CHAPITRE 8

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Sa douloureuse érection constamment nourrie par ce qu’il voyait ne l’aidait pas à penser à autre chose qu’à celle dont le parfum reflétait le nom, un véritable arc-en-ciel.

Les heures continuaient à filer, et Antonio ne fit que répondre à un mail par-ci par-là, mais aucun réel travail n’était fourni. En l’observant, il sut reconnaitre certains tics que possédait la jeune femme. Alors quand il la vit fixer un point dans le vide en réfléchissant longuement, tout en jouant avec son stylo, il sut qu’elle était face à un petit souci.

— Qu’est-ce qui se passe ?
Rainbow sursauta face au ton de son patron avant de revenir à l’instant présent.

— Ri… rien Monsieur Grimaldi. Mes pensées s’étaient justes envolés pendant un court instant mentit-elle.

— Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit durant le premier jour de votre travail ?

— Oui Monsieur Grimaldi.

— Alors, arrêtez de jouer au lèche-botte, et dites-moi ce qui vous tracasse.

Elle se remit normalement sur son siège, tout en hésitant à répondre avant de se décider.

— Et bien, j’ai fini de comparer votre testament à la liste de vos biens. J’en étais aux associations, et la liste de Monsieur Kramer est certes bonne, mais…

Antonio la fixa, et profita de cette discussion à caractère professionnelle pour extraire ses pensées des méandres du désir. Ayant rappelé son corps à l’ordre, il se leva pour aller s’asseoir en face d’elle, comme pour mieux la voir.

— Mais ? insista-t-il réellement intéressé.

— Mais je me demandais, comment allez-vous vous assurer que ces associations conserveront les mêmes standards qui vous ont poussé à les choisir, et surtout, comment allez-vous après votre mort, vous assurer que toutes ses associations utiliseront votre argent pour faire ceux pour quoi vous le leur avez donné ?

Antonio la fixa, ravi de voir qu’elle réfléchissait par elle-même. Et mine de rien, elle avait soulevé là une question importante. Il ne servirait à rien que son argent durement gagné, au lieu d’aider, serve à entretenir la maitresse siliconée d’un chef d’association un peu trop zélé.

— Et que proposez-vous ?

Rainbow déposa les documents qu’elle avait en main, retira ses lunettes d’un geste gracieux qui attira l’attention d’Antonio, avant que la douce petite voix de la jeune femme ne le rappelle à l’ordre.

— Je me disais qu’au lieu de faire de votre don un acquit, pourquoi ne pas le conditionner.

— Le conditionner ?

— Oui, faites de telle sorte que ce que vous avez donné puisse être suspendu voir même retiré si jamais l’association n’est plus en règle, ou si elle se détourne de ses objectifs premiers.

— En quoi faisant ?

— Créer une instance qui serait chargée de surveiller de très près toute association qui prendrait vos financements, et au lieu de vous cantonner à un certain nombre d’associations, cela vous permettra aussi d’en faire entrer d’autres au fils des années.

— Vous voulez que je crée une association qui dirigera sur le long terme les financements que je déciderai d’octroyer à un certain nombre d’association ?

— Exactement ! s’enthousiasma Rainbow avec un magnifique sourire au naturel dévastateur qui lui coupa le souffle. Ses traits devenaient encore plus juvéniles qu’ils ne l’étaient, et son visage s’éclairait comme si on lui avait annoncé la nouvelle du siècle. Il regardait ses yeux briller, et il se prit à se demander comment il se sentirait si jamais pareil sourire lui était adressé, à lui tout seul. Elle ne lui souriait pas pour le séduire, et encore moins elle ne souriait pas comme toutes les croqueuses de diamants avaient l’art de le faire, ce qu’il avait sous les yeux était pur, et beau. Deux adjectifs qu’il employait rarement pour décrire une femme encore moins quand il s’agissait du sourire d’une femme.

Le sacrifice de l'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant