Chapitre 5

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Resserrant sa cape autour de lui (le froid commençant à s'installer dans le château au vu de l'heure tardive), Harry grimaça, sa main le tiraillant fortement, le forçant à la regarder. Il pesta. Sa plaie, qui avait enfin arrêté de saigner, s'était remise à suinter. Cette retenue allait encore le marquer et le gêner pendant un long moment. Hermione avait déjà testé de le soigner, vu qu'il refusait de se rendre à l'infirmerie, mais les Episkey n'y faisaient rien et il devait se contenter de subir, sans pouvoir s'empêcher de remarquer les sourires satisfaits de Dolores Ombrage, alors même qu'il faisait si attention à cacher sa douleur que personne sauf Ron et Hermione n'était au courant de ce qu'il subissait depuis que la professeure le mettait en retenue.

Il s'arrêta et fouilla dans sa poche à l'aide de sa main gauche et en sortit une bande de tissu, qu'il enroula ensuite doucement autour de sa main blessée, faisant attention à ne pas toucher à sa blessure. Il savait que ça n'allait pas tenir bien longtemps, mais peu importait. Il allait bientôt rentrer dans son dortoir et il ne doutait pas que ses amis l'attendaient encore dans la salle commune(certainement avec une boite de soins de premiers secours), bien que sa retenue durant à l'origine une heure en ait prit le quadruple.

Secouant la tête, il se remit à nouveau en chemin. Il était seul dans les couloirs et le bruit de ses pas résonnait , seul bruit environnant. Il accéléra le pas, souhaitant rentrer le plus vite, pour ne pas avoir à se perdre dans ses pensées qui lui rappelaient sans cesse la mort de Cédric et le retour de Voldemort que personne ne semblait vouloir envisager. Personne, ou presque. Ses deux amis le croyaient ou du moins le soutenaient, certes. Mais ce n'était pas tout. Il n'était pas idiot ni aveugle comme certains se plaisaient à le dire. Il avait bien remarqué l'ambiance épaisse et lourde qui pesait sur les Serpentards et il ne doutait pas que le retour du seigneur des Ténèbres se faisait particulièrement ressentir dans leur Maison, que certains d'entre eux étaient déjà exposés à son emprise.

Pourtant, ils semblaient posséder une incroyable capacité à le cacher à la presque entièreté du monde et à s'adapter pour coller à l'attitude générale. Une capacité qu'il aurait tellement aimé avoir, qu'il leur enviait.

Bien évidemment, il remarquait que les deux plus jeunes années des verts et argents étaient les plus transparents sur la situation et, lorsqu'il en voyait certains d'entre eux regarder les autres tables,bruyantes et éclatantes comparées à la leur plus calme et en retrait, avec envie lors des repas, lorsqu'il en croisait au détour d'un couloir et qu'il percevait leur discussion où se ressentait la peur, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui aurait été différent s'il avait écouté le premier choix du Choixpeau. Non pas quelles auraient été les conséquences sur ses amitiés, mais quel aurait été l'impact sur la guerre.

Quand il y pensait, à chaque fois qu'il y pensait, il se promettait d'aller, un jour, les voir et de leur proposer de l'aide. Puis il n'y allait jamais, se cantonnant avec ses amis, ayant peur de leurs réactions souvent si explosives de Ron et drastiques d'Hermione, et il se contentait de les surveiller de loin, sans que personne ne le remarque.

Il lui arrivait de se dire qu'il irait à leur rencontre une année normale. Dans ces moments, il secouait la tête, frappé par sa propre idiotie. Il n'aurait jamais une année normale, au du moins tant que la guerre ne sera finie. Il suffisait de voir ce qu'il se passait cette année pour en être sûr. Entre l'attaque des détraqueurs cet été, son procès, le souvenir planant de la mort de Cédric et du retour de Voldemort, l'arrivée d'Ombrage au poste de professeur et les nombreuses et douloureuses retenues qu'il subissait, cette année était bien loin d'être une année normale, quoiqu'elle pourrait sûrement entrer dans la catégorie habituelle pour lui.

"Il dit que la Grosse Dame est en train de discuter avec un petit garçon qui n'appartient à aucune maison... Tu le crois toi? Il devient de plus en plus fou tu ne pense pas? "

Harry sortit de ses pensées en entendant les deux portraits devant lesquels il passait discuter. Un enfant? Qui n'appartenait à aucune maison? Devant l'entrée de la salle commune des Gryffondors? Certainement une erreur: il devait s'agir d'un élève de première année qui avait encore oublié le mot de passe et qui marchandait pour que le tableau le laisse passer avant qu'il ne se fasse prendre par Rusard ou un préfet.

Alors il accéléra le pas, priant pour avoir de la chance et que les escaliers le laissent rapidement passer. Peine perdue. Ils semblaient n'en faire qu'à leur tête et s'opposaient ostensiblement à lui permettre de gagner du temps. Finalement, il réussit enfin à atteindre le palier de sa salle commune  après de nombreuses minutes à pester et insulter, agacé par ces fichues marches et leurs créateurs qui auraient pu se contenter à des escaliers stables et non mouvants.

A peine eut-il le temps de souffler, heureux d'être enfin arrivé qu'il se figea. Les portraits avaient raison. Il y avait bien un enfant conversant, ou plutôt écoutant attentivement , avec la Grosse Dame, un enfant qui n'avait rien à faire à Poudlard, étant bien trop jeune. Harry n'eut pas le temps de faire quoi que se soit que le petit garçon le remarqua et se tourna vers lui. "Malfoy" pensa immédiatement le brun alors que le blond l'observait "il ressemble beaucoup trop à Malfoy".

Voyant que l'enfant était perturbué et remarquant qu'il venait de le fixer un peu trop longtemps, Harry sortit de sa torpeur en secouant la tête avant de s'accroupir pour se retrouver à la même hauteur que lui.

"Qu'est-ce que tu fais ici, dis?" demanda-t-il doucement. 

Son ton sembla rassurer le petit garçon mais ce dernier ne répondit pas, se contentant de la regarder, la tête légèrement penchée. Harry sourit, légèrement amusé avant de reprendre, essayant d'obtenir une réponse.

"Je m'appelle Harry. Tu veux bien me donner ton prénom?

-Moi, je m'appelle Draco, lui répondit-il finalement en clignant des yeux. Je me suis perdu en sortant du bureau de mon parrain et je ne sais plus comment y retourner."

Deuxième exemplaireWo Geschichten leben. Entdecke jetzt