{10} Craquage

124 7 0
                                    

Je me dirige directement vers le bar et demande un whisky. Alcolo bonjour ! Un mec de mon âge me sert, un sourire dragueur aux lèvres.

- Laisse tomber j'ai pas la tête à ça beau brun

- Dommage, si tu changes d'avis tu sais où me trouver...

Et il retourne à ses boissons pendant que je parcours la foule du regard. Une fois ma cible en ligne de mire, je me dirige vers lui tel un fauve vers sa proie. A pas lent mais surs j'arrive à ses côtés.

- Augé quel plaisir de te revoir !

Il se retourne en sursaut tandis qu'un rictus apparaît sur son visage.

- Comment allez vous ? me questionne t-il

- Ne nous encombrons pas de telles politesses tu veux bien. Je sais que t'as prévu quelque chose ce soir. Après tout, ça serait bête de ne pas essayer, tout le monde est occupé avec la cérémonie en l'hommage de notre défunt parrain, c'est le moment idéal

Il déglutit, signe que j'ai vu juste.

- Mais laisse moi t'apprendre une chose qui te servira à l'avenir : j'ai toujours, toujours un coup d'avance

- Je vois pas de quoi vous parlez il se défend mais sa tête le trahis, il panique

- Oh que si tu vois, tu vois très bien même. La cellule de Sandy est équipée d'un système qui fait que si quiconque essaie de rentrer, pouf ! Elle explose

- Vous bluffez il tente imperceptiblement tremblant

Totalement.

- Si tu le dis, mais à ta place, je ne prendrai pas le risque de voir des morceaux ensanglantés du corps de ma fille voler dans le jardin.

Il tressaille, imaginant certainement cette vision d'horreur.

- Juste un conseil : annule tout

Il sort précipitamment de la maison tandis que je ricane légèrement. Un homme de la cinquantaine se plante à mes côtés.

- Respect. En 27 ans je ne l'ai pas vu une fois perdre son sang froid, comment vous avez fait ?

- Un magicien ne dévoile jamais ses secrets je lui souris avant de saisir une coupe de champagne et m'en aller.

Je passe de groupes en groupes, calant des menaces ni vu ni connu dans mes phrases que seul l'intéressé percute. Une vrai intimidatrice dites moi ! A chaque fois, le concerné se tourne vers moi, vivement ou imperceptiblement, me sonde, panique avant de retourner à la conversation comme si de rien était. Les moins téméraires prétextent une envie pressante pour s'enfuir le plus vite possible loin de moi. Au bout de ce qui doit être une heure, je capte un regard vert parmi la foule. Matteo est seul, adossé à un mur près du bar et observe la foule comme un roi le ferai avec ses sujets. Pour la première fois de la soirée, je le détaille de haut en bas. Putain j'aurais pas dû, vêtu d'un costume trois pièces il est terriblement sexy. Sa manière nonchalante de s'adosser contre la cloison n'arrange pas les choses. La température monte d'un coup et lorsque son regard croise le mien je feins vouloir aller me chercher à boire. Lorsque je passe à ses côtés, je lui chuchote :

- Mon salon, dans 5min

Je pose ma coupe de champagne sur le buffet et cherche Lucio dans la foule. Lorsque je l'aperçoit enfin, je lui fait signe de me suivre. Je sors de la maison, mon consigliere sur les talons. J'arrive devant le garde de la porte d'entrée de mon aile et m'arrête.

- Laissez entrer un homme de mon âge, blond aux yeux verts et personne d'autre, sous AUCUN prétexte. Lucio tu restes avec lui, si il y a une urgence et UNIQUEMENT vous m'appelez

Mon consigliere tire une tête de six pied sous terre mais ne dit rien. J'entre chez moi et pars dans la cuisine boire de l'eau fraîche pour faire descendre ma température corporelle beaucoup trop haute, en vain. Je me dirige ensuite vers le salon et je m'installe sur l'accoudoir du canapé. Quelques instants plus tard, le cretino apparaît, un rictus scotché au visage.

- Tu voulais me voir ? il s'amuse

Je l'intime silencieusement à me suivre jusqu'à mon bureau. A peine la porte fermée, je me jette sur lui. Putain la sensation de ses lèvres sur les miennes m'avait manqué ! À cet instant, je ne ressent plus le trou béant dans ma poitrine, je me sans revivre. On recule jusqu'à que je me cogne au bureau avant de m'asseoir dessus. Dans un élan de je ne sais trop quoi, (c'est sûrement dû au fait que j'ai enfin trouvé quelque chose ou plutôt quelqu'un qui comble le creux laissé par la mort de mon grand-père) oui on va dire ça je me jette dans ses bras et le sert fort contre moi, respirant son odeur. Il ne dit rien et me rend mon étreinte. Au bout de quelques instants il me questionne :

- Ça va ?

- Bizarrement oui

Ça va même super bien ! Je me sens euphorique comme si son parfum était une putain de drogue. Oula sa sent mauvais pour nous ça. Haha très drôle le jeu de mot la conscience (notez le sarcasme). Ayant perdu toute notion de temps, je ne sais pas combien de temps on reste ainsi, moi accrochée tel un panda a lui, les fesses sur le bureau avant qu'il ne s'éloigne légèrement pour me regarder dans les yeux.

- Et bah... qu'est-ce qui me vaut ce câlin ? dit-il en s'éloignant Tu as toujours mon collier il remarque en souriant 

Submergée par le néant et mes putains d'émotions négatives qui reviennent au galop lorsqu'il est trop loin de moi, j'éclate en sanglot.

- Toute ma vie j'ai pensé que j'étais seule au monde, putain de seule ! Que personne ne me comprenait, que j'étais un élément à part, que personne n'était comme moi, personne je sanglote . Toute ma vie on m'a dit que mon grand-père était mort. Et quand je l'ai enfin trouvé, quand j'ai enfin trouvé cette personne qui me ressemblait, qui me comprenait on me l'enlève ! Il était comme moi putain ! je sanglote à nouveau On pensait pareil ! J'avais enfin trouvé une famille ! Et un putain de connard a estimé avoir le droit de me prendre ça ! Me prendre ça je répète imperceptiblement contre le torse de Matteo qui vient de se jeter sur moi.

Je m'accroche à lui comme quelqu'un s'accroche à une bouée de sauvetage lorsqu'il se noie en pleine mer. Moi, je me noie dans mon chagrin, ma détresse. Il me berse lentement, me répétant que ça va aller, qu'il est là, embrassant mon crâne par intermittence. A son contact, les larmes se tarissent. Il éloigne sa tête, gardant ses bras musclés autour de mon petit corps et me regarde dans mes yeux.

- Tu n'est pas seul, je suis là moi, ton frère est là....

Je lui souris et il reprend en essayant de me consoler :

- Y'aurais pas une salle de bain par là ? Parce que là tu ressemble plus à Voldemort qu'à une femme fatale rit-il

Si lui aussi il s'y met on va pas y arriver ! Je rit légèrement à mon tour tandis que je lui indique ma chambre. Il me porte jusqu'aux vasques et me pose sur le meuble. Il prend un coton dans la boîte sur le bord de l'évier et essuie délicatement mon visage. Je prend le temps de le détailler minutieusement. Il est magnifique. Les jambes toujours autour de ses hanches, je descend mon regard sur sa chemise lésant entrevoir son torse musclé. Mauvaise idée, le désir remonte en flèche en moi et lorsque mes yeux tombent sur ses lèvres, j'agrippe sa veste et les assailles. Sa langue demande immédiatement l'accès à ma bouche et je l'autorise sans éditer une seconde. La température monte d'un cran et je sent son erection apparaître sous son pantalon.

Héritage d'un empire Where stories live. Discover now