CHAPITRE 46

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— Je ne peux pas, ne se lassait de répéter Antonio en fixant d’un œil humide et morne le landau bleu nuit qui lui faisait face, engin qui cachait un être dont il ne savait rien il y’a encore deux heures, et depuis deux heures, il ne parvenait pas à intégrer cette nouvelle réalité. C’était brusque, trop brusque, et surtout, elle n’avait pas sa place, cette réalité ne devait exister.

Il y’a plus de six mois il avait découvert dans les affaires de Rainbow un test de grossesse positif, et ce fut cette fois que l’idée d’avoir un enfant avec elle lui fut douloureusement agréable, cela avait été un rêve qu’il s’interdisait de faire, car très vite le rêve tournait en cauchemar, il ne pouvait mourir et lui laisser la charge d’un enfant, puis elle avait disparu, et cette folie avait bien vite été oublié, et maintenant, il s’avère qu’elle était enceinte, et si tel était le cas, où était-elle depuis tout ce temps, était-elle vivante, et lui, pourquoi n’avait-il pas continué la recherches, à la place, il avait vécu au fond d’une bouteille à chaque heure qui passait, s’il l’avait mieux cherché, peut-être qu’elle serait en vie, qu’elle serait là, sous ses yeux avec ce bébé, mais non, elle était morte, et il y’avait ça.

Jamais il ne pourrait y arriver, c’était impossible, comment réagirait-il en voyant un jour sur les traits de cet enfant ceux de sa mère ? Vivre avec toute cette culpabilité ? Il ne le pouvait. Dans un sanglot étouffé, les coudes sur la table, il se tint la tête, les yeux baissés sur la table de bois rouge, et là, se trouvait la Croix et la médaille miraculeuse qui semblaient le fixer. Une larme filtra à travers ses longs cils noirs, et s’échoua dessus.

— Non en effet, jamais tu ne pourras, approuva une voix légèrement amusée.

Un frisson de crainte lui parcourut l’échine, et cette voix, il la connaissait.

Surpris, Antonio leva les yeux vers l’indésirable présence qui se tenait non loin de la porte d’entrée, et l’homme était là, avec lui toute cette oppressante aura qui l’entourait tel un voile funeste.

— Toi je peux t’assurer que Quelqu’un d’extrêmement très haut placé t’a à la bonne. Jamais je n’avais rencontré autant de retournement de situation durant un accord. Mais nous en sommes encore là, et une fois encore tu empestes ce parfum irrésistible qui m’appelle, l’accablement, le désespoir, et tout un tas d’autres choses du même acabit, et je peux te dire que tu sens merveilleusement bon, un peu comme le jour où je t’ai trouvé, presque mort, inutilement allongé sur un lit d’hôpital, aussi impotent que la dernière des larves de la création.

— Que faites-vous ici ?

L’homme retira son chapeau, et d’un pas nonchalant il se dirigea vers Antonio.

— Comme je te l’ai dit, tu portes un parfum que des êtres comme moi on adore. Ton avide et impétueux désir que tu as d’obtenir à tous les prix quelque chose, empeste à des milliards de kilomètres à la ronde, et surtout, toute cette détresse… l’homme termina sa phrase dans un lent sourire qui créa un lourd étau d’inconfort autour d’Antonio.

— Vous saviez pour ce bébé.

— Dès l’instant où je l’ai vu quitter ta maison sept mois plus tôt, je l’ai vu, elle avait cette rayonnante lumière, ce surplus d’énergie cosmique propre à toute celle qui porte une nouvelle flamme en leur sein. Et à ce moment, je me suis dit, on va vraiment s’amuser.

— Espèce de fils de pute !

— Woh ! Descends de tes grands chevaux veux-tu, à ce que je sache, il y’a dix années tu étais grand partisan de mes jeux, et impossible de retourner ta veste maintenant qu’il est temps de descendre du carrousel. Ainsi donc c’est là le passager supplémentaire qui m’a empêché de cueillir sur le champ la sublime fleur qu’était sa mère, poursuivit l’homme.

Le sacrifice de l'angeМесто, где живут истории. Откройте их для себя