Première enquête

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Jeudi 10 juillet.

À Scotland Yard, les policiers courraient dans tous les sens. L'atrocité d'un meurtre, dans un hôtel de Soho, venait de retourner tout le bâtiment. Les corps avaient été trouvés dans l'après-midi. Après plusieurs sollicitations sans réponses par la femme de ménage, le concierge s'était permis d'entrer. Le malheureux était tombé dans les pommes en découvrant la scène de crime. Du sang couvrait les murs du sol au plafond. Un air de musique classique était joué sur un tourne-disque. Quant aux corps, ils étaient disposés d'une étrange façon. La femme, nue, avait été allongé sur la moquette, les bras se touchant au dessus de sa tête, comme prête à faire une pirouette. À ses côté, l'homme, seulement vêtu de sa chemise bon marché, semblait faire une arabesque peu gracieuse. Leurs corps se frôlaient, comme si un ballet se jouait sur le parterre de la chambre.

La police arriva rapidement, et parmi les officiers, l'inspecteur Lynch. Un haut-le-cœur lui monta en pénétrant dans la suite, mais s'évanouit rapidement. Benjamin était un homme sérieux, et il lui en fallait bien plus pour l'arrêter. Il s'empressa d'observer, en silence, chaque recoins de la pièce. Étrangement, il n'y avait rien. Pas d'empreinte, pas de marques de chaussures, pas de signe de lutte ou d'effraction. Rien d'autre que du sang. Il demanda à l'équipe scientifique de photographier chaque éclaboussures.

— Hé ben ! J'espère au moins qu'il a pu fini son affaire celui-là !
— Un peu de décence, inspecteur Gabb.
— Oh, l'nouveau n'a pas d'humour à ce que je vois.

Ben serra sa mâchoire. De tous les équipiers, Gabriel Gabb était le pire qu'il pouvait imaginer. Celui-ci était connus pour ne rien faire, si ce n'est des blagues déplacées et sales, et ce même devant les familles des victimes. Il ne penser qu'à boire, manger et baisser. Même ses gosses s'étaient détournés de lui et de ses mœurs légères. Égocentrique et macho, il était le plus détestés du poste. Et malheureusement pour notre bon inspecteur Lynch, il était le seul équipier disponible.

Son esprit fusait dans tout les sens. Il essayait de décortiquer chaque détail de la scène pour en comprendre ses aboutissants. Quelque chose ne collait pas, il en était sûr. Sans vraiment savoir pourquoi, il se remémora un vieux conseil de sa mère. « Lorsque ta vue est embrumée, prends de la distance » lui avait-elle dit un jour d'été alors qu'ils étaient en vacance sur la petite île de Jerseys et que la pluie était couper en deux. Benjamin, alors un jeune enfant, s'était amusé de cette phrase qui prenait tout son sens lorsqu'il reculait de trois pas en arrière et que l'eau ne le touchait plus. Et cette fois-ci encore, ce conseil lui fut utile. Il se plaça face aux corps et recula le plus possible, jusqu'à touché le mur. Et soudain sous ses yeux ébahi les traces de sang s'alignèrent unes à unes, formant le chiffre neuf, quoiqu'un peut déformé, avec deux points sur le côté. L'inspecteur n'avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait, mais il savait que le meurtrier avait signé son œuvre, et que part conséquent ce n'était pas un crime passionnelle.
Benjamin restait muet, réfléchissant dans son coins pendant que son équipier, négligeant son travail, rigolé avec les scientifiques un café noir à la main. Il a daignait s'y intéresser seulement lorsque les corps furent élevés.
Tous s'attendaient à une marre de sang mais il n'y avait rien. La moquette était immaculée. Pourtant, les deux amants avaient un trou de la taille dune balle au niveau de l'abdomen, au foie précisément. D'ailleurs c'est un point que releva Benjamin, dans les témoignages aucun coup de feu n'avait été entendu. Comment avaient-ils pu être tuer ?

Dans l'après midi, les deux agents étaient de retour au poste. Affalé dans sa chaise, Benjamin observe le plafond les yeux dans le vide. Lorsqu'il se redressa il observa un petit mot posé juste en face de lui. Dessus était écrit en lettre manuscrites « Vendredi, 20h - L.B ». Un sourire se dessina discrètement sur son visage. Il tenait les papiers dans ses mains, l'air béa. Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte qu'il ne savait pas où ils avaient rendez vous. Ce fut à ce moment sa seule préoccupation, délaissant complètement l'affaire sur laquelle il travaillait. Il retira son veston de la chaise, et parti d'un pas déterminé.

Il s'arrêta net à l'entré du bâtiment. Elle était là, jolie vêtu d'une jupe plissée et d'un chemisier ample. Ses cheveux lui semblait flotter dans l'air. Munie d'un calepin elle interrogeait

— Gabb !

Il s'empressa vers eux

— ... Eh bien merci pour ses informations, quoi que peu utile, euh... Inspecteur, Gabb, mais à l'avenir abstenez vous de me faire des avances douteuse.

Elle lui adressa un sourire rapide et tourna les talons. Benjamin la rattrapa.

— Excusez mon coéquipier...
— Benjamin ? C'est plutôt moi qui suis désolé pour vous. Travailler avec ce bourg ne doit pas être une partie de plaisir. Mais dites moi, s'il est votre coéquipier, vous pourriez peut être m'en dire plus...
— Eh bien... oui... Oui bien sûre!
— Vous avez eu mon mot ?
— Oui. Lui répondit il d'un air bête.
— Parfait, alors à demain, Benjamin.

Son sourire cette fois était lumineux. Elle se retourna prête à partir.

— Attendez ! Où avons nous... rendez-vous ? Demanda t'il sans assurance.
— Oh ! Je n'y avait pas pensé... vous connaissez un bon endroit ?
— On peut... On pourrait aller au Chick-Beer. C'est un pub sur...
— Parfait ! Je vous y rejoindrais. Je file.

Les ombres qui dansent Where stories live. Discover now