Le regard du Lion - Double-âme [2]

Chapitre 7 :

Je reste figé sur place. La silhouette qui se découpe devant la fenêtre pivote. Mes yeux s'agrandissent. Ses cheveux volent en l'air devant son visage, mais l'éclat ambré de son œil transperce le rideau de ses cheveux. Il fait un pas en avant et un tremblement nait dans ma gorge. Mes jambes faiblissent.

Il est là, debout devant moi, auréolé par la lumière derrière lui, aussi beau qu'un archange. Un déchu, cependant... son teint est presque blanc et sa manière de se tenir essaye de cacher une douleur physique.

Je ressens un courant froid suivit d'un souffle chaud dans mon corps. Je reprends brusquement conscience que je dois respirer et inspire une grosse bouffée d'air en m'étouffant à moitié. Mes pensées s'entrechoquent. Je veux parler mais rien ne sort de ma bouche. Pourquoi ? Comment ? Quand ?

- Tu... ma voix s'étrangle dans ma bouche.

Mes sourcils se froncent. Il a avancé et je vois à présent l'épais bandage autour de son front. Le poids de la culpabilité s'abat sur mes épaules. C'est à cause de moi. Les battements affolés de mon cœur martèlent mon cerveau, m'empêchent de réfléchir. C'est à cause de moi !

Ses lèvres s'entrouvrent.

- Shari... il murmure d'une voix basse. Je suis content de te revoir...

Mes muscles se remettent soudain en mouvement, comme s'ils avaient identifié le propriétaire de cette voix. Je m'élance et l'enlace de plein fouet. Il se heurte à la fenêtre derrière avec un grognement.

- Eh, je viens de sortir d'opération... il souffle.

C'est peut-être la résistance brève de ses muscles, mais soudain ça explose dans mon ventre. La Colère. Elle surgit d'un coup, sans me prévenir.

- Pour qui tu t'es prit ! Je hurle en le frappant, le nez plissé de fureur. T'as pas le droit de me laisser seule ! Pas le droit de te sacrifier ! Ne refais plus ça, plus j...

Il me soulève le menton et m'embrasse intensément en attirant ma taille contre lui. Ses lèvres transforment ma fureur en chaleur d'un autre type. Je ferme les yeux et m'agrippe à lui. Son odeur d'encre et de métal me donne le tournis. Ses bras glissent autour de moi. Ses larmes se mêlent aux miennes et donnent un goût salé à notre baiser. J'en ai le souffle coupé. Je n'ai jamais été embrassée comme ça. Comme si sa vie en dépendait.

Ses paupières se soulèvent lentement et mon cœur s'ébranle. Ses yeux ne me regardent que moi. Rien ni personne d'autre. Mon souffle est en suspension. La peur d'avoir failli le perdre submerge tout. Ma main se colle contre sa poitrine et il presse sa main contre la mienne sans dévier son regard de l'intérieur de mon âme. Les battements de son cœur martèlent rapidement ma poitrine comme rappel qu'il est bien là, qu'il vit avec moi. Je voudrais qu'il fusionne avec mon cœur pour pouvoir l'entendre où qu'il soit.

Son souffle plonge dans mon cou, il me retourne contre la fenêtre et approfondis notre baiser. Quelque chose bondit dans ma poitrine. Sa bouche se fait plus pressante. C'est comme si son souffle aspirait le mien. Je passe mes bras autour de son cou et me rapproche encore plus de lui dans un tournis enivrant. Ses dents mordillent ma lèvre inférieure et font monter en moi une ivresse enflammée. Sait-il à quel point je vis pour lui ? À quel point je le veux ?

Il effleure de ses dents mon cou. Je frissonne.

Son regard me consume. Ses lèvres descendent lentement sur ma gorge et électrifient ma peau. Je soupire. Son visage se rapproche à quelques centimètres du mien et il effleure mes lèvres en abaissant gracieusement les paupières dessus :

- C'est moi ou... tu as soupiré ? Il murmure.

Je me sens rougir et relève la tête.

- C'est toi, je grogne.