Chapitre 12 :

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Une porte claque.

Je relève brusquement la tête. Je crois que je me suis endormie. Un uniforme vert entre dans la  la pièce, avec l'insigne rond des médecins. Il est plutôt rond lui-même et à des cheveux blonds attachés en queue-de-cheval. La pièce étant petite, il dut rentrer son ventre pour passer à côté de mon lit.

Il a l'air exténué, lui aussi. Ses derniers jours ont dû être bien occupés, depuis quand il n'a pas dormi ? Ses cernes et sa tête de trois mètres de long me laissent deviner que cela se compte en jours. Soudain, je me redresse. Les blessés. Ash. Où est-il ? Je veux parler, mais seul un son rauque sort de ma gorge - ce qui est déjà pas mal. Aussitôt, des gouttes de sang perlent de mes lèvres et le médecin me fait signe d'arrêter de parler. Il soupire.

- Tu n'y arriveras pas et en plus, ça te fait mal.

Je pense à Ash et à sa chaleur contre moi. Je frissonne. Je le veux près de moi. Je dois savoir s'il est vivant. J'essaye de me lever, mais le médecin me retient au lit. Il n'a pas beaucoup de force, mais son contact suffit à me faire reculer brusquement en grognant de douleur.

Il me sourit d'un air fatigué, me dit de ne pas m'inquiéter. Ne pas m'inquiéter ? Je balance mes jambes dehors, mais le médecin me ramène illico dans le lit et je dois griffer les draps pour ne pas partir en vrille.

- Tu n'es pas en état de te déplacer, écoute ce que te dit ton corps ! Si tu as mal, c'est que tu ne dois pas continuer, il martèle en me fixant droit dans les yeux.

Gnagnagna ! Je lui renvois un regard furieux. Si j'écoute mon corps, je suis actuellement morte.

Je carre les épaules. Je veux sortir. Voir Ash, et Kaïcha, Laaja, Aron... je me relève. À la cinquième tentative, le médecin perd patience et m'attache les pieds au bout du lit avec une corde. Je me mords les lèvres et je lâche un petit son, à mi-chemin entre le grognement et le gémissement au contact de la corde rugueuse sur mes pieds à vifs. Il me regarde d'un air désolé.

- Je suis désolé de faire ça, mais tu ne me laisses pas d'autres choix.

Je ronge mon frein. Je dois attendre. Attendre que je sois dans un meilleur état et me libérer. La patience n'a jamais été mon fort, mais je n'ai pas d'autres solutions. Le médecin se penche et prend ma tension, qui se révèle faible. C'est ridicule, il n'y a pas besoin du gros truc qui m'entoure le bras pour le savoir... il se lave soigneusement les mains et verse précautionneusement un liquide bleuâtre sur une compresse stérile. Il entreprend alors très légèrement de l'appliquer sur toute ma peau brûlée puis il la sèche doucement.

Il étale ensuite une grosse noisette de pommade marron clair sur une large bande de coton et le plaque contre ma peau. Je soupire de soulagement quand je sens le contact frais sur ma peau brûlée et bascule la tête en arrière. Oh ! Ca fait tellement de bien ! Il procède de la même façon pour mes deux jambes, mon torse, mon cou, le bas de mon visage et mes bras. Il farfouille dans son sac et se tourne vers moi.

- On va procéder à quelques tests, m'avertit-il.

Il brandit un petit pot de peinture. Je le regarde avec des yeux ronds, où est ce qu'il a bien pu le prendre ?

- Est-ce que tu sens la peinture ? Me demande-t-il.

Ces tests durent une bonne heure au bout de laquelle il me touche le front et retire immédiatement sa main. Il va chercher quelque chose dans une trousse et je commence sérieusement à me demander ce qu'il fait quand il en ressort un verre d'eau dans lequel il dilue une pilule blanche et ronde. Je fronce le nez. Je déteste... ces choses.

- Bon, je vais essayer de te faire boire un peu. On va voir si ça passe. Dès que tu as mal, tu me serres la main, d'accord ?

J'ai la tête lourde, je n'ai qu'une envie : dormir. Il verse un filet d'eau dans ma bouche et je dois mobiliser tout mon sang-froid pour ne pas la recracher. Je vire au rouge, puis au blanc, et ne desserre pas les mâchoires jusqu'à ce que plus une goutte ne reste. Le médecin fronce les sourcils et se penche vers moi.

Le regard du Lion - Double-âme [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant