CHAPITRE 44

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CHAPITRE 44

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CHAPITRE 44

HEAVEN

Aujourd'hui, ma vielle amie la solitude vient sinueusement me tenir compagnie. Elle m'enserre la gorge avec ses longs doigts crochues et me tient prisonnière. Et ses murmures acerbes me brûlent les oreilles et me font perdre la tête.

C'est à la pause de midi que je me rends compte à quel point la solitude que j'ai connue il y a presque deux ou trois ans ne m'avait pas manquée. 

À quelques tables de la mienne, au milieu d'autres étudiants surexcités par le récital d'Hiver qui aura lieu cette après-midi, Lewis et Emy rigolent à gorges déployées autour d'une assiette de frites.

Je mache sans grande conviction mon repas et détourne le regard en buvant une grande gorgée d'eau pour faire passer la pilule. Lorsque nous étions encore tous les trois les meilleurs amis du monde, nous nous étions promis de ne jamais rester fâché trop longtemps après une querelle.

C'est pourquoi je les envie, car je sais qu'après ce que j'ai fait, je ne pourrais probablement jamais revenir parmi eux. En plus, Emy va déménager dans quelques semaines pour le Brésil.

Si j'ai commencé à être amie avec Lewis et Emy, c'est parce que nous étions trois extrêmes incompris et que nous avions besoin les uns des autres. Oui, j'avais terriblement besoin de leur affection, quitte à jouer un rôle chaque seconde pour avoir le droit de rester à leur côté.

« Ça vous dit qu'on soit... amis ? »

Voilà les premiers mots que nous a souri Emy, quand je venais de lui renverser « accidentellement » mon chocolat chaud dessus après avoir éternuée un peu trop fort, dans un petit café près de l'école. 

Lewis, en passant par-là, n'avait pas pu s'empêcher de rire aux éclats en hurlant que « chocolat sur chocolat au lait, ça ne se voyait pas ». Il nous a ainsi transmit sa bonne humeur, comme une maladie qu'on attrape et dont on n'arrive plus à se débarrasser. 

« Objectif atteint » était ce que j'avais pensé, victorieuse. Nous avions répondu « oui », sans l'ombre d'une hésitation.

Amis... ce n'est pas le mot qui convenait à notre entente, pourtant, nous nous sommes accrochés à ces quatre lettres comme on s'accrocherait à la vie.

Le titre de « Team décalée » nous convenait à merveille. Lewis était le génie sadomasochiste, autant idolâtré que mis inconsciemment à l'écart. Emy était la tête en l'air de l'extrême, accro aux horaires et aux montres. Et moi, je jouais la gamine effrontée qui se croyait supérieure, mais dont la façade est bien trop fine pour ne pas voir la fille brisée qui se trouve recroquevillée à l'intérieur.

Il n'est pas étonnant que notre groupe ait si vite volé en éclats.

Une brûlure quelque peu amère remonte le long de ma trachée et j'avale ma salive de travers en relevant mes prunelles nostalgiques en direction de leur silhouette enjouée. Mais une figure non identifiée vient s'interposer et me tire de ma sombre rêverie.

ERASEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant