Chapitre 16

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Je revois mon amie. Elle court et je la suis. Mais une force invisible nous sépare, sans qu'on bouge on s'éloigne l'une de l'autre. Je hurle pour qu'on me laisse la suivre. Elle se laisse faire et me regarde une dernière fois avant de partir, pas un seul sourire, pas un seul mot. Je la regarde s'éloigner sans avoir la capacité de réagir.

— Alice, tout va bien, ça va, retentit une voix masculine lointaine.

Je me réveille et entrouvre mes paupières, je sens mon corps trembler. Une fois mes yeux totalement ouverts je remarque Clayton accroupi devant moi, il a posé sa main sur mon épaule.

— Tu trembles.

— C'était... Désolée. J'ai fait un cauchemar.

Je déteste ça, presque chaque nuit ça m'arrive, ces derniers temps, je suis incapable d'avoir une bonne nuit de sommeil.

— Ce n'est pas grave. Lève-toi, on va visiter aujourd'hui.

Je m'exécute et neuf cent quarante et une secondes plus tard, après avoir pris un petit-déjeuner et s'être préparés en vitesse, nous sommes en train de marcher dans la rue afin de reprendre le tram direction le centre ville. Notre programme consiste à visiter la cathédrale avant de se rendre au parc de l'Orangerie.

Rapidement nous arrivons devant la cathédrale. Je suis impressionné par la grandeur de celle-ci, dans tous les sens du terme, c'est géant et magnifique, les détails sont incroyables. On rentre dans le majestueux bâtiment, j'observe chaque détail. La rosace en vitrail est magnifique, les statues taillées dans la pierre sont toutes aussi impressionnantes. Je suis ébahie devant ce spectacle, je me sens bien ici, protégée, à l'aise. C'est sûrement une des seules fois depuis sa mort que cela arrive.

J'avance et tombe sur un petit chien sculpté, caché à un endroit. Clayton me rejoint quand il voit que je suis arrêtée. Dans un même mouvement, on vient poser nos mains sur la tête du chien. On s'effleure et je me retire immédiatement. Le contact m'a fait immédiatement penser à hier soir. J'ai vraiment honte de ce que j'ai fait. On continue d'observer la cathédrale, dans une concentration exagérée je regarde chaque élément. On y a déjà passé quatre cent cinquante huit secondes. Nous sommes très lent, mais en attendant je me change plus ou moins les idées. Je pense que cela nous fait du bien à tous les deux, ce qui est étrange sachant que cela devrait plutôt nous rappeler son enterrement.

— Tu veux prier ?

Je suis surprise de la question de Clayton. Je ne le voyais pas du genre religieux, plutôt à suivre ses parents quand ils l'emmenaient dans une église pour aller prier sans jamais vraiment le vouloir. C'est comme ça chez nous, tout notre village se comporte de la même façon : les parents traînent leurs enfants à l'église jusqu'à qu'ils y croient, ensuite eux même plus tard y traîneront leurs propres enfants. Mais Clayton... je n'aurais pas pensé que ça avait marché sur lui. Avant je l'étais, croyante, et pas qu'un peu, mais ce n'est plus le cas. Quand tu vois ton monde s'écrouler autant de fois en l'espace de dix ans, il est impossible de croire à une quelconque existence divine.

— Pourquoi ? Tout ça n'existe pas.

C'est légèrement osé et irrespectueux de dire ça alors que je me trouve dans une église. Mais honnêtement ce n'est pas ce qui m'importe. Sans surprise j'écope de quelques regards mauvais en disant ça. Même si j'ai chuchoté, il y avait des gens autour de nous. Et cette vieille a l'air de vachement m'en vouloir.

— C'est à cause de Pélagie que tu dis ça ? Je sais qu'avant tu allais souvent prier et te confesser, enfin tous les trucs catho qu'on t'apprend depuis que t'es petite. Tu y croyais vachement pour une adolescente. Le fait qu'elle soit partie ne devrait pas changer ça.

Pour PélagieWhere stories live. Discover now