit-il.

— Non, je finis par rétorquer.

Surpris que je le contredise enfin, il lève les yeux en soufflant sa fumée, les sourcils relevés.

— Comment tu peux en être si sûr ? Je te rappelle que c'est ton père qu'on doit affronter.

— On a de quoi se défendre.

— T'as juste ton sniper et nous, nos quelques armes. Il va nous manquer des cartouches.

Je me lève et sors de ce qui nous sert de mini-salon pour me rendre dans une pièce que, bien évidemment, Rayle n'est pas allé visiter. C'est Lucas qui, à force de vagabonder de tous les côtés, a trouvé ce squat totalement abandonné. Il devait être habité avant mais quand nous sommes arrivés, j'ai bien pu constater qu'il avait été déserté. Toutes les affaires des anciens locataires étaient encore là, dont une panoplie d'armes appartenant à je-ne-sais-qui entreposée dans l'une des pièces accompagnée d'une série de plantes complètement mortes, de bocaux remplis de liquide étrange et de photos recouvertes de poussières. Je n'ai pas trop porté d'attention aux bocaux et aux clichés. En revanche, j'ai halluciné en voyant l'attirail que le hasard nous avait offert. Nous avions de quoi faire pour nous défendre, il fallait juste voir si leur mécanisme n'était pas trop en mauvais état.

J'ouvre la fameuse porte pour montrer à Rayle que nous sommes pas en manque d'armes. Evidemment, malgré sa mauvaise grâce, il m'a suivi et il lâche un juron en voyant ce trésor inattendu.

— Qui vivait ici, bordel ?

— Un certain Albérick. J'ai vu une lettre qui était caché sous un Uzi.

— Bah merde.

— On a pas de quoi s'en faire.

— Mouais, lâche-t-il en coinçant de nouveau sa cigarette entre ses lèvres. Ça fait combien de temps qu'elles n'ont pas été utilisées ?

Cruelle VirtuositéWhere stories live. Discover now