Chapitre 22

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Point de vue de Meli : 

"De quelles informations avez-vous besoins Keelan ?"

Entrer dans le vif du sujet. Je n'aime pas tourner autour du pot et le plus vite je sortirais d'ici, le mieux je me porterais. 

Keelan semble, pour une fois depuis que je connais cet homme, presque gêné, voir inquiet. Tendu peut-être ? Voilà que je suis curieuse. Il a intérêt à me donner des infos croustillantes. 

"Je suis à la recherche d'une femme nommée Lucy Vincent."

Note pour l'avenir : faire attention à ce que je souhaite au cas où ça se réalise de manière inespérée dans le mauvais sens du terme.

J'ai une hiérarchisation dans les infos que je veux en échanges de celles qu'on me demande. En gros, plus on me demande du croustillant, plus on doit me donner du croustillant et quand on me demande simplement où se trouve Paul ou Michel, je demande quelque chose un minimum intéressant, pas où se trouve un autre type parce qu'il y a des chances que je sache déjà où il est mais le niveau est juste au-dessus de ça au minimum. 

Par contre quand on demande des infos sur quelqu'un de mon cercle proche, qui vient bien-sûr de s'agrandir à une vitesse fulgurante, ça change la donne. Les infos qui m'intéressent sont le qui, le pourquoi et le comment et une info qui vaut que je risque ma vie pour elle. Jusque-là ça ne m'étais jamais arrivé et je dois dire que je m'étais assurée que personne ne trouve jamais aucune information sur moi. Ma mère aurait été vivante, j'aurais pu croire qu'elle se serait attiré les foudre d'un dealer ou d'un type bourré s'avérant être un mafieux dans un des bar qu'elle fréquentais. Seulement ma mère est morte depuis plusieurs mois maintenant donc il n'y a pas de raison qu'on la cherche à ce que je sache et ce détail m'énerve. 

J'ai un malheureux réflexe de défense quand je me sens acculée, ce sont les membres du gang qui me l'ont dit après une ou deux agression. Je souris comme une "psychopathe de série policière". Autrement dit, et selon les termes de Two-face lui-même, le genre de sourire qui ferait se pisser dessus le diable lui-même. Apparemment les mafieux en face de moi sont a peu près à ce niveau là car il déglutissent. 

Je me sens particulièrement acculée en ce moment même. 

"Et puis-je savoir pour quelle raison vous cherchez cette chère Lucy ? Profitez-en ce sont les seuls infos que je demande en échange mais je veux toutes les raisons sans aucune omission."

En clair, le moindre détail que je devine échapper à ma connaissance, vous vous rhabillez et rentrez chez-vous bredouille. 

Les deux Irlandais se concertent du regard. Je vois clairement un "c'est notre dernière piste de toute manière" dans les yeux Tyron. Keelan tourne à nouveau la tête vers moi et finis par avouer : 

"Il y a quelques temps, j'ai reçu une lettre de l'avocat d'une femme qui a été un de mes plan-culs pendant quelques années avant de rencontrer ma femme, elle s'appelait Marie Vincent, une franco-américaine par ses parents."

Entendre le mot "plan-cul" dans la bouche d'un sexagénaire. Un bon point pour la surprise. 

"Elle m'a avoué dans son testament que j'étais le père de sa fille qu'elle a appelé Lucy et qu'elle a élevé seule à son nom jusqu'à ce qu'elle perde le contacte avec elle il y un peu plus de vingt-cinq ans. Nous avons pu remonter jusqu'à son université qu'elle a quitté en plein cursus sans donner d'explication à qui que ce soit."

Il me tend une photo du dossier scolaire avec sans surprise, une photo de ma mère plus jeune dessus. Jazz doit être amusé de la situation, en tout cas moi je le suis. Je ne trouve même pas ça effrayant, surprenant, ni même désolant. L'univers aime se foutre de la gueule de certaines personnes, et j'appartiens à ce groupe de veinards. 

Baby SnakeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora