ELIT

1.

Le dernier cours d'une période avait toujours été le plus difficile de l'année scolaire. Les élèves considéraient plus cela comme un calvaire à subir avant d'être libérés pour trois semaines et attendaient patiemment, sans écouter, que le professeur leur donne le signal pour rentrer chez eux. Le cours de mathématiques dans lequel se trouvait Sym Wellington n'échappait pas à cette règle. Cela faisait déjà quarante minutes qu'il tentait de débloquer l'accès à Internet sur sa tablette personnelle. Il soupira et abandonna, se reculant sur sa chaise. Le jeune homme ne savait même plus pourquoi il continuait d'essayer.

Le réseau était uniquement contrôlé par les professeurs et pour le pirater, il fallait être un génie de l'informatique. Il n'avait encore rencontré personne capable de s'y infiltrer. Lui et ses amis blaguaient souvent sur le fait que les bases de données du gouvernement étaient moins sécurisées que les réseaux scolaires.

Sym fit le tour de la classe du regard, il lui restait vingt minutes à tuer. Il remarqua que deux élèves devant lui s'envoyaient des messages lorsque le professeur avait le dos tourné. Ils les effaçaient aussitôt, de peur qu'ils ne s'affichent sur le grand écran de la salle. Toutes les données écrites par les élèves s'y étalaient instantanément, une mesure prise il y avait au moins cinquante ans pour rendre l'apprentissage plus dynamique. Pour Sym, c'était une résolution préhistorique, pouvoir prendre des notes pour lui-même aurait été beaucoup plus moderne.

Le garçon se retourna en direction d'Airla. Elle avait les yeux rivés sur son écran et semblait être la seule à réellement écouter le charabia de chiffres et de lettres du professeur. Elle releva le regard vers lui, Sym se tourna en vitesse et ferma les yeux, comme si ce geste allait le rendre invisible soudainement. Il pesta intérieurement, il agissait vraiment comme un idiot. Il soupira et posa sa tête sur sa main pour se reposer.

Il resta ainsi une dizaine de minutes, perdu dans ses pensées. Il fut obligé de se relever au moment où son bras commença à s'engourdir.

- C'est pourquoi, dit le professeur après une longue explication que personne n'avait écoutée, il y aura un examen le jour de la rentrée.

Il y eut une vague de protestation générale qui n'avait que pour objectif de distraire l'attention du professeur car toute la classe savait ce qui allait s'en suivre.

Sym jeta un regard bref vers l'écran et eut le temps de lire le message qui s'était affiché une paire de secondes : « À toi de jouer, Wellington. » Le jeune homme se prépara, se concentrant sur le visage de leur professeur pendant que les élèves posaient tour à tour des questions. C'était un numéro bien rôdé qu'ils exécutaient dès qu'un examen était prévu.

- Il sera dur ? demanda une des cinq filles de la classe.

- Non, assura le professeur. Révisez juste ce que nous avons vu depuis deux semaines.

- Il y aura de la géométrie ?

- Juste un peu, et des équations.

- Combien de temps on doit prendre pour réviser ?

À ce stade, le professeur de mathématiques commença à s'énerver.

- Une heure pas plus, s'agaça-t-il. Vous verrez bien.

Cléo, l'organisateur du numéro et un des meilleurs amis de Sym interrogea celui-ci du regard. Il lui répondit par un signe de tête, il avait récupéré toutes les informations qu'il lui fallait. Le professeur libéra la classe, un mouvement général se créa en direction de la sortie, cependant chacun resta au milieu du couloir des salles de classes, attendant que Sym les rejoigne. Le jeune garçon se plaça au milieu du petit comité et prit la parole.