Vérité

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Nous marchons dans le couloir, essayent de trouver la cafétéria. Du moins, c'est ce que j'essaye de faire alors que Sarah se contente de me suivre sans dire le moindre mot. Une certaine irritation me gagne face à son silence. Le problème est que je ne sais vraiment pas pourquoi sa présence me chamboule. Après tout, je ne me souviens pas de cette fille. Ou je préfère ne pas m'en souvenir. Drew n'a pas cessé de me dire que les souvenirs que je cherche me reviendront. Je n'ai pas essayer de me rappeler la mort de ma mère, ou les derniers mots de mon père, et pourtant, ils sont gravés dans ma mémoire. Alors que cette fille, bien qu'elle ait l'air plutôt mal en point, aurait dû me marquer. Et c'est sans doute le cas vu la tension qui crispe mon corps tout entier en sa présence.

— Sarah ? s'étonne tout à coup une infirmière passant dans le couloir.

Nous nous arrêtons, les deux femmes se regardent avec curiosité.

— Tout va bien ? lui demande-t-elle avec inquiétude. Tu ne devais pas revenir avant la semaine prochaine.

— Oui, oui, ça va, souffle Sarah en se touchant nerveusement les cheveux. Je suis venue voir une amie. Elle vient d'accoucher.

L'infirmière, soulagée, lui sourit largement avant de me jeter un regard soupçonneux.

— Vous êtes un ami de Sarah ? Je suis l'infirmière qui...

— Tu peux nous dire où est la cafétéria ? la coupe Sarah a notre plus grand étonnement.

Visiblement, elle n'a pas envie que je sache pourquoi elles se connaissent. Est-ce pour cette raison que nous ne sommes plus... amis ?

— C'est au rez-de-chaussée, vous ne pouvez pas la manquer, precise-t-elle en jetant des regards curieux entre nous. Je dois y aller, mais si tu as quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler.

Et aussi vite que ça, elle repart d'un pas pressé dans le couloir, nous abandonnant comme deux idiots qui ne savent même plus quoi faire. Enfin, c'est surtout moi qui me sent idiot, Sarah se contente de regarder partout sauf dans ma direction.
Sans un mot de plus, parce que je ne sais vraiment pas quoi dire en cet instant, je me dirige vers l'ascenseur, sans même l'attendre.
Évidemment, elle me suit. Je crois qu'elle est déterminée à me parler elle aussi. Enfin je l'espère. Parce que moi, j'ai une tonne de questions à lui poser.
Par chance, nous ne sommes pas les seuls dans l'ascenseur, et le temps d'arriver jusqu'à la cafétéria ne suffit pas à entamer une conversation. En revanche, dès l'instant où nous sommes assis, l'un en face de l'autre, un café devant moi et un verre de jus de fruit devant elle, dans un coin près d'un mur sous une rangé de plantes grimpantes, je ne peux plus retenir mes questions.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Sarah relève la tête, son regard confus croisant enfin le mien. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. J'imagine qu'il ne sait plus comment réagir maintenant qu'il est revenu à la vie.

— Tu... t'as vraiment perdu la mémoire ?

— Je ne te poserais pas la question si ce n'était pas le cas. J'ai comme l'impression que nous n'étions pas en bon termes.

Sarah baisse à nouveau les yeux, c'est très énervant. Je me revois passer mes doigts sous son menton pour le relever. Et l'embrasser... Un long frisson parcours mon dos, impossible de savoir s'il est agréable ou non.

— Sarah ? grondé-je en me penchant vers elle.

Je ne suis pas certain d'avoir le droit de la toucher, de m'approcher d'elle comme il semble que nous le faisions. Est-ce de ma faute ? L'ai-je blessée ? Ma plus grande peur a toujours été de me montrer aussi violent que mon père. Est-ce que j'ai levé la main sur elle ? Pitié, faite moi brûler en enfer si c'est le cas. Je ne me le pardonnerai jamais.

Une année pour me reconstruireWhere stories live. Discover now