Chapitre III

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Pendant les quarante-cinq minutes de trajet, mon frère ne ferme pas sa bouche ne serait-ce qu'une seconde.
Il me déblaye toute sa vie, ses nouveautés et son travail, sa copine, ses amis...
Il parle vraiment beaucoup, mais jamais au grand jamais je n'aurais envie de la couper dans son élan.
En même temps, ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu qu'il faut bien rattraper mon absence.

Soudainement, il se tait et se retourne complétement vers moi, un sourire idiot collé sur les lèvres.

- Quoi ? demandé-je en rigolant.

- Alors...commence-t-il. Tu as aimé mon petit cadeau ?

Je souffle en secouant la tête, désespérée, mais toujours avec un sourire collé sur les lèvres.

- Hum... mis à part le fait que tu vas payer pour cette humiliation devant l'hôtesse de l'air, on va dire que tu as bien choisi la couleur, réponds-je en sortant le vibromasseur du sac pour le secouer sous son nez.

Chris éclate de rire et me fait un clin d'œil.

C'est tout à fait le style de petites blagues qu'on aime se faire entre nous, mais j'avais légèrement perdu l'habitude, ce qui explique ma surprise quand j'ai vu ce truc sur ma couchette dans l'avion.

- Je me venge de ce que tu m'as fait quand j'avais dix-huit ans, affirme-t-il en posant un doigt accusateur sur ma clavicule.

Je rigole à l'énonciation de ce souvenir.

Quand il avait dix-huit ans, il avait ramené sa petite copine à la maison. Quand je suis passé devant eux, alors qu'ils se pelotonnaient sur le canapé, je me suis mise à crier « Chris à des hémorroïdes ! », ce qui provoqua clairement la fuite de la jeune fille.

La légende dit qu'il m'en veut toujours.

- Tu l'as utilisé au moins ? demande-t-il en rigolant.

J'ouvre la bouche, étonnée de sa question, mais heureusement pour moi, c'est ce moment que choisi la voiture pour s'arrêter à destination.

- Doux Jésus, sortez-moi de là, supplié-je en ouvrant la portière.

La rire de Chris s'élève derrière moi et je ne peux m'empêcher de sourire.

*

- Ah ouais... m'étonné-je en découvrant la maison de mon frère.

Chris vient de me faire rentrer dans son chez-lui.
Tout son logis est de couleurs blanc et gris (couleurs assez impersonnelles, au final) et d'une modernité à couper le souffle.
Des photos de notre famille jonchent la devanture de la cheminée en marbre et de quelques meubles, on peut également distinguer des objets de collection Marvel un peu partout.
C'est bien là qu'on peut deviner que mon frère est une star Hollywoodienne qui joue dans des films Marvel...

- Qui est cette jeune fille ? demandé-je en attrapant une photo sur le passe-plat.

Chris se retourne vers moi puis s'approche doucement.
Sur la photo, on peut voir mon frère avec une petite fille blonde dans les bras, le sourire aux lèvres. Ils ont l'air si heureux.
J'espère juste que cette gamine n'est pas ma nièce, parce que sinon je vais étriper Chris pour ne pas m'avoir prévenu qu'il avait une fille.

- Elle s'appelle Mckenna Grace, c'est la petite fille qui interprétait le rôle principal dans un de mes films, explique-t-il avec un air attendri.

Je me calme un peu et acquiesce en reposant le cadre.

- Tu veux que je te montre ta chambre? demande-t-il en saisissant mon sac.

J'acquiesce et le suit à travers la grande demeure, dans laquelle je risque sûrement de me perdre les premiers jours.

Au bout d'un long couloir blanc immaculé, mon frère pousse une porte qui doit donc donner sur ma chambre.

Je rentre et observe silencieusement.
La première chose qui attire mon regard est l'immense baie-vitrée qui couvre tout le mur dans le fond de la pièce, en face de la porte. Elle nous donne une vue improbable sur New-York.
Ça change de ma petite vue depuis mon vieil appartement à Londres...
Un lit double avec des draps bleu cyan se trouve du côté droit, avec de chaque côté, des petites tables de nuit.
Un grand bureau recouvre une partie du mur opposé au lit, et je peux même y voir un microscope et toute sorte de matériel scientifique.

Je souris à Chris, contente qu'il ait pensé à mon travail.

Je passe sous scanner le reste de la chambre et finis par poser mon sac à dos sur le lit.

- Je te laisse t'installer, je suis dans le salon si tu as besoin de quoi que ce soit, m'informe-t-il.

J'acquiesce et me jette sur le lit et, sans même le vouloir, je m'endors comme un bébé sur le plaid bleu cyan.

Ce n'est que quelques heures plus tard que je rouvre les yeux, éblouie par le soleil New-Yorkais.

Je me lève avec difficulté et file directement dans ma salle de bain pour prendre une bonne douche.
Je laisse l'eau brûler mon corps, puis je m'emballe dans une serviette violette. Après avoir enfilé des vêtements appartenant à mon frère (faute d'avoir égaré ma valise), je sèche mes boucles châtaines et descends dans le salon.

-  Bien dormi, boucle d'Or ? me demande Chris.

Je souris pour réponse, puis m'empare de la tasse de café qu'il était en train de porter à sa bouche. J'en bois une gorgé et fais une mine dégoutée.

- On dirait du goudron votre café. Tu ne connais pas le thé, par hasard ? me moqué-je.

Ce dernier s'en va dans la cuisine pour me préparer ma commande, ce qui m'arrache un petit rire maléfique.

- Je peux la rencontrer quand Aya ? demandé-je soudainement.

Aya, c'est sa copine. Je ne l'ai jamais vu, et je n'attends que ça.

Le blond refait son apparition et dépose une tasse fumante devant moi.

- En réalité, elle n'est pas à New-York actuellement. Elle a dû se déplacer pour son travail.

J'acquiesce, un peu déçue. Pour une fois que je viens en Amérique, je ne peux même pas rencontrer ma belle-sœur !

- D'ailleurs, reprend-t-il, je voulais te demander quelque chose.

Je tends l'oreille et l'incite à continuer.

- J'ai la Première de mon film demain soir. Je voulais savoir si ça te disait d'accompagner ton vieux frère ? demande-t-il en souriant.

Les tapis rouges ?
Les flashs des paparazzi ?
La foule qui gueule pour tout et pour rien ?
Non merci.

- Hum... Tu sais que je ne suis pas du tout à l'aise avec ce genre d'évènements, avoué-je.

- Mais tu l'as déjà fait, avant ! me contredit-il.

Et le pire, c'est qu'il n'a pas tort.

- C'est quoi le nom de ton film, déjà ? demandé-je pour éviter de répondre à la question.

- Captain America, Civil War, répond-il doucement. Mais n'esquive pas la question, s'il te plait, Harley.

Je souffle longuement, ne sachant pas dans quelle merde je m'embarque.

- Bon...c'est d'accord... craqué-je.

Le visage de Chris s'illumine, et même si je n'aime pas les tapis rouges, si cela me permet de voir mon frère sourire encore quelques minutes, je le referais sans hésiter.

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Sauve-moi [Sebastian Stan]Where stories live. Discover now