Chapitre 24

44 6 2
                                    

Affalés sur le banc au bord du petit lac, nous restons quelques secondes en silence. Je suis repu. J'ai l'impression que mon estomac va exploser à tout moment. Nous nous sommes fait plaisir avant de revenir ici. Peut-être un peu trop. Un burger chacun, avec des frites et un soda. Et comme si ce n'était pas assez nous avons fait le choix de prendre une boite de nuggets en plus. Et des mozzarella sticks. C'était bien trop. Maintenant il nous reste six nuggets - ce qui n'est pas si énorme sachant qu'à la base on en avait vingt - et quatre mozzarella sticks dans notre sac, avec quelques sauces et des frites.

Ce qui était bien drôle c'était de voir Clayton me supplier d'aller payer et de commander. Ce n'était pas comme dans les chaînes de fast food où on choisit sur des bornes et que la seule interaction se déroule soit au moment de payer soit quand on récupère la commande. Non, là nous avons trouvé un petit fast-food de quartier qui avait l'air d'être délicieux - c'était le cas. J'ai donc dû faire la traductrice pour Clayton en même temps.

En tout cas, ce fut bien bon. Nous avons juste eu les yeux plus gros que le ventre. Les burgers étaient déjà énormes. Le point positif est que l'on a des réserves pour demain. On pourra se faire un genre de repas dans la voiture.

Je regarde devant nous, il est bientôt sept heures et demie et la luminosité commence à décliner. Par conséquent, l'air devient de plus en plus frais. J'en ai des frissons. Encore.

— T'as froid ?

Je me tourne vers Clay et acquiesce. Je vois que ses bras sont recouverts de chair de poule. J'attrape le sac et sors ma veste. Je pose son pull et remets cet habit qui m'appartient pour lui donner son sweat.

— Non, garde le. Ne t'inquiète pas pour moi. Mets-le par-dessus ta veste.

J'insiste pour lui donner.

— T'as froid toi aussi. Je vais résister avec ma veste.

— C'est bon Al, je n'ai pas si froid.

Alors qu'on commence à se battre pour savoir qui aura ce pull, Clayton me bloque et le passe sur ma tête. Je reste silencieuse tandis qu'il continue de me l'enfiler. J'aurais vraiment dû prendre une veste plus chaude.

Résignée, je soupire et me laisse retomber sur le banc. Un ange passe. Je repense à tout ce qu'il s'est passé ces dernières semaines. J'ai l'impression que l'on m'a enfermée dans un cauchemar. Tout s'est empiré au fil des jours qui passaient. La mort de ma meilleure amie n'a été que le bouquet final. Enfin je crois. Je ne veux pas trop m'avancer. On ne sait jamais, il pourrait très bien arriver quelque chose de pire. Je m'attends à tout maintenant.

— Parfois j'ai juste envie de tout lâcher, ça serait tellement plus simple, je déclare.

D'un coup son expression change. Il est inquiet. Je ne parlais pas de me tuer pourtant je pourrai parier que c'est ce qu'il pense. Je ne peux pas m'en étonner vu que j'étais prête à le faire il y a deux jours et que c'est lui qui m'en a empêchée. Mais il a tort. Ce n'est pas du tout ce que je veux faire.

— Je me bats pour ta sœur, je ne veux pas finir ma vie comme elle.

— Ne fais pas une grosse bêtise. Ne me fais pas ça, par pitié.

Je secoue la tête pour le rassurer.

— Jamais. Promis.

Je ne veux pas le faire souffrir, je ne veux pas qu'il aille mal de nouveau. Il ne le mérite pas, ce qu'il mérite c'est d'être heureux. Je pense sincèrement que c'est une bonne personne. Il a juste du mal à s'ouvrir. Il commence à le faire avec moi. Mais c'est une étape par laquelle on doit passer. Nous sommes comme deux animaux enfermés ensemble dans une cage avec un futur incertain. C'est normal que l'on se retrouve à se soutenir. C'est la seule solution afin de pouvoir survivre.

Pour PélagieWhere stories live. Discover now