Chapitre 6

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Ω Noah Ω

Comment être en parfaite opposition avec soi-même ? écrit par Noah Blake... BORDEL DE MERDE !

Le déjeuner avec Hugo remonte maintenant à plus d'une semaine. Sept jours de souffrance. Cent-soixante-huit heures que je voudrais effacer pour mieux les réécrire.

Je ne lui ai laissé aucune chance d'explications. Chaque fois qu'il tente une approche, je me braque. Il se montre patient, je le sens, mais la vérité, c'est que je ne sais pas ce qu'il attend de moi ni ce que je veux de lui. Et ça me terrifie.

Me voilà, à nouveau seul chez moi. Je ne fais rien. Je n'ai envie de rien. J'ai le sentiment d'être une coquille vide. Je me complais à merveille dans cette situation. Durant ce court moment, je peux être celui que je suis réellement. Un homme brisé qui survit en maintenant la tête hors de l'eau. Pas de « Dirty's », l'événement du dernier soir me reste encore en tête. Habituellement, m'abandonner dans les bras d'un homme suffit à endormir mes démons, mais pas cette fois. De surcroît, je n'ai pas réussi à resituer ce regard, celui qui m'a happé alors que je quittais le bar... Je suis certain de l'avoir déjà vu quelque part, mais impossible de m'en souvenir. Ce cerveau ne me sera décidément d'aucune utilité. Jamais !

Je suis vautré dans mon canapé, Netflix décidant lui-même de mener sa vie. Au menu du jour, nous avons une bande de geek qui ont l'air de passer toute leur vie autour de la même table basse, mangeant chinois tout en parlant de physique, de STAR WARS et de jeux-vidéos. Je crois que le noyau du groupe s'appelle Sheldon... ou un truc du genre. Ça n'a pas l'air très passionnant, mais ça remplit à merveille le rôle de la soirée : faire un bruit de fond. Je suis bêtement habillé d'un short avec un simple t-shirt vert fluo... Ce truc traîne dans mon dressing depuis des années. J'avais des goûts vestimentaires très étrange étant ado. Mes cernes sont marqués, je ne dors pratiquement pas. J'ai le teint plus que blafard. Ma barbe de trois jours commence à devenir dérangeante, sauf que je n'ai pas l'envie d'y remédier. À quoi ça pourrait bien servir ? Pour qui devrais-je me montrer bien apprêté ? La réponse est simple, personne.

Tu es seul Noah... Tu l'as toujours été ! Tu le resteras.

Je n'ai même plus la force de vouloir prétendre le contraire. Je ne désire plus combattre ce sentiment, juste me laisser aller. L'obscurité des abysses m'appelle, me courtise. Je me sens fébrile, je veux partir... Ce serait tellement facile. La fenêtre ? Les médicaments ? Les veines ? Tant de choix. Tant de possibilités pour enfin me libérer... La sonnette de mon appartement retentit malgré moi, coupant court à mes pensées autodestructrices, réveillant mon mauvais caractère en une fraction de seconde. Ce n'était vraiment pas le moment !

– Putain de merde ! C'est qui ? Je n'attends personne. Encore moins à cette heure-ci !

L'intrus derrière ma porte n'en a, semble-t-il, rien à foutre vu qu'il continue à sonner comme un dératé.

– Putain !! Il se croit où celui-là ? Dans une église ?? Je vais lui éclater la gueule s'il ne se calme pas très vite.

Je me dirige d'un pas énervé vers l'entrée de mon appartement et ouvre d'un coup sec, prêt à éventrer cet enfoiré. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Une petite tornade brune me passe devant sans même me prêter une quelconque attention.

– Tu comptes rester devant ta porte comme un idiot toute la soirée ? Ou tu vas bouger ton cul et me rejoindre dans le salon ? hurle une voix que je ne connais que trop bien.

À mon grand regret...

Sacha est déjà installée sur le canapé, comme si elle était chez elle. Il va vraiment falloir que je lui apprenne la bienséance, mais également les limites liés aux espaces personnels. Quand votre ami/collègue pense à se suicider, vous le laissez tranquille ! Ce n'est pas compliqué à imprimer.

Broken Soul (SOUS CONTRAT D EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant