1-

209 32 9
                                    

PDV Sarah

Voilà les vacances commencent !

J'ai fini la première année en beauté en sortant major de ma promotion. C'était un travail de longue haleine, mais je ne m'en plains pas. J'aime être parmi les meilleurs, de plus mon père est plutôt quelqu'un d'exigeant. Moi c'est Sarah d'Almeida, j'ai deux merveilleux parents. Ma maman, est commerçante et mon père fonctionnaire bientôt en retraite. J'ai aussi un grand frère à l'étranger et je suis la benjamine. Durant tout mon cursus, je me suis fait des amis géniaux dont Rose la meilleure. 

Malgré le début de ces vacances bien méritées, mon cœur n'y était pas. Cela pourrait paraître bizarre mais c'est la stricte vérité.

Comment expliquer ? Ma vie est en dessus dessous. Tout à commencer en mi-mars, au cours de l'année académique. J'étais en plein rêve amoureux, je ne voyais que lui, je voulais être tout le temps avec lui et toute la panoplie. Bref j'étais en couple avec mon amoureux, l'un des garçons les plus populaires de l'université. Cela avait son petit effet d'autant plus que je n'étais pas si populaire. On pourrait me ranger dans la catégorie intello mais il y a un hic. Je suis belle et intelligente sans me vanter bien sûr. Ce qui m'a valu une certaine notoriété. En plus de ça je sortais avec Max ! Son prénom complet était plutôt Maximilien mais il déteste qu'on l'appelle ainsi. La dernière fois que quelqu'un l'avait appelé comme ça, je crois qu'il lui a cassé la gueule. Mais il n'est pas violent loin de là, c'était quelqu'un sur qui on pouvait compter. Il est protecteur et cela le poussait à avoir des réactions parfois extrêmes. Au début ce côté aussi m'attirait chez lui, le prototype parfait du macho (dans le sens mélioratif du terme), jusqu'à ce que ça commence à m'agacer. Mais j'aimais notre relation, notre feeling. Cette relation durait depuis le collège. Et puis un beau vendredi ensoleillé, tous mes rêves idylliques ont volé en éclat. Tout ça parce que monsieur a eu une opportunité d'études aux Etats-Unis et qu'il croit qu'il n'est pas prêt pour une relation aussi sérieuse. Oui c'était horrible.

La seule chose qui m'avait empêché de m'effondrer était mon objectif, sortir major de ma promotion. J'ai fermé la porte à toute relation amoureuse. Ce qui ne m'empêchait pas de m'amuser des frasques amoureuses de Rose. Elle est incroyable. Malgré ses nombreuses déceptions amoureuses, elle se relevait toujours. Elle préfère en rire et en tirer des leçons que d'en pleurer. Elle m'avait beaucoup aidé à surmonter ma déception. Elle avait un caractère bien trempé. Si tu l'as perd c'est pour toujours. Impossible de la récupérer. Et elle trouve toujours le moyen de rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui le méritent.

Bon revenons-en au fait, ma déception amoureuse a été un véritable choc et la douleur est toujours cuisante. Mais il n'était qu'un figurant face à la nouvelle qui était sur le point de gâcher mes longs moments de détente. Mes vacances, dont j'étais tant enthousiaste et dont j'avais déjà prévu le déroulement au détail près, rencontrent un énorme bouleversement engendré par mes propres parents. Tout allait plus ou moins bien jusqu'à ce que mes parents m'informent que nous allons déménager. Nous n'allons pas déménager juste dans un autre quartier mais carrément dans une autre ville, qui plus est « Sèmè ». Tous ces bouleversements dans ma vie dans un délai aussi court ? Mis à part tout ce que j'allais perdre, l'endroit où ils avaient décidé de construire notre grande maison semble être une campagne de la ville. Elle est assez éloignée de la civilisation pour m'empêcher de garder une certaine proximité avec mes amis. Apparemment, ils avaient prévu leur coup depuis bien longtemps et ne m'en ont jamais parlé. Je ne compte pas rester tranquille et les regarder diriger ma vie comme bon leur semble. Si mes parents pouvaient seulement arrêter de me traiter comme une gamine.

J'attends le bon moment pour avancer mes arguments en béton. J'ai l'espoir de les convaincre au moins de me laisser rester ici à Cotonou. Je sais déjà à quel moment je vais jouer le tout pour le tout. Le samedi ! C'est le seul jour de la semaine où on a l'occasion de dîner tous ensemble en famille.

J'ai passé le reste de la semaine à feindre la petite fille parfaite histoire de préparer le terrain. Et enfin le jour J :

- Ecoute jeune fille, si tu crois nous dissuader de déménager à Sèmè. Je te bloque tout de suite. Ça ne change absolument rien chérie. Je te conseille de commencer à faire tes valises au plus tôt.

Ah maman ! Toujours aussi perspicace.

- Mais maman tu ne m'as même pas encore écouté.

- Sarah je pensais qu'on avait fini cette discussion

- Papa, de quoi vous parlez tous les deux. Je vous rappelle que vous avez tout planifié tout seul. Je n'ai pas eu mon mot à dire.

- En effet. Nous t'avons mis devant le fait accompli, dit Papa d'une voix lasse. Mais je t'ai expliqué que c'était pour ne pas te perturber dans tes études.

- Donc c'était une raison assez suffisante pour me le cacher. Et votre boulot ? Ne me dites pas que vous allez faire la navette. Si c'est le cas pourquoi moi je devrais changer d'école, répliquai-je d'une voix légèrement tremblante.

Je sens que cette discussion ne mènera nulle part.

- Chérie, nous avons tout prévu, répondit maman d'une voix désolée. Il y a une université là-bas où ta filière est disponible. On en a déjà parlé aux membres de l'administration. Tes dossiers seront transférés là-bas. On va déménager dans notre propre maison, on sera plus dans des maisons à louer. Ne t'inquiète pas pour notre travail, pour ton père est déjà réglé.

Au moins elle semble peinée de me mettre dans une telle situation. Mais son ton ne fait que me confirmer qu'il n'y a rien que je puisse faire. Je sens mes yeux s'embuer de larmes. J'entends la voix de Papa et de Maman, elle me semble lointaine. Ils sont en train de m'expliquer les dispositions qu'ils ont prises. Ma mère me tient la main en me caressant avec son pouce pour me consoler. Je n'ai même pas pu avancer mes arguments que j'avais pris le soin d'élaborer pour l'occasion. N'y tenant plus je me levai de table et m'enfermai dans ma chambre pour pleurer de rage. De rage parce que je me sens impuissante. Je vais devoir laisser tout ce à quoi je tenais. Mon école, mon quartier, mes amis, ma maison, mes souvenirs.

Après m'être calmé, je racontai tout au téléphone à Rose. Je ne l'ai pas fait plutôt car je n'y croyais pas vraiment. Elle était vraiment affligée par mon départ. Mais elle a eu une excellente idée, celui d'organiser une fête d'au revoir. Nous pourrons inviter tous ceux qui nous sont chers et vivre de merveilleux moments une dernière fois. Cette idée m'a tout de suite plu. Elle a décidé de tout organiser. C'est sur les détails de ma fête que nous avons finir notre conversation.

Mais je n'arrivais pas à m'y résoudre, alors je suis allée confronter papa une dernière fois dans le bureau qu'il a installé dans l'une des chambres d'invité non loin de ma chambre. Même si une petite voix me criait qu'il n'y avait plus rien que je puisse faire. Je suis assez têtue, donc abandonner aussi facilement ce n'est pas mon genre.

Passé SombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant