Passé Sombre

7-

PDV Daniel

Sarah, Sarah, son prénom se répétait en boucle dans ma tête. Ainsi c'est comme ça elle s'appelle, j'ai entendu son amie l'appelée. Assis sur le canapé du salon je ressassais la soirée d'hier. Je m'étais un peu laissé aller. Les quelques verres que j'ai pris y étaient sûrement pour quelque chose. Au moins je me souviens parfaitement du déroulement des évènements. Je ne sais pas ce qui m'a pris de dire que j'étais son petit ami. Mais dès que j'ai remarqué que ce type la rendait nerveuse et la mettait mal à l’aise, je n'ai pas réfléchi. Cela ne m'a pas néanmoins préparé à ma découverte. C'était son ex ! Je ne vais pas m'attarder sur les raisons de mon aversion pour ce type. D'après ce que j'ai compris, il l'avait fait souffrir. J'ai éprouvé le besoin de la protéger contre lui, même si elle se défendait plutôt bien. 

Après le départ de ce crétin, je ne sais pas ce qui s'était passé, j'avais juste eu une envie irrépressible de l'embrasser pour effacer sa peine, parce que malgré ses efforts, je pouvais voir toute sa douleur. C'est évident que leur rupture la fait toujours souffrir. Mais bon ce ne sont pas mes affaires, il faut que je fasse sortir cette fille de ma tête. De toute façon, ce n'est qu'une attirance passagère. Ça me passera bientôt comme pour tous les autres.

J'entends quelqu'un qui tape à la porte. Je regarde l'heure. Ça doit être la femme de ménage, elle vient deux fois par semaine faire le ménage. Je me dirige vers la porte pour lui ouvrir.

- Bonjour Monsieur

- Comment vous portez-vous Madame OLOU ? Et votre fille, elle va mieux ?

- Oui merci mon Dieu. Et tout ça c'est grâce à vous. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous faites pour nous.

- Mais non ce n'est rien. Je vous dois bien ça. Vous avez toujours fait du bon travail.

Elle me prit la main et se mit à me faire des prières. Ça me touche vraiment, cette dame a beaucoup souffert. 

Frappé par un mari violent et s'occupant toute seule de nourrir sa famille, elle m'a toute de suite fait de la peine. Je ne sais combien de fois j'ai essayé de la convaincre de quitter son mari mais elle ne m'écoute pas. C'est vraiment le chic des femmes, resté avec un homme qui fait tout pour vous rendre malheureuse. Et je ne sais pour quel raison, elle reste. Toujours à cause de l'amour ? Des enfants ? De l'opinion des autres ? Peu importe la raison, je crois que je ne les comprendrai jamais.

- Monsieur je me mets au travail. Je vous apporterai la liste des courses à faire, dit-elle avec un sourire après avoir fini sa courte prière.

- Bien je serai dans mon bureau.

Je me dirige vers mon bureau de maison que j'ai installé au premier étage. Je m'assis dans mon fauteuil de fortune, avec un verre de whisky, pour mieux supporter les souvenirs qui viennent inlassablement me hanter. C'est toujours comme ça depuis cette nuit.

- Daniel ! Daniel ! Je ne veux pas mourir je t'en supplie.

- Garde ton calme Leila je vais te faire sortir de là, répondis-je tout essoufflé en essayant de retrouver mon sang-froid. J'étais terrorisé par le fait que l'amour de ma vie, mon premier amour ne perde la vie. 

Son cri me revient inlassablement dans la tête. Sa voix ne veut pas sortie de ma tête. On vivait ensemble tout ça s'est passé sous mon toit. Je me sens coupable. Tout est de ma faute. Je n'ai pas su la protéger.

La sonnerie de mon téléphone me fit sortir de mes souvenirs insoutenables. « Oui Allo ! », répondis-je d'une voix agacée.

« Oui et ? »

« Ça requiert vraiment ma présence ? »

« Ok je viens tout de suite »

Créé mon entreprise était la meilleure chose que j'ai faite depuis cette nuit tragique. Depuis trois ans une idée m'obsède. Je vais faire payer à ces crapules qui ont bouleversé ma vie à jamais. La première étape, c'est d'être riche et je crois que j'ai bien réussi cela même si ce n'est pas encore assez. Je veux être suffisamment puissant pour les détruire un par un. Je sortis du bureau.

- Madame OLOU ? Je sors, dis-je d'un ton sec.

- Compris Monsieur. Voici la liste des courses, dit-elle en accourant.

- J'ai mis un peu de liquides sur la table de la salle à manger.

- Vous rentrerez tard ? Pour savoir comment faire avec le dîner.

- Je ne sais pas encore mais faites le dîner si je dure trop laissez-le dans le micro-onde. Le menu que j'aimerais pour cette semaine est aussi sur la table. Faites comme vous avez l'habitude de faire.

- Bien Monsieur.

- Dites à Jean de préparer la voiture. Je m'apprête et je passe quelque coup de fil avant de descendre.

- Compris Monsieur.

Ils étaient tous habitués à mes brusques changements d'humeur. Quelques minutes plus tard, j'étais prêt pour me rendre à l'entreprise. Je rentre dans la voiture après avoir fait signe à Jean. Assis à l'arrière de la voiture, j'essayais de me mettre à l'aise mais rien à faire. 

Depuis le 09 Aout, je n'ai plus jamais eu la tranquillité d'esprit. On m’a proposé les psychologues mais je n'arrivais tout simplement pas à surmonter ce drame. Depuis je suis en contact avec un excellent psy, Dr Dimitri. Il connaît tout de mon passé dans les moindres détails. C'est d'ailleurs la seule personne à connaître mon passé. Peut-être parce qu'il ne peut rien dire à cause du secret professionnel. 

Avoir un moment paisible à moi est tellement rare, dès que je suis seul les souvenirs me submergent. Cette nuit-là, ils ont bousillé mon cœur, ma vie, ma tranquillité d'esprit, mes nuits de sommeil, mes raisons de vivre. Ils m'ont volé tout ça et ils vont me le payer. Dimitri est là pour m'aider à éloigner les ténèbres. Sinon ils risquent de m'engloutir. Vu combien je le paie il a intérêt à réussir.