Chapitre 8

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On quitte l'hôtel et nous nous mettons en marche. Je compte les secondes que l'on met, ça me fait sentir les pieds sur terre et dans le temps, car j'ai l'impression d'être dans un cauchemar sans fin, un bout de vie hors du temps. C'est beau cette ville. Le Vieux Lyon est super à visiter, on s'arrête prendre une glace chez un glacier. Elles sont délicieuses. Une vraie explosion de saveur en bouche, des vrais fruits. À côté, toutes les glaces que j'ai pu manger me paraissent bien ternes. On passe devant une cathédrale, on décide de s'arrêter devant pour prendre une pause et manger nos glaces. Je prends une rapide photo. J'ai même une image de Clayton regardant le bâtiment de près, la tête levée. Tout en mangeant la glace, je m'assois sur un banc et je me munis d'un carnet et de mon crayon pour dessiner le grand édifice dressé devant nous. Malgré que ce soit un croquis plutôt rapide il n'est pas trop mal. Je tourne la page et dessine deux glaces qui se touchent comme si elles trinquaient. Même si cela n'a jamais eu lieu, j'aime bien dessiner ce genre de scène. Des personnes prennent des photos de tout moi je dessine et esquisse. C'est ma manière de photographier. Depuis que je suis petite je fais ça, d'après mes proches j'ai un don.

— Tu veux faire une école de dessin ?

Je lève la tête perturbée par Clayton qui m'adresse la parole.

— Ce n'est pas prévu. J'ai aucune idée de ce que je veux faire.

— Tu devrais. T'es douée, elle avait raison.

C'était un compliment. De sa part, je trouve ça étonnant. J'attends la remarque cassante qui va arriver après mais rien ne vient.

— Tu ne rajoutes rien de mesquin ?

— Je ne suis pas méchant. C'est juste toi qui prends tout de travers.

— T'es cassant en tout cas.

— T'arrives pas à encaisser un compliment de ma part ? Pourtant c'est le cas.

Je le regarde, il m'a l'air d'être plus que sérieux. Il s'assoit à côté de moi et reste silencieux pendant quatre secondes à observer les glaces. Puis il me tend sa glace. Je souris et reproduis la même scène que sur mon carnet. Je sens un poids s'enlever de mes genoux et remarque mon cahier soulevé dans la main de mon compagnon de voyage.

Il tourne la page et détaille du regard le dessin avant de faire des allers retours entre la cathédrale et le cahier.

— Je sais que tu te dis que c'est pas très réussi mais c'est qu'un croquis.

— Tu déconnes ? C'est hyper bien fait pour "qu'un croquis".

Je chuchote un remerciement. Il sait décidément être gentil. C'est fou, je n'aurais jamais cru. Il me rend le carnet et désigne d'un coup de tête le sac à mes pieds.

— Y'a appareil photo ? T'en as prise ?

— Quelques unes.

— Je peux voir ?

Je lui tends. Je sais que c'est la fin du calme quand il va voir sa photo il va vouloir me tuer pour l'avoir pris.

— T'es sérieuse ? C'est quoi ton problème ?

Je lui prends avant qu'il ne supprime quoi que ce soit.

— T'es cassant. C'est ce que je disais.

— Est ce que je t'ai donné la permission de me prendre en photo ?

— Règle numéro trois : Personne n'est au-dessus de personne, lui réponds-je.

Il me dévisage, mais je vois bien que ça l'a encore plus énervé.

— Donc tu ne me parles pas comme ça. Je ne suis pas ton chien. Même un chien ne doit pas se faire traiter comme ça. Alors calme toi ou je fais demi-tour direct. Tu ne me contrôles pas et je ne te contrôle pas.

Pour PélagieWhere stories live. Discover now